‍Dovydas Kucinskas est doctorant à l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin de Rome et enseignant au Collège des Bernardins.

Qu'est-ce que l'enseignement social de l'Eglise catholique ? Comprendre la doctrine sociale de l'Eglise en cinq questions !

« La paix sur la terre ne peut se fonder que dans le respect de l'ordre établi par Dieu. »

1963 :  dans un contexte politique extrêmement tendu, alors que le monde est au bord d’une guerre nucléaire, le pape Jean XXIII en 1963 publie une encyclique appelant le monde à la paix. Publiée quelques jours avant sa mort, elle est d’une importance particulière aux yeux du pape. Le mot « paix » revient fréquemment et retentit comme un appel à fonder les relations humaines sur la vérité, la justice, l'amour et la liberté : « la vérité comme fondement des relations, la justice comme règle, l’amour mutuel comme moteur et la liberté comme climat » (149).

Le respect des droits de l’homme au fondement de la paix universelle

Pour aborder la question de la paix, le pape Jean XXIII s'appuie sur les droits de l'homme, dont le respect est nécessaire à la paix. Rappelons que jusqu’ici, l’Eglise regardait les droits de l’homme avec une certaine réticence, dénonçant l'interprétation individualiste qui en était faite par l'affirmation de l’autonomie de l’homme, être indépendant des liens avec autrui et avec Dieu.

Les droits de l'homme sont fondés sur la reconnaissance de l'homme en tant que personne, dont la dignité trouve son origine en Dieu.

Si le pape Jean XXIII reconnait la valeur de la Déclaration universelle des droits de l’homme proclamée en 1948, il y apporte des précisions importantes. Premièrement, ces droits sont fondés sur la reconnaissance de l'homme en tant que personne, dont la dignité trouve son origine en Dieu. Le pape souligne que les droits de l'homme découlent de cette dignité.

Ensuite, ces droits doivent être compris dans un ordre moral qui régit les relations entre les hommes. Ainsi, il est nécessaire de parler non seulement des droits, mais aussi des devoirs qui les accompagnent.

Un ordre moral international

Après avoir établi ce principe, Jean XXIII élargit sa réflexion à l'échelle mondiale : « La même loi morale qui régit la vie des hommes doit régler aussi les rapports entre les États ». Il ne s'agit plus seulement de regarder les relations au sein d'un pays et d'un même peuple, mais de s'intéresser aux interactions entre nations du monde entier.

« La même loi morale qui régit la vie des hommes doit régler aussi les rapports entre les États »

Les communautés politiques ont, entre elles, des droits et des devoirs réciproques, et doivent donc harmoniser leurs relations selon la vérité et la justice, avec solidarité et dans la liberté.  Au lieu d'une concurrence, il faut opter pour une collaboration entre pays, particulièrement entre pays développés et ceux encore plongés dans la pauvreté. Jean XXIII constate l'inégalité croissante entre les peuples et appelle chacun à une solidarité mondiale. Il lance également un appel au désarmement : « la justice, la sagesse, et le sens de l'humanité exigent que l'on mette fin à la course aux armements ».

Face à l’escalade de la violence au Proche-Orient et devant de nouveaux affrontements, comme la guerre russo-ukrainienne, le message du pape Jean XXIII résonne avec une urgence renouvelée. La paix est le fruit de l’engagement de tous et de chacun ; elle ne peut reposer que sur le respect de l’« Ordre qui repose sur la vérité, se construit selon la justice, reçoit de la charité sa vie et sa plénitude et enfin s’exprime efficacement dans la liberté » 

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