Art et Culture

Un patrimoine méconnu, Exposition patrimoniale

Publié le
25/9/23
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Du 18 octobre au 16 décembre 2023, une expérience inédite attend les visiteurs du Collège des Bernardins : une plongée au cœur de la recherche en histoire de l’art grâce aux collections de la Commission d’art sacré du diocèse de Paris. Une première pour les deux institutions qui offrent au public de découvrir des œuvres jamais exposées. Caroline Morizot, responsable de la conservation et de l’inventaire à la Commission diocésaine d’art sacré et commissaire de l’exposition « Patrimoine méconnu. Tableaux du diocèse de Paris du XVe au XXe siècle » revient sur cette collaboration fructueuse.

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A quoi servent les commissions diocésaines d’art sacré ?

Chaque diocèse a sa propre commission. Celle du diocèse de Paris, née dans les années 1930 est institutionnalisée après Vatican II. Son rôle essentiel : identifier, restaurer et valoriser les œuvres d’art offertes au culte catholique du diocèse de Paris après 1905.  Elle accompagne également les questions d’aménagement liturgique et de création.

D’où proviennent ces fonds ?

La collection s’est constituée essentiellement grâce aux dons de collectionneurs ou d’artistes. Avant la loi de séparation des églises et de l’Etat, il incombait à la ville de Paris de prendre soin du patrimoine artistique diocésain. Depuis 1905, la Commission diocésaine d’art sacré a pris le relai, ce qui ne l’empêche pas, notamment dans le cadre des récolements réguliers de collaborer très régulièrement avec la ville toujours en charge de la préservation des œuvres offertes au diocèse avant 1905.

De quand date la dernière exposition des collections du diocèse de Paris au grand public ?

La dernière exposition remonte à 2010, il s’agissait des collections d'orfèvrerie présentées à la mairie du Ve arrondissement. L'exposition présentée au Collège est la première exposition d'œuvres restaurées et étudiées dans le cadre de l'inventaire des collections diocésaines. C’est aussi la première fois que le Collège des Bernardins, qui fête le quinzième anniversaire de sa réouverture cette année, accueille une exposition patrimoniale.

L’exposition est la première exposition d'œuvres restaurées et étudiées dans le cadre de l'inventaire des collections diocésaines.

C’est une joie de faire connaitre la diversité de ce patrimoine, de sensibiliser à sa préservation et de promouvoir le rôle de la commission.

Qu’est ce qui a présidé au choix des œuvres pour le Collège ?

En raison de contraintes techniques liées à l’ancienne sacristie, nous avons opté pour les collections peintes, à l'exception d'un dessin.

C’est la première fois que le Collège des Bernardins, qui fête le quinzième anniversaire de sa réouverture cette année, accueille une exposition patrimoniale.

Du poétique « maître des yeux qui clignent », actif à Ferrare à la fin du XVe siècle, à Maurice Denis en passant par Nicolas Mignard ou Domenico Piola, nous avons souhaité présenter des œuvres hétéroclites pour témoigner de la diversité des fonds diocésains. Nous avons également voulu offrir au public des tableaux habituellement conservés dans des lieux fermés aux visiteurs. C’est le cas de la sainte Catherine de Mignard. Autrefois accrochée aux murs de la chapelle de l’infirmerie Marie-Thérèse fondée par Céleste de Châteaubriand à la fin de l’année 1810, nous pensions l’œuvre disparue depuis plus d’un siècle.  Nous avons finalement retrouvé sa trace récemment. Elle sera exposée pour la première fois en public comme la plupart des œuvres présentées.  

Le titre de l’exposition évoque un patrimoine « méconnu ». Pourquoi avoir parlé de patrimoine « méconnu » et non de patrimoine « inconnu » ?

Ce patrimoine nous savons qu’il est là, nous connaissons son existence. Il peut être un support de prière ou de dévotion, exprimer notre relation à Dieu ; mais bien souvent nous ignorons tout de lui. Grâce à cette exposition nous avons pu initier des études. Conservateurs, chercheurs et historiens d’art, français et étrangers, ont été sollicités. C’est ainsi que Le triomphe de l’Immaculée Conception qui pouvait passer inaperçue sur les murs de l’église Saint François de Sales a été identifié comme une œuvre autographe de Paolo de Matteis.

Grâce à cette exposition nous avons pu initier des études. Conservateurs, chercheurs et historiens d’art, français et étrangers, ont été sollicités.

Il s’agit de la réplique de la fresque d’une coupole napolitaine aujourd’hui disparue dans un tremblement de terre.

Quelle est pour vous l’œuvre la plus emblématique de ce projet au sein de l’exposition ?

Difficile de répondre. Je pense au petit Christ portant sa croix, identifié par Chiara Guerzi comme étant de la main d’un maître italien de la fin du XVe siècle, mais aussi au Mignard qui est « la » découverte de cette exposition.

Quel avenir pour le patrimoine du diocèse de Paris ?

Des réflexions sont en cours autour d'un lieu d'exposition permanent dédié aux collections diocésaines. Quant au patrimoine diocésain conservé dans les églises parisiennes, il est nécessaire de continuer nos opérations de conservation préventive et de restauration.

Véritable plongée dans les collections du diocèse de Paris et l’histoire de l’art, cette exposition propose également un temps de dialogue entre art patrimonial et art contemporain. Pourquoi ?

En effet l’exposition présente également une œuvre contemporaine de l’artiste Sterling Ruby. Il s’agit d’un exemplaire de la série « Basin Theology » prêté par la galerie Gagosian.

Intégrer une œuvre d’art contemporaine au cœur d’une exposition patrimoniale est l’occasion de faire dialoguer les âges de l’histoire, de s’interroger sur les processus créatifs selon les époques.

C'est aussi l'occasion d’ouvrir aux visiteurs curieux d’art patrimonial une fenêtre sur l’art contemporain et à ceux venus découvrir l’œuvre de Sterling Ruby de découvrir les collections diocésaines.

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