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Théologie

Introduction à l'encyclique Laborem Exercens (1981)

Publié le
28/8/24
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Qu'est-ce que la doctrine sociale de l'Église, parfois qualifiée du "secret le mieux gardé du Vatican" ? En parcourant 10 encycliques clés, Dovydas Kucinskas, enseignant au Collège des Bernardins, propose de parcourir la richesse de la réflexion menée par l’Eglise sur les défis sociétaux de chaque époque, de 1891 à 2020. En 1981, le pape Jean-Paul II publie Laborem Exercens, la première encyclique entièrement dédiée à la question du travail de l'homme.

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Par Dovydas Kucinskas, doctorant à l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin de Rome et enseignant au Collège des Bernardins.

Qu'est-ce que l'enseignement social de l'Eglise catholique ? Comprendre la doctrine sociale de l'Eglise en cinq questions !

En 1981, Jean-Paul II publie sa première encyclique sociale, Laborem Exercens, entièrement dédiée au thème du travail humain. L’objectif est de proposer une réflexion de fond sur cette réalité humaine essentielle, en l’éclairant de la foi chrétienne.

À l’époque où le pape rédige cette encyclique, le monde est marqué par d'immenses progrès scientifiques et technologiques qui influencent inévitablement le monde du travail. Cependant, ces avancées s’accompagnent de nombreux défis auxquels l’humanité est confrontée. C’est dans ce contexte que l’Église intervient pour redonner un sens au travail.

L’encyclique demeure ainsi profondément actuelle, éclairant les transformations contemporaines du monde du travail (précarisation, ubérisation…) par l’anthropologie chrétienne.

Aux origines du travail

Dans son travail et par son travail, l’homme participe à l’œuvre divine de création Dieu créateur ; il continue et développe la création.

Le travail est une activité aussi ancienne que l’homme lui-même, constituant une réalité fondamentale de son existence sur terre. Cette conviction se retrouve dès les premières pages de la Bible. Dans le livre de la Genèse, Dieu confie à l’homme la mission de dominer la terre. Mais le terme dominer doit être comprise avec le terme cultiver. Dans son travail et par son travail, l’homme participe à l’œuvre divine de création Dieu créateur ; il continue et développe la création.

Le double aspect du travail : transformation du monde, transformation de soi

Jean-Paul II invite à se poser la question : que fait l’homme quand il travaille ? Certes, il transforme « quelque chose », le monde, mais il se transforme également lui-même. C’est cette dualité qui est explorée par le pape : le travail au sens objectif et le travail au sens subjectif.

En tant que personne, l’homme est le sujet du travail, et ne doit donc jamais être traité comme un simple instrument de production.

Tout d’abord, le travail au sens objectif ne se limite pas à ce que l’homme produit (c'est-à-dire ce qu'il fabrique), mais englobe tout le processus par lequel l’homme soumet la terre à ses besoins. Prenons l'exemple d'un artisan qui métamorphose des matières premières en objets utiles et bons. La technique joue ici un rôle crucial, car en tant qu’instrument, elle peut aider l’homme à accomplir son travail avec une plus grande perfection.

La valeur du travail : au-delà d’une simple production

Cependant, la signification du travail ne se réduit pas à la production ou à l'économie. Le travail humain implique aussi et avant tout les valeurs personnelles. Le premier fondement de la valeur du travail réside dans l’homme lui-même. En tant que personne, l’homme est le sujet du travail, et ne doit donc jamais être traité comme un simple instrument de production.

Le travail est ainsi un bien pour l’homme, non seulement en raison de son utilité, mais aussi parce qu’il exprime la dignité de l’homme.

Le travail permet à l’homme de devenir plus humain. À travers lui, il se développe, s’accomplit et atteint sa perfection. Le travail est ainsi un bien pour l’homme, non seulement en raison de son utilité, mais aussi parce qu’il exprime la dignité de l’homme. Bien sûr, Jean-Paul II ne néglige pas l’effort, de la fatigue, associée au travail. Mais cela n’enlève en rien le fait que le travail est un bien et que l’homme se développe en aimant son travail.

Jean-Paul II souligne également le rôle central de la famille et de l’éducation dans la vie de travail. La famille est à la fois une communauté rendue possible par le travail et la première école où l’on apprend à travailler.

L’homme, créé à l’image de Dieu, doit imiter ce dernier, tant dans son travail que dans son repos.

Le pape appelle enfin à développer une spiritualité du travail, et à voir dans l'œuvre humaine une participation à l'œuvre de Dieu. L’homme, créé à l’image de Dieu, doit imiter ce dernier, tant dans son travail que dans son repos.

Résumons : grâce au travail doivent se multiplier sur la terre non seulement « les fruits de notre activité » mais aussi «la dignité de l'homme, la communion fraternelle et la liberté ».

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