Le synode sur la synodalité : cinq choses à retenir
Le Synode sur la synodalité, lancé par le pape François en 2021 dans une volonté d'inclusion et de décentralisation vient de s’achever. Le thème donné était : “Pour une Église synodale : communion, participation et mission”. Que peut-on retenir de ce synode hors du commun en cinq points ?
Le synode s’est déroulé en trois grandes phases à Rome, et vient de s’achever en ce mois d’octobre.
Ce temps d’écoute et de dialogue veille à réunir la communauté des fidèles dans toute sa diversité, hommes, femmes, laïcs ou non, jeunes et moins jeunes de plus d’une centaine de nationalités différentes.
1) Qu'est-ce qu'un Synode ?
Le terme "Synhodos" en grec signifie littéralement "faire chemin ensemble". C'est aussi un synonyme du mot Église, et certains évoquent également cette traduction : "passer des seuils ensemble". Un synode est un rassemblement où l’on débat et se consulte à propos de sujets touchant toute l’Église. Cette forme de rassemblement existe depuis les premiers siècles du christianisme.
La synodalité est donc la pratique de l’écoute mutuelle, qui incite à se tourner les uns vers les autres pour mieux accomplir sa mission. C'est aussi et avant tout, c'est se mettre à l'écoute de Dieu, afin de mieux accomplir une mission commune. Ainsi, le Corps du Christ est enrichi de toutes ses parties collaborant dans une symbiose permise malgré la grande diversité des croyants.
Ce synode s’inscrit dans la tradition du Synode des évêques au niveau universel institué par Paul VI en 1965, inspiré par l’approche ouverte ayant caractérisé le Concile Vatican II (1962-1965). Des évêques votent et un document final en découle. Le pape rédige alors une “exhortation apostolique”.
2) Qu’est-ce que ce synode sur la synodalité a alors de particulier ?
- Cette fois, le cortège de laïcs invitées à débattre fut particulièrement important. Cette ouverture est particulièrement symbolique car elle signifie que la voix de tous compte, beaucoup de femmes et de jeunes étant également présents.
- Comme son nom l’indique, c’est une réflexion sur la synodalité, sur le vivre et être ensemble qui incite à une mise en pratique dès maintenant à chaque degré de la vie ecclésiale : non seulement la synodalité est le grand thème de réflexion, mais elle est abordée de manière horizontale et inclusive, donc synodale.
Le thème « Pour une Église synodale : communion, participation et mission » évoque trois aspects : la communion, donc l'union du peuple de Dieu en marche au sein de l'Église. La participation, c'est reconnaître que nous sommes tous responsables les uns des autres. Elle se vit en écoutant l'autre avec humilité et sans jugement et la mission c'est de se mettre au service des attentes de notre époque. Quant à la misson, elle consiste à se mettre au service des attentes de notre époque, en portant un message libérateur. Cette mission demande également de l'humilité, car il s'agit de servir, non pas en imposant nos vues, mais en étant véritablement à l'écoute des besoins du monde.
Les thèmes évoqués lors de ce long synode abordent également les défis contemporains auxquels l'Église est confrontée. Ainsi, des discussions autour de l’importance de la sécularisation et de ce qu’elle a à offrir, la progressive délégation de l’autorité verticale à un système collégial, l’ordination d’hommes déjà mariés, la prévention des violences sexuelles, l'accueil des personnes LGBT au sein de l’Eglise et la possibilité de l’ouverture du diaconat aux femmes…
Comme l'évoque Gaudium et Spes, l'Église est appelée à s'engager dans le monde moderne tout en offrant une perspective prophétique.
3) Quel est le texte final ?
Le texte final voté le 26 octobre fut diffusé directement pour commencer à inspirer dès maintenant la vie de l’Eglise d’après le vœu du pape François.
Sa volonté est clairement oecuménique, appelant à “une unité pleine et visible des chrétiens”. Il propose de guider l’Église vers plus de communion et de participation.
Ce texte prévoit la création d’un nouveau ministère de l’écoute et de l’accompagnement, ainsi qu’une plus grande autonomie pour les conférences épiscopales nationales. Par rapport à la question féminine, elle est laissée en suspens :
“ Il n’y a aucune raison ni aucun obstacle qui puisse empêcher les femmes d’exercer des rôles de direction dans l’Église”.
La possibilité d'un diaconat féminin est citée comme éventualité sans acter dessus, quant à la prêtrise, elle n’est pas citée.
François ne compte pas publier d’exhortation apostolique car le texte final suffit comme il l’a annoncé dans son discours de clôture ; le texte est ainsi directement intégré au magistère, ce qui est inédit.
4) Quelles critiques ont été émises à propos de ce synode ?
Des critiques sont cependant émises : pour certains tels que le bibliste Jacques Musset, le synode a éliminé dès la première session beaucoup de revendications cruciales, telles que l’accès des femmes à la prêtrise ou la levée de l’imposition du célibat des prêtres. En effet, ce sont des possibilités balayées en vertu du respect de la Tradition catholique telle qu’elle fut édifiée dans les conciles des premiers siècles et respectée depuis. Jacques Musset regrette dans une tribune publiée dans Le Monde que “l’humanisme” opéré par Jésus se soit mué en une religion “imposant aux chrétiens de base une foi, une morale et une liturgie officielles.”
D'autres à l'inverse tels que le cardinal Gerhard Müller notamment dans un entretien avec La Nuova Bussola Quotidiana, site d'information catholique considèrent d'un point de vue traditionaliste que ce synode ignore "le sacrement de l’ordre, qui est une institution directe et spéciale de Jésus-Christ" et a voulu pousser un agenda particulier sans prendre en compte les thèmes essentiels de la foi.
Conclusion
Ainsi, le Synode sur la synodalité marque un tournant dans l'histoire de l'Église catholique en élargissant le cercle des discussions et en offrant une place plus affirmée à la voix des laïcs. Cette volonté d'universalité est inédite.
Malgré les limites relevées et les critiques exprimées en ce qui concerne des réformes jugées audacieuses, ce processus démontre néanmoins une volonté de renforcer l'écoute et la collaboration à tous les niveaux de l'Église.
Ce synode incite ainsi à envisager l’avenir ecclésial sous un prisme plus inclusif, en permettant une meilleure intégration des aspirations contemporaines. Reste à voir comment cette dynamique synodale influencera concrètement l'Église dans les années à venir.
Crédit de la photo de couverture : Copyright (c) 2010 Brian Dewey
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