Saint Louis Marie Grignon de Montfort : Dévotion à la Vierge et art de la mission

Louis Grignion de Montfort, né le 31 janvier 1673 en Bretagne, est un modèle de dévotion et de mission. Ordonné prêtre à 27 ans, il dédie sa vie à la prédication et à la Vierge Marie. Découvrez comment cet homme courageux a transformé des vies grâce à sa Foi et à son amour pour la Sainte Vierge.

Publié le
28/4/23
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À l’ouverture de la vingt-cinquième année de son pontificat, le 16 octobre 2002, le Pape Jean-Paul II proclamait une «Année du Rosaire» et signait la Lettre apostolique Rosarium Virginis Mariæ (RV). «Le Rosaire de la Vierge Marie est une prière aimée de nombreux saints et encouragée par le Magistère. Dans sa simplicité et dans sa profondeur, il reste, même dans le troisième millénaire commençant, une prière d’une grande signification, destinée à porter des fruits de sainteté… Il serait impossible de citer la nuée innombrable de saints qui ont trouvé dans le Rosaire une authentique voie de sanctification. Il suffira de rappeler saint Louis-Marie Grignion de Montfort, auteur d’une oeuvre précieuse sur le Rosaire…» (Jean-Paul II, RV, n. 1, 8).

Louis Grignion est né à Montfort-la-Cane, en Bretagne, le 31 janvier 1673. Dès le lendemain de sa naissance, il reçoit le baptême. Le jour de sa confirmation, il ajoutera à son prénom celui de Marie. Mis en nourrice chez une fermière des environs, l’enfant en gardera l’amour de la nature et de la solitude. Son père, un avocat, se montre d’un caractère vif et parfois violent. Louis-Marie est un garçon courageux qui étudie avec une grande ardeur et manifeste beaucoup d’intelligence. Dès son plus jeune âge, il se tourne comme naturellement vers la Très Sainte Vierge. Il l’appelle sa «bonne mère», lui demande avec une simplicité enfantine tout ce dont il a besoin et porte ses frères et soeurs à l’honorer. Lorsque Louise-Guyonne, petite soeur qu’il chérit tout spécialement, hésite à laisser ses jeux pour venir réciter le chapelet avec lui, il lui dit d’un ton convaincant: «Ma chère petite soeur, vous serez toute belle, et tout le monde vous aimera, si vous aimez bien le Bon Dieu».

L’art de nous configurer au Christ

Louis-Marie entraîne les siens vers Marie pour mieux les conduire à Jésus. «Il ne s’agit pas seulement d’apprendre ce que le Christ nous a enseigné, mais d’apprendre à le connaître Lui, rappelle le Pape. Et quel maître, en ce domaine, serait plus expert que Marie?… Saint Louis-Marie Grignion de Montfort expliquait ainsi le rôle de Marie envers chacun de nous pour nous configurer au Christ: «Toute notre perfection consistant à être conformes, unis et consacrés à Jésus-Christ, la plus parfaite de toutes les dévotions est certainement celle qui nous conforme, unit et consacre le plus parfaitement à Jésus-Christ. Or, Marie étant de toutes les créatures la plus conforme à Jésus-Christ, il s’ensuit que, de toutes les dévotions, celle qui consacre et conforme le plus une âme à Notre-Seigneur est la dévotion à la Très Sainte Vierge, sa sainte Mère, et que plus une âme sera consacrée à Marie, plus elle le sera à Jésus-Christ». Jamais comme dans le Rosaire, le chemin du Christ et celui de Marie n’apparaissent aussi étroitement unis. Marie ne vit que dans le Christ et en fonction du Christ!… Si la répétition de l’Ave Maria s’adresse directement à Marie, en définitive, avec elle et par elle, c’est à Jésus que s’adresse l’acte d’amour» (RV, 14, 15, 26).

À l’âge de douze ans, Louis-Marie entre au collège des Jésuites à Rennes. Bientôt, le jeune homme se place en tête de sa classe. Il manifeste un goût et un talent particuliers pour la peinture. Guidé par un prêtre pieux, il va, en compagnie d’autres élèves, visiter les malades, leur apportant le meilleur de son coeur; il leur lit et commente un passage d’Évangile, puis les entretient de la Sainte Vierge. Au collège de Rennes, il se fait deux vrais amis, Jean-Baptiste Blain, qui écrira plus tard sa vie, et Claude Poullard des Places, futur fondateur de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit.

Louis-Marie désire devenir prêtre. Il subit parfois de violentes scènes de la part de son père qui a d’autres projets sur lui, mais sa douceur finit par l’emporter, et à l’âge de vingt ans, il part à pied pour le séminaire Saint-Sulpice à Paris.

“En route, il donne à des malheureux tout ce qu’il possède, puis fait voeu de ne jamais rien posséder.”

À Paris, on l’accueille d’abord dans un séminaire établi pour les séminaristes pauvres. Ses résultats sont excellents. Pendant les récréations, il se mêle à la joie de tous, s’appliquant à réjouir ses confrères par une conversation gaie et amusante. Avec l’aval de son Supérieur, il s’adonne à toutes sortes de pénitences, mais sa santé ne résiste pas et une grave maladie le terrasse. Rétabli, il achève ses études au séminaire Saint-Sulpice et forme une petite association dont les membres se vouent spécialement à Notre-Dame. Lors d’un pèlerinage à Chartres, Louis-Marie passe une journée en oraison devant la statue de Notre-Dame-sous-Terre.

C’est à l’école de la Sainte Vierge, et spécialement en récitant le Rosaire, que notre Saint a appris à prier et à contempler. «Le Rosaire se situe dans la meilleure et dans la plus pure tradition de la contemplation chrétienne, écrit le Pape Jean-Paul II… C’est à partir de l’expérience de Marie que le Rosaire est une prière nettement contemplative. Privé de cette dimension, il en serait dénaturé, comme le soulignait Paul VI: «Sans la contemplation, le Rosaire est un corps sans âme, et sa récitation court le danger de devenir une répétition mécanique de formules… Par nature, la récitation du Rosaire exige que le rythme soit calme et que l’on prenne son temps, afin que la personne qui s’y livre puisse mieux méditer les mystères de la vie du Seigneur, vus à travers le coeur de Celle qui fut la plus proche du Seigneur»» (RV, 5, 12).

Une lumière pour le monde

Par la contemplation des mystères du Rosaire, Louis-Marie acquiert une familiarité toute simple avec Jésus et Marie. «De même que deux amis qui se retrouvent souvent ensemble finissent par se ressembler jusque dans leur manière de vivre, de même, nous aussi, en parlant familièrement avec Jésus et avec la Vierge, par la méditation des Mystères du Rosaire, et en formant ensemble une même vie par la Communion, nous pouvons devenir, autant que notre bassesse le permet, semblables à eux et apprendre par leurs exemples sublimes à vivre de manière humble, pauvre, cachée, patiente et parfaite» (Bienheureux Bartolo Longo. Cf. RV, 15). Pour que le Rosaire favorise une connaissance plus complète de la vie du Christ, le Saint-Père suggère d’y insérer, en plus des quinze mystères habituels, une série de mystères concernant la vie publique de Jésus, mystères appelés «lumineux» car le Christ est la lumière du monde (Jn 9, 5). Ce sont: le Baptême au Jourdain, les noces de Cana, l’annonce du Royaume de Dieu avec l’appel à la conversion, la Transfiguration, l’institution de la Sainte Eucharistie.

Ordonné prêtre à l’âge de 27 ans, le 5 juin 1700, Louis-Marie célèbre sa première Messe dans l’église Saint-Sulpice, à l’autel de la Sainte Vierge. Puis il part avec un prêtre de Nantes qui a groupé quelques confrères en vue de prêcher des Missions de village en village. Après avoir oeuvré un certain temps avec eux, il se met à la disposition de l’évêque de Poitiers. Accueilli d’abord à l’hôpital de la ville pour y servir les pauvres, il étonne les malheureux par sa profonde piété. Voyant sa charité à leur égard, ceux-ci demandent à l’évêque de nommer leur nouveau bienfaiteur aumônier de l’hôpital.

Louis-Marie écrit: «L’hôpital pour lequel on me destine est une maison de trouble, où la paix ne règne point, et une maison de pauvreté où le bien, spirituel et temporel, manque». En peu de mois d’un dévouement à toute épreuve et malgré la vive opposition de personnes influentes ainsi que de quelques pauvres de l’hôpital qui ne veulent pas des réformes, Louis-Marie remet de l’ordre dans la maison. Son activité s’étend aussi bien aux besoins matériels de ses protégés, pour lesquels il organise des quêtes en ville, qu’à leur bien spirituel: «Depuis que je suis ici, écrit-il, j’ai été dans une Mission continuelle; confessant presque toujours depuis le matin jusqu’au soir et donnant des conseils à une infinité de personnes… Le grand Dieu, mon Père, que je sers quoiqu’avec infidélité, m’a donné des lumières dans l’esprit que je n’avais pas, une grande facilité pour m’énoncer et parler sur-le-champ sans préparation, une santé parfaite et une grande ouverture de coeur envers tout le monde».

Il groupe plusieurs femmes malades de bonne volonté, leur donne une règle de vie marquée par l’humilité et la pénitence, et les confie au Fils de Dieu, la Sagesse éternelle. Peu après, une jeune fille de famille bourgeoise, Marie-Louise Trichet, vient se confesser à lui. Elle désire devenir religieuse et Louis-Marie l’associe aux pauvres femmes qu’il vient de réunir. Le 2 février 1703, il lui donne un habit religieux qui en fait la risée de tous. Mais elle le portera avec courage pendant dix ans, avant de devenir la première Supérieure des Filles de la Sagesse, Congrégation qui se dévoue au soin des malades, des pauvres et des enfants et qui compte aujourd’hui près de 2400 religieuses réparties dans plus de 300 maisons.

Une lettre de quatre cents pauvres

Peu avant Pâques 1703, Louis-Marie part pour Paris. Pendant plusieurs mois, il s’occupe des malades de l’hôpital de La Salpêtrière. Puis, congédié par l’administration de l’hôpital, il reste dans la capitale, profitant de sa solitude pour intensifier son union à Dieu; il laisse déborder son coeur dans des pages ardentes qui prendront pour titre: L’amour de la Sagesse éternelle. En 1704, arrive de Poitiers au Supérieur du séminaire Saint-Sulpice, à Paris, une lettre étonnante qui commence ainsi: «Nous, quatre cents pauvres, vous supplions très humblement, par le plus grand amour et la gloire de Dieu, nous faire venir notre vénérable pasteur, celui qui aime tant les pauvres, Monsieur Grignion…». Deux lettres de l’évêque de Poitiers, adressées à Louis-Marie, l’appellent également et le décident à revenir dans cette ville, où il reprend ses fonctions d’aumônier de l’hôpital.

Cependant, son zèle et l’ordre qu’il restaure ne sont pas du goût de tous: un an après son retour, il quitte à nouveau l’hôpital et s’offre à l’évêque pour évangéliser Poitiers et ses alentours. Se faisant tout à tous, il parcourt les ruelles du faubourg de Montbernage, entre dans les maisons, s’intéresse aux santés, bénit les enfants. Sa douceur, sa pauvreté et son humilité lui ouvrent bientôt les coeurs, permettant de commencer une Mission. Il aménage en chapelle une grange au milieu de laquelle on place un grand crucifix. Quinze étendards représentant les mystères du Rosaire ornent les murs. Processions, cantiques qu’il a lui-même composés, chapelet récité en commun, transforment peu à peu les coeurs. La Mission achevée, Louis-Marie complète son oeuvre par la plantation d’une croix. Puis, dans la grange devenue chapelle «Notre-Dame des Coeurs», il installe une statue de la Très Sainte Vierge, demandant que quelqu’un s’engage à venir réciter le chapelet devant elle chaque dimanche et jour de fête. Aussitôt, un ouvrier du quartier s’offre à le faire; il remplira sa promesse, pendant quarante ans.

Une telle fidélité suppose un grand amour de la Très Sainte Vierge que manifeste la répétition des Ave Maria du Rosaire: «Si l’on s’en tient à cette répétition d’une manière superficielle, on pourrait être tenté de ne voir dans le Rosaire qu’une pratique aride et ennuyeuse. Au contraire, on peut considérer le chapelet tout autrement, si on le regarde comme l’expression de cet amour qui ne se lasse pas de se tourner vers la personne aimée par des effusions qui, même si elles sont toujours semblables dans leur manifestation, sont toujours neuves par le sentiment qui les anime» (RV, 26).

Un champ assez vaste

Un jour qu’il confesse dans une église, Louis-Marie aperçoit un jeune homme qui prie longuement. Mû par une inspiration, il le convie à l’aider dans son travail apostolique. Sous le nom de Frère Mathurin, ce jeune homme consacrera sa vie à faire le catéchisme aux enfants et à apprendre aux foules les cantiques du Père, au cours des Missions. Calomnié par ceux qui ne supportent pas son apostolat, Louis-Marie devient suspect aux yeux de l’évêque qui finit par lui retirer sa mission de prédicateur.

Le coup est rude**, mais le Père de Montfort le reçoit avec humilité et y voit un dessein de la Providence.** Il décide alors d’aller à Rome demander conseil au Pape lui-même. Reçu en audience par Clément XI, au printemps de 1706, Louis-Marie expose ses difficultés et son désir des Missions lointaines. «Vous avez en France un champ d’apostolat assez vaste pour exercer votre zèle, répond le Pape. Dans vos Missions, enseignez avec force la doctrine au peuple et aux enfants; faites renouveler les promesses du Baptême». Puis, le Saint-Père lui confère le titre de «Missionnaire apostolique». Louis-Marie fixe au sommet de son bâton de routier un crucifix béni par le Pape et part pour l’Abbaye Saint-Martin de Ligugé, au diocèse de Poitiers, où il pense pouvoir se reposer un peu. Mais ses anciens ennemis veillent, et il ne peut rester là.

Vers la fin de 1706, il se joint à M. Leuduger, prêtre qui organise des Missions paroissiales en Bretagne. Louis-Marie excelle dans l’enseignement du catéchisme. À ses yeux, ce travail est «le plus grand de la Mission», et «trouver un catéchiste accompli est plus difficile que trouver un prédicateur parfait». Le catéchiste «tâche de se faire aimer et craindre tout ensemble, en sorte cependant que l’huile de l’amour surpasse le vinaigre de la crainte»; il égaye le catéchisme «qui de soi-même est assez sec, par de petites et courtes histoires agréables, afin de plaire par là aux enfants et de renouveler leur attention». Pour mieux faire apprendre la doctrine chrétienne, Louis-Marie la met en vers et la fait chanter sur des airs connus. Mais le Rosaire demeure sa prière préférée. «Il est beau et fécond également de confier à cette prière le chemin de croissance des enfants, écrit le Pape Jean-Paul II… Réciter le Rosaire pour ses enfants, et mieux encore avec ses enfants… constitue une aide spirituelle à ne pas sous-estimer» (RV, 42).

Trop à l’aise

Dans la prédication, Louis-Marie enseigne les grandes vérités de la foi (la mort, le jugement, le ciel, l’enfer), dénonce vices et péchés, puis exhorte à la contrition et à la confiance dans la miséricorde divine. Il fait renouveler les promesses du Baptême et confère les sacrements de la Pénitence et de l’Eucharistie.

La Providence divine soutient son serviteur par le don des miracles (guérisons, multiplication de la nourriture, etc.). Mais à la suite de divergences de vues entre lui et M. Leuduger, le Père de Montfort s’installe dans un petit ermitage près de sa ville natale. Deux ans après, il part pour Nantes où un prêtre ami, M. Barrin, Vicaire général, l’appelle. Dans ce diocèse, il prêche de nombreuses Missions, se fait proche des pauvres qu’il réconforte et encourage à vivre saintement et laborieusement. Convaincu de la valeur de la souffrance qui enfante les âmes, il dit à un de ses collaborateurs, lors d’une Mission sans problèmes: «Nous sommes ici trop à notre aise; nous sommes très mal, notre Mission sera sans fruits parce qu’elle n’est pas fondée ni appuyée sur la Croix; nous sommes ici trop aimés, voilà ce qui me fait souffrir; point de croix, quelle affliction pour moi!»

La foi du Père de Montfort dans le mystère de la Croix lui inspire le dessein de construire un calvaire monumental près de Pont-Château. Il s’agit d’élever une véritable colline, entourée d’un fossé, sur laquelle seront plantées trois croix comme au Golgotha. Le travail commence sans tarder avec de nombreux ouvriers bénévoles. Louis-Marie quête dans les fermes la nourriture de ce petit peuple. Mais, l’ouvrage achevé, la bénédiction du Calvaire est interdite par l’évêque de Nantes. En effet, sous prétexte que la nouvelle colline pourrait devenir une dangereuse forteresse aux mains d’envahisseurs ennemis, le Roi Louis XIV, mal informé, a donné l’ordre de la raser. Louis-Marie soupire: «Le Seigneur a permis que j’aie fait faire ce Calvaire, il permet aujourd’hui qu’il soit détruit: que son saint nom soit béni!» Retrouvant la paix de son âme, il continue son travail apostolique. Après sa mort, le Calvaire sera reconstruit.

En 1711, le Père de Montfort est appelé par l’évêque de La Rochelle. Il fait de nombreuses Missions dans son diocèse. La Rochelle est un fief calviniste. Ne voulant pas laisser aux protestants la pensée qu’eux seuls respectent la Bible, il organise une procession, où, sous le dais, un prêtre porte respectueusement le Livre Saint. Louis-Marie fait aussi réciter le Rosaire en paroisse et en famille. En effet, depuis la canonisation, en 1710, de saint Pie V, grand promoteur de cette dévotion, la ferveur envers le Rosaire s’est accrue. De nos jours, Jean-Paul II rappelle que la prière du Rosaire demeure très puissante spécialement pour la paix et pour la famille: «Le Rosaire est une prière orientée par nature vers la paix, du fait même qu’elle est contemplation du Christ, Prince de la paix et notre paix (Ep 2,14). Celui qui assimile le mystère du Christ – et le Rosaire vise précisément à cela – apprend le secret de la paix et en fait un projet de vie. En outre, en vertu de son caractère méditatif, dans la tranquille succession des «Ave Maria», le Rosaire exerce sur celui qui prie une action pacificatrice…

«Prière pour la paix, le Rosaire est aussi, depuis toujours, la prière de la famille et pour la famille. Il fut un temps où cette prière était particulièrement chère aux familles chrétiennes et en favorisait certainement la communion… De nombreux problèmes des familles contemporaines, particulièrement dans les sociétés économiquement évoluées, dépendent du fait qu’il devient toujours plus difficile de communiquer. On ne parvient pas à rester ensemble, et les rares moments passés en commun sont absorbés par les images de la télévision. Recommencer à réciter le Rosaire en famille signifie introduire dans la vie quotidienne des images bien différentes, celles du mystère qui sauve: l’image du Rédempteur, l’image de sa Mère très sainte» (RV, 40, 41).

En 1712, Louis-Marie rédige le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge. «J’ai mis la main à la plume pour écrire sur le papier ce que j’ai enseigné avec fruit en public et en particulier dans mes Missions pendant bien des années», écrit-il. Dans ces pages le Saint montre que la grâce du Baptême appelle une totale consécration à Jésus-Christ, qui ne saurait être parfaite sans une totale consécration à Marie. L’opposition janséniste empêche le Père de Montfort de publier son traité qui ne verra le jour qu’en 1843, soit plus d’un siècle après sa mort.

«Allons en paradis!»

Louis-Marie a le souci de l’instruction des enfants et il crée de petites écoles gratuites dans les villages. En 1715, il met au point les Règles des Filles de la Sagesse. Quant aux Missions, il est aidé par quatre Frères, mais aucun prêtre ne l’a rejoint d’une manière stable. Un jour, rencontrant un jeune prêtre à moitié paralysé, René Mulot, il le fixe dans les yeux et lui dit: «Suivez-moi!» Étonné, mais conquis, le Père Mulot se met à sa suite. Il deviendra, après la mort du Père de Montfort, le premier Supérieur général de ses familles religieuses.

Au début d’avril 1716, Louis-Marie se rend à Saint-Laurent-sur-Sèvre pour y prêcher une Mission. Il se dépense selon son habitude, mais ses forces déclinent et bientôt il est épuisé. Après un dernier sermon où il parle de la douceur de Jésus, avec des accents qui bouleversent son auditoire, il doit s’aliter. On lui administre les derniers sacrements. Réunissant ses dernières forces, il chante: «Allons, mes chers amis, allons en paradis! Quoi qu’on gagne en ces lieux, le paradis vaut mieux!» Il tient dans ses mains un crucifix et une statuette de la Sainte Vierge. Le 28 avril, à l’âge de quarante-trois ans, il rend son âme à Dieu.

Nous remercions l’Abbaye Saint Joseph de Clairval qui nous a donné la permission de publier leurs lettres spirituelles. Découvrez-les !

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