Philosophie

Petite histoire philosophique de l'athéisme

Publié le
16/4/15

Qu'est-ce que l'athéisme ? Simple élément du processus de sécularisation, rejet de toute transcendance ou une religion de l'homme ? Comprendre notre modernité n’est possible que si l’on étudie l’athéisme qui en est un élément important. Jacques Ducamp, professeur de philosophie, offre une clé de lecture des différentes formes de l'athéisme en parcourant l’histoire de la philosophie.

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Une conférence donnée par Jacques Ducamp.

Pourquoi et comment réfléchir à ce qu'est l'athéisme ? 

Des fausses images de Dieu à l'idole de l'homme, il n'y a qu'un pas. Face au risque d'un athéisme humaniste, le dialogue entre croyants et athées demeure nécessaire en ce qu'il permet de se débarrasser des conceptions erronées de Dieu. 

Pour comprendre l'athéisme du XXIe siècle, il nous faut remonter le temps, passer par la révolution française et les avancées scientifiques qui marquent le processus de sécularisation. Mais outre les évènements historiques, l'histoire de la philosophie permet de regarder de plus près l'évolution de la représentation de Dieu et le progressif refus de transcendance.

Depuis la seconde moitié du XVIIIème siècle une séparation progressive s'instaure entre le domaine religieux et le domaine de la raison, entre le Dieu des Lumières et le Dieu des croyants.

"Dieu comme projection humaine : voilà l'objet clé de l'athéisme."

Le Premier est réduit à n’être qu’un élément d’un système global dont le centre est l’homme. Quant au Second, objet de croyance, il n'est réduit qu'à n'être qu'un pur objet de la subjectivité humaine. Dès lors, l’homme pourra porter le soupçon selon lequel Dieu n’est plus que la projection de la conscience humaine cherchant à se connaitre et à satisfaire ses désirs. Aussi, l'athée n'est pas ce lui qui cherche à prouver que Dieu n'est pas mais, assumant son inexistence, l'athée cherche à comprendre pourquoi l'homme éprouva le besoin d'inventer Dieu. 

Ajoutez à cela une survalorisation de la connaissance scientifique dans laquelle Dieu est mis entre parenthèses par méthodologie, alors l’athéisme sous ses différentes formes apparaitra comme une libération et la notion de Dieu sera toujours vue comme aliénante  (cf. Comte, Feuerbach, Marx, Nietzsche,  Freud, Sartre…).

"L'athéisme peut parfois purifier les représentations conceptuelles que l'on a que Dieu (...) si l'on dépasse le stade de la négation pour affirmer l'existence de Dieu au-delà des représentations maladroites et fausses."

Paradoxalement, il y a une certaine complicité entre le métaphysicien déiste et le croyant religieux : l'athéisme provient aussi bien du refus de croire de l'homme que "du contre-témoignage des croyants" qui ont servi la représentation d'un Dieu tyran, d'un Dieu trop humain. 

Cette vision antithétique de la relation entre Dieu et l’humanité ne pourra que s'opposer à la belle affirmation de Saint Irénée : « La Gloire de Dieu c’est l’homme debout et la gloire de l’homme c’est la vision de Dieu ».

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