Par Dovydas Kucinskas, doctorant à l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin de Rome et enseignant au Collège des Bernardins.

Qu'est-ce que l'enseignement social de l'Eglise catholique ? Comprendre la doctrine sociale de l'Eglise en cinq questions !

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Une réflexion sur le « développement intégral »

En 1987, le pape Jean-Paul II publie sa deuxième encyclique sociale, Sollicitudo rei socialis, qui reprend la thématique du "développement intégra"l, déjà traitée auparavant par Paul VI. En s’appuyant sur les idées de son prédécesseur, Jean-Paul II revisite dans cette encyclique le sens même du développement et revient sur son objectif.

L’échec du développement des peuples : diagnostic

Jean-Paul II commence par analyser ce qu’il appelle « l’échec » du développement des peuples. Il évoque le fossé qui persiste entre les régions développées et celles en voie de développement. Le sous-développement ne se limite pas à des questions économiques ; il englobe aussi des dimensions culturelles, politiques, et humaines. Sans une intention morale et une orientation vers le bien, le progrès peut non seulement stagner, mais aussi se retourner contre les hommes et les peuples qu’il était censé servir.

Sans une intention morale et une orientation vers le bien, le progrès peut non seulement stagner, mais aussi se retourner contre les hommes et les peuples qu’il était censé servir.

Il constate ainsi que l’échec du développement ne découle pas uniquement de causes économiques ; il trouve ses racines profondes dans des causes morales et spirituelles. C’est dans cette encyclique que le pape introduit le concept des « structures de péché ».

Que signifie l'expression "structures de péché" ? [...] Tout comme nous pouvons faire le bien ensemble, le mal peut être aussi collectif.

Aucun pape avant lui n'avait utilisé ces termes. Mais pourquoi Jean-Paul II choisit-il cette expression, et que signifie-t-elle ? Les péchés, bien que toujours personnels et individuels, peuvent s'infiltrer dans les structures sociales, les altérant au point de devenir sources d'autres péchés. C’est toujours une personne qui est responsable de son acte mauvais mais cette responsabilité peut être partagée par d’autres personnes. Tout comme nous pouvons faire le bien ensemble, le mal peut être aussi collectif.

Changement des cœurs et des structures

Que faire face à cette réalité ? Jean-Paul II appelle à une transformation des structures sociales, mais il précise que celle-ci ne peut avoir lieu sans un changement préalable des cœurs. Il y est nécessaire, et même urgent, de changer les attitudes spirituelles. Un changement social n’est possible que par la conversion personnelle : celle-ci peut, à son tour, induire une transformation des structures sociales, dans lesquelles les hommes peuvent être solidaires et rechercher le bien.

Jean-Paul II appelle à une transformation des structures sociales, mais il précise que celle-ci ne peut avoir lieu sans un changement préalable des cœurs.

C’est par cette solidarité que la transformation des structures injustes, corrompues par le péché, devient possible. Elle signifie que chaque personne est non seulement responsable de son propre épanouissement, mais aussi de celui des autres. Collaborer au développement intégral des autres devient un devoir de chacun envers tous. La solidarité nous pousse à voir l’autre – qu’il s’agisse d’une personne, d’un peuple, ou d’une nation – non comme un instrument d’exploitation, mais comme notre semblable, notre prochain.

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