Christine Dezarnaud-Dandine, docteur en physique, en philosophie et doctorante en théologie, enseigne au Collège des Bernardins. Ses cours sont au service de la conversation entre théologie et sciences : elle vous proposera de découvrir les manuscrits théologiques cachés d'Isaac Newton, l'expérience scientifique de la transsubstantiation chez Descartes ou encore la géométrisation de l'Enfer ...
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Lorsque nous évoquons l’homme Isaac Newton, le père de la science moderne dont l’œuvre scientifique est incontournable, nous pensons à la fameuse pomme qui l’inspira et qui nous valut la théorie de l’attraction universelle.

S'agit-il d'une légende ? Newton a-t-il vraiment reçu une pomme sur la tête ? 

Dans ses Mémoires sur la vie de Sir Isaac Newton, son médecin et confident William Stukeley rapporte la conversation qu’il eue avec Newton le 15 avril 1726 à Kensington après le dîner :

« Le temps devenant chaud, nous allâmes dans le jardin et nous bûmes du thé sous l’ombre de quelques pommiers, seulement lui et moi. Au cours de la conversation, il me dit qu’il s’était trouvé dans la même situation lorsque, longtemps auparavant, la notion de gravitation lui était subitement venue à l’esprit, tandis qu’il se tenait assis dans une humeur contemplative. Pourquoi cette pomme tombe-t-elle toujours perpendiculairement au sol, pensa-t-il en lui-même. Pourquoi ne tombe-t-elle pas de côté ou bien vers le haut, mais constamment vers le centre de la Terre ? Et si la matière attire ainsi la matière, cela doit être en proportion de sa quantité ; par conséquent, la pomme attire la Terre de la même façon que la Terre attire la pomme. »

Nous oublions très souvent que Newton, à côté de ses travaux scientifiques, a consacré soixante années de sa vie à une étude passionnée de la Bible, de la théologie, de la prophétie, de l’histoire de l’Église et de la théologie naturelle.

Ces quelques mots de Stukeley montrent que la pomme a été un élément déterminant quant à l’élaboration de sa théorie.

Au demeurant, nous oublions très souvent que Newton, à côté de ses travaux scientifiques, a consacré soixante années de sa vie à une étude passionnée de la Bible, de la théologie, de la prophétie, de l’histoire de l’Église et de la théologie naturelle. Ses écrits théologiques, dont l’histoire est digne d’un roman, totalisent un minimum de deux millions et demi de mots et constituent un corpus plus important que ses écrits scientifiques.

Les dates de rédaction de ses écrits scientifiques et théologiques sont concomitantes (...) Le Dieu de ce physicien n’est pas le Dieu des philosophes ou un Dieu horloger mais le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

De plus, ses écrits théologiques comme son commentaire du Livre de Daniel ou celui de l’Apocalypse selon saint Jean et bien d’autres études comme ses manuscrits sur le concept de consubstantialité montrent qu’il n’élabore pas une glose théologique découlant a posteriori de ses travaux scientifiques. Les dates de rédaction de ses écrits scientifiques et théologiques sont concomitantes. Isaac Newton est un homme de foi. Le Dieu de ce physicien n’est pas le Dieu des philosophes ou un Dieu horloger mais le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Il est Celui des Saintes Écritures qui est créateur, miséricordieux, sauveur et rédempteur.

Selon Newton, le monde est écriture à l’image des Saintes Écritures et, en cela il s’interroge sur le rapport qu’entretient le livre de la nature avec l’herméneutique d’un autre livre qui est celui des Écritures saintes.

Selon Newton, le monde est écriture à l’image des Saintes Écritures.

Il serait vain avec ces quelques mots de présenter l’homme Isaac Newton théologien avec sa position en théologie dogmatique et fondamentale alors laissons parler Albert Einstein qui écrivait en septembre 1940 :

"Les écrits de Newton concernant le domaine biblique me semblent tout particulièrement intéressants parce qu’ils nous laissent pénétrer profondément l’esprit absolument unique de ce grand homme et sa manière de penser. L’origine divine de la Bible est une certitude pour Newton […].Le processus intellectuel qui permit l’élaboration des écrits de Newton au sujet du monde physique nous restera caché, puisque Newton aurait apparemment détruit les versions originales. Mais nous découvrons dans son œuvre consacrée à la Bible et en majeure partie non publiée, une variété d’ébauches et de modifications qui nous donnent un aperçu intéressant du
'laboratoire mental' de ce penseur unique."
(Albert Einstein. Septembre 1940)
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En effet, il est certain et avéré que ces écrits théologiques sont passionnants et donc… à croquer !


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Par Christine Dezarnaud-Dandine

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