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Théologie

Introduction à l'encyclique "Populorum progressio" (1967)

Publié le
28/8/24
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Qu'est-ce que la doctrine sociale de l'Église, parfois qualifiée du "secret le mieux gardé du Vatican" ? En parcourant 10 encycliques clés, Dovydas Kucinskas, enseignant au Collège des Bernardins, propose de parcourir la richesse de la réflexion menée par l’Eglise sur les défis sociétaux de chaque époque, de 1891 à 2020. En 1967, le pape Paul VI publie l'encyclique "Populorum Progressio", centrée sur le développement des peuples. Ce texte, d'une importance capitale, deviendra une référence non seulement pour Paul VI, mais aussi pour ses successeurs, Jean-Paul II et Benoît XVI.

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Par Dovydas Kucinskas, doctorant à l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin de Rome et enseignant au Collège des Bernardins.

Qu'est-ce que l'enseignement social de l'Eglise catholique ? Comprendre la doctrine sociale de l'Eglise en cinq questions !

« Le développement est le nouveau nom de la paix » (PP n°76).

Toute l'encyclique met en avant le développement comme un facteur essentiel de la paix. Paul VI souligne que « la paix ne se réduit pas à une absence de guerre [...] elle se construit jour après jour, dans la poursuite d’un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes ». Le pape exprime avec force sa conviction que « le chemin de la paix passe par le développement ».

« La paix ne se réduit pas à une absence de guerre [...] elle se construit jour après jour, dans la poursuite d’un ordre voulu de Dieu, qui comporte une justice plus parfaite entre les hommes ».

Le mot « progrès » est devenu un terme clé, exprimant le génie, la puissance et la domination de l’homme sur le monde. Paul VI s'attache particulièrement à remettre en question cette facette du développement propre au monde moderne. L'homme fait l'expérience qu'il peut toujours en faire plus, mais le pape s'interroge : est-ce qu’« avoir plus » contribue éternellement à l’épanouissement de l’homme ?

Il avertit : « la recherche exclusive de l’avoir fait obstacle à la croissance de l’homme et s’oppose à sa véritable grandeur : pour les nations comme pour les personnes, l’avarice est la forme la plus évidente du sous-développement moral » (19)

Qu’est-ce qu’alors le véritable développement de l’homme ?

Alors, si ce n'est le progrès, qu'est-ce que le véritable développement de l'homme ? Paul VI utilise, pour le caractériser, le terme « intégral ». Pour qu’un développement soit vrai, il doit intégrer toutes les dimensions de l’homme et de la société : « Le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » (14).

« Le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » (14)

Le développement doit permettre à chacun de grandir en humanité dans toutes ses dimensions. Or, la mentalité moderne tend à réduire le développement à des critères purement économiques, négligeant la croissance spirituelle, pourtant essentielle.

Le développement solidaire de l’humanité

Ce développement de l’homme doit être pensé à l'échelle de l'humanité : « Le développement intégral de l’homme ne peut aller sans le développement solidaire de l’humanité ». C’est pourquoi Paul VI déclare : « La question sociale est devenue une question mondiale. Les peuples de la faim interpellent aujourd’hui les peuples de l’opulence. L’Eglise tressaille devant ce cri d’angoisse et appelle chacun à répondre avec amour à l’appel de son frère. ». Et il adresse un « appel solennel à une action concrète pour le développement intégral de l'homme et le développement solidaire de l'humanité ».

 Avec Populorum Progressio, l'Église se positionne clairement comme « l'avocat des peuples pauvres » (4).

Le progrès ne doit pas être exclusif ; il doit être inclusif et englobant, visant le développement de l'humanité entière. Avec Populorum Progressio, l'Église se positionne clairement comme « l'avocat des peuples pauvres » (4). Paul VI présente les trois devoirs des pays riches : un devoir de solidarité, de justice et de charité, pour garantir un progrès véritablement partagé.

 

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