Sainte Catherine Labouré : Apparations et médaille miraculeuse

Imaginez une jeune fille de la campagne, orpheline de mère, qui trouve force et vocation dans la prière, transformant sa vie et celle de millions de personnes à travers le monde. C’est l’histoire de Catherine Labouré, dont la dévotion et les apparitions mariales ont conduit à la création de la Médaille Miraculeuse.

Publié le
28/11/23
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Vers la fin de l’année 1841, un jeune banquier israélite, d’une famille distinguée de Strasbourg, Alphonse Ratisbonne, s’arrête à Rome lors d’un voyage vers l’Orient. Ses dispositions religieuses sont très hostiles à l’Église catholique, surtout depuis que son frère, Théodore, s’est converti au catholicisme et a reçu le sacerdoce. Dans la Ville Sainte, il se rend chez un ami, Gustave de Bussière. En l’absence de celui-ci, son frère, Théodore de Bussière, catholique fervent, le reçoit. Au cours de la conversation, Alphonse laisse éclater son animosité contre la foi catholique et affirme son attachement inébranlable au judaïsme. Sous l’inspiration de la grâce, M. de Bussière lui offre une médaille miraculeuse, en disant: « Promettez-moi de porter toujours sur vous ce petit cadeau que je vous supplie de ne pas refuser». Alphonse accepte par politesse.

Quelques jours après, le 20 janvier 1842, les deux amis se rendent à l’église Saint-André delle Frate. M. de Bussière quitte un moment Alphonse pour s’entretenir avec un prêtre. Lorsqu’il revient, il trouve le jeune homme dans la chapelle de saint Michel, prosterné dans un profond recueillement. Après un moment, Alphonse tourne vers lui un visage baigné de larmes. « J’étais depuis un instant dans l’église, dira-t-il plus tard, lorsque tout d’un coup je me suis senti saisi d’un trouble inexprimable. J’ai levé les yeux, tout l’édifice avait disparu à mes regards. Une seule chapelle avait, pour ainsi dire, concentré toute la lumière, et au milieu de ce rayonnement, a paru, debout sur l’autel, grande, brillante, pleine de majesté et de douceur, la Vierge Marie, telle qu’elle est sur ma médaille. Une force irrésistible m’a poussé vers elle. La Vierge m’a fait signe de la main de m’agenouiller, elle a semblé me dire : C’est bien! Elle ne m’a point parlé, mais j’ai tout compris».

Le 31 janvier, Alphonse reçoit le baptême. Plus tard, il deviendra prêtre.

En attendant, s’étant renseigné sur l’origine de la Médaille Miraculeuse, il souhaite rencontrer Soeur Catherine Labouré, la religieuse qui en a reçu la révélation. Mais c’est compter sans la profonde humilité de cette dernière qui désire rester inconnue et refuse l’entrevue.

Enfance de Sainte Catherine Labouré

La religieuse si discrète qui, elle aussi, a vu la Très Sainte Vierge, et que le Pape Pie XII appellera la Sainte du silence, est née le 2 mai 1806 au village de Fain-les-Moutiers (Bourgogne). Elle a reçu le lendemain, à son baptême, le prénom de Catherine. Son père, Pierre Labouré, est un cultivateur aisé. Catherine est la huitième de dix enfants. Elle n’a que neuf ans lorsque sa mère meurt à 46 ans, le 9 octobre 1815. Catherine grimpe sur une chaise, se hausse sur la pointe des pieds, atteint la statue de la Très Sainte Vierge qui domine sur un meuble et, tout en larmes, la supplie de lui tenir lieu de maman. Monsieur Labouré rappelle l’aînée de ses filles, Marie-Louise, 20 ans, qui est à Langres chez une tante, pour remplacer sa mère à la ferme.

Le 25 janvier 1818, Catherine fait sa première communion avec beaucoup de ferveur. Marie-Louise, constatant la maturité précoce de sa sœur, l’initie aux travaux du ménage afin de réaliser sans plus attendre son projet de se donner à Dieu. D’un ton décidé, Catherine dit alors à Tonine, sa plus jeune sœur: «À nous deux, nous ferons marcher la maison».

Voilà donc Catherine reine dans cette grande ferme. Le matin, elle est la première levée. Sa principale fonction quotidienne est de préparer et servir les trois repas. La fermière est servante; elle paie de sa personne plus que tout autre. Il lui faut aussi s’occuper des bêtes. Catherine trait les vaches, matin et soir; elle distribue le fourrage et conduit le troupeau à l’abreuvoir municipal. Elle verse aux porcs une soupe épaissie, ramasse les oeufs au poulailler, s’occupe des 700 à 800 pigeons qui se posent familièrement sur elle alors qu’elle leur lance généreusement du grain. Avec cela, elle va tirer l’eau au puits, fait la lessive, pétrit la farine pour faire le pain, se rend le jeudi au marché à Montbard (15 km), etc. Durant les longues soirées d’hiver, la veillée se fait devant le feu de la cheminée: nouvelles, souvenirs, contes, puis prière du soir. Le dimanche, Catherine visite les pauvres et les malades.

D’où lui vient cette capacité d’assumer une tâche écrasante ? Son secret est caché dans ses échappées hors de la ferme. Elle disparaît un bon moment chaque jour pour aller à l’église, toute proche, prier longuement sur les dalles froides. Le tabernacle est vide, car le village est sans prêtre depuis la Révolution. Mais la présence du Seigneur se révèle au fond du coeur de la jeune fille. C’est là qu’elle trouve la force de faire bon visage et bon service. «Les prières n’avancent pas l’ouvrage, c’est du temps perdu», disent parfois les voisines. Catherine ne s’en soucie guère. Elle prie, et le travail est fait à temps. Son désir profond est d’être Religieuse.

Un rêve vient la confirmer dans sa vocation. Elle voit un prêtre âgé, très bon, qui la regarde avec insistance… puis elle se trouve, toujours en rêve, au chevet d’une malade. Le vieux prêtre, encore présent, lui dit: «Ma fille, c’est bien de soigner les malades… Un jour vous viendrez à moi. Dieu a des desseins sur vous, ne l’oubliez pas». Cependant pour devenir Religieuse, il faudrait savoir lire et écrire. Une cousine se propose de prendre Catherine à Châtillon-sur-Seine dans un pensionnat réputé qu’elle dirige. Tonine, qui a maintenant 16 ans, est capable d’assumer les tâches de la ferme. Malgré ses réticences, M. Labouré laisse partir Catherine.

«Je ne change pas!»

À Châtillon-sur-Seine, la jeune fille rend visite aux Filles de la Charité, et elle reconnaît avec étonnement sur un portrait le prêtre qui lui est apparu en songe. «Qui est-ce? demande-t-elle – C’est notre bon Père saint Vincent de Paul», lui répond une religieuse. Elle se tait; mais cette fois elle est sûre que Dieu la veut Fille de la Charité. Lorsqu’elle atteint l’âge de la majorité de l’époque, 21 ans, elle annonce à son père sa décision de se consacrer à Dieu. M. Labouré s’y oppose formellement: il a déjà donné une fille à Dieu, cela suffit. Et puis, Catherine est utile, elle est gaie, elle ne boude pas les fêtes des villages des environs, et on l’a même demandée en mariage. Mais la jeune fille est déterminée: «Je ne veux pas me marier». Tonine insiste, et Catherine lui répond: «Je te l’ai dit, je ne me marierai jamais. Je suis fiancée à Notre-Seigneur. – Tu ne changes pas d’avis, alors, depuis tes douze ans? – Non, je ne change pas».

Après avoir patienté quelques mois, Catherine obtient enfin l’accord de son père.

“Le 21 avril 1830, elle se rend rue du Bac, à Paris, pour y commencer son noviciat chez les Filles de la Charité.”

Dès les premiers mois de sa vie religieuse, elle est favorisée de grâces exceptionnelles : Jésus se montre à elle dans le Saint-Sacrement pendant la Messe; le Coeur de saint Vincent de Paul lui apparaît; elle a le pressentiment d’une Révolution, toute proche. Elle relate tout à son confesseur, M. Aladel, prêtre lazariste, qui, dubitatif, l’invite au calme et à l’oubli.

Récits des apparitions de la Vierge Marie à Catherine Labouré

Au cours de la nuit du 18 au 19 juillet, Sœur Catherine est réveillée par un appel : « Ma Sœur ! Ma Sœur ! ». Un petit enfant de 4 à 5 ans, habillé de blanc, est là: « Levez-vous vite et venez à la chapelle, la Sainte Vierge vous attend! – Mais on va m’entendre! – Soyez tranquille, il est 11 heures et demie, tout le monde dort ».

Elle s’habille et suit l’enfant qui émet des rayons de lumière partout où il passe. Dans la chapelle, tous les cierges et flambeaux sont allumés. Au bout d’un moment, Sœur Catherine voit une grande Dame qui, après s’être prosternée devant le Tabernacle, vient s’asseoir dans un fauteuil. D’un bond elle est près d’elle, à genoux, les mains appuyées sur les genoux de la Sainte Vierge : « Mon enfant, lui dit Marie, le Bon Dieu veut vous charger d’une mission qui vous causera bien de la peine… Il faudra tout dire à votre confesseur. Des malheurs vont fondre sur la France… Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur. On croira tout perdu. Mais je serai là avec vous. Ayez confiance, vous connaîtrez ma visite et la protection de Dieu, et celle de saint Vincent sur vos communautés». Quand Marie s’en va, vers 2 heures du matin, c’est comme une lumière qui s’éteint. Sœur Catherine retourne se coucher sous la conduite du petit enfant. Elle ne se rendort pas, preuve qu’elle n’a pas rêvé.

M. Aladel, informé, ne voit en tout cela qu’« illusion » et
« imagination ». La prophétie d’une nouvelle révolution lui paraît invraisemblable: la France est prospère et en paix. Mais la révolution éclate soudain, les 27 et 28 juillet. Les émeutiers poursuivent prêtres et religieuses. Cependant, la violence s’arrête à la porte des Maisons fondées par saint Vincent de Paul.

Le 27 novembre suivant, pendant l’oraison du soir, Sœur Catherine voit apparaître un tableau représentant la Sainte Vierge : Marie tend les bras vers elle, et il sort de ses mains des rayons de lumière d’un éclat ravissant. Au même instant, une voix se fait entendre : « Ces rayons sont les symboles des grâces que Marie obtient aux
hommes
». Autour du tableau, Sœur Catherine lit, en caractères d’or, l’invocation suivante: « Ô Marie, conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ». Puis le tableau se retourne et au verso, paraissent la lettre M, initiale de « Marie », surmontée d’une croix et, au bas, les saints Cœurs de Jésus et de Marie. La voix précise très distinctement : « Il faut faire frapper une médaille sur ce modèle, et les personnes qui la porteront indulgenciée et qui feront avec piété cette courte invocation, jouiront d’une protection toute spéciale de la Mère de Dieu ».

Sœur Catherine rapporte tout à M. Aladel qui la reçoit fort mal: « Pure illusion ! Si vous voulez honorer Notre-Dame, imitez ses vertus, et gardez-vous de l’imagination ! ». Maîtresse d’elle-même, la Sœur se retire, calme, et sans s’inquiéter davantage. Mais le choc a été rude.

En décembre 1830, Marie apparaît une troisième fois à Sœur Catherine et lui montre le tableau représentant la médaille.

Aux doigts de la Très Sainte Vierge brillent des pierreries d’où partent vers la terre des rayons lumineux. Mais, de certaines pierreries il ne sort pas de rayons: « Ces pierreries d’où il ne sort rien, ce sont les grâces que l’on oublie de me demander », dit la Vierge Marie. Puis, elle ajoute: « Vous ne me verrez plus, mais vous entendrez ma voix pendant vos oraisons » .

“Sœur Catherine se trouve prise entre la demande renouvelée de la Sainte Vierge et l’obéissance à son confesseur qui ne veut plus entendre parler de ces «imaginations». Notre-Dame n’ayant rien urgé, elle opte pour le silence.”

Le 30 janvier 1831, elle prend l’habit et on l’affecte à l’hospice d’Enghien, dans un faubourg de Paris. Là, elle est à son affaire: le poulailler, le jardin, les pigeons, plus tard les vaches. Mais la voix intérieure la presse de faire frapper la médaille. M. Aladel, à nouveau pressenti, soumet le «cas» à un confrère. Ils s’en rapportent tous deux à Mgr de Quélen, archevêque de Paris. L’apparition de Marie dans le mystère de son Immaculée Conception rencontre chez le prélat un attrait profond : « Nul inconvénient à frapper la Médaille, elle n’a rien que de conforme à la foi et à la piété. On n’a pas à préjuger de la nature de la vision, ni à en divulguer les circonstances. Qu’on diffuse cette médaille tout simplement. Et l’on jugera de l’arbre à ses fruits ».

Dix millions de médailles

Rassuré, M. Aladel commande des médailles à un graveur parisien, et il ébruite le récit des Apparitions, sans nommer la Sœur qui en a été favorisée. Les 1500 premiers exemplaires de la médaille sont livrés le 30 juin 1832. Très rapidement les miracles se multiplient, au point que, dès février 1834, la Médaille est couramment qualifiée de « miraculeuse ».

Des récits de guérisons arrivent des États-Unis, de Pologne, de Chine, de Russie… Sœur Catherine est dans l’action de grâces; la bonne nouvelle annoncée par Isaïe redevient actuelle : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les pauvres sont évangélisés. La Médaille est une «Bible» des pauvres, le signe d’une présence, celle de Marie, dans la lumière du Christ, à l’ombre de la Croix.

“Les bienfaits de la protection mariale se font sentir d’une manière toute spéciale dans les familles religieuses fondées par saint Vincent de Paul, notamment par l’affluence des vocations.”

Les succès incomparables de la Médaille Miraculeuse manifestent le plaisir que Notre-Seigneur prend à voir sa Mère ainsi honorée. Au jour de l’Annonciation, l’ange Gabriel l’a saluée comme pleine de grâce (Lc 1, 28). Dans l’expression pleine de grâce, qui a presque la valeur d’un nom, le nom que Dieu donne à Marie, l’Église a reconnu le privilège de l’Immaculée Conception, dogme proclamé solennellement, en 1854, par le Pape Pie IX : « Nous déclarons, nous prononçons et définissons que la doctrine qui affirme que la Bienheureuse Vierge Marie, dès le premier instant de sa conception, par grâce et par privilège spécial de Dieu tout-puissant, en considération des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, fut préservée de toute tache du péché originel, est une doctrine révélée par Dieu, et que, pour cette raison, elle doit être fermement et constamment crue par tous les fidèles » (Bulle Ineffabilis Deus, 8 décembre 1854).

Depuis la chute d’Adam, le péché le plus grand de tous les maux, emporte l’humanité comme un torrent, cependant il s’arrête devant le Rédempteur et sa fidèle Collaboratrice, Marie. Mais il y a une différence notable : le Christ est totalement saint en vertu de la grâce qui, dans son humanité, dérive de sa Personne divine; Marie est toute sainte en vertu de la grâce reçue par les mérites de Jésus-Christ. Celle qui allait devenir Mère du Sauveur et Mère de Dieu devait être pure de toute souillure. Ainsi, Marie a été rachetée d’une façon admirable: non pas à travers la libération du péché, mais à travers la préservation du péché. L’exemption du péché originel comporte comme conséquence l’immunité de la concupiscence, tendance désordonnée qui provient du péché et pousse au péché. La Très Sainte Vierge Marie, fidèle à la grâce de sa conception immaculée, n’a cessé de grandir en sainteté, sans jamais tomber dans aucune faute, même vénielle. « C’est pour cela que Marie représente, pour les croyants, le signe lumineux de la miséricorde divine et un guide sûr vers les hauts sommets de la perfection évangélique et de la
sainteté
» (Jean-Paul II, 19 juin 1996).

Les précautions de l’humilité

L’ascension vers les « hauts sommets de la perfection » suppose la vertu d’humilité, si chère à la Vierge Marie. Devant le torrent des grâces obtenues par la Médaille Miraculeuse, Sœur Catherine se comporte elle aussi, en vraie fille de saint Vincent, avec une humilité déconcertante. Monseigneur de Quélen avait autorisé discrètement la diffusion de la Médaille. Mais bientôt, il décide d’ouvrir un procès officiel afin d’avaliser le mouvement de grâces qui s’est produit. Cependant, lorsqu’il demande à voir Sœur Catherine, fût-ce le visage couvert, il essuie un refus devant lequel il s’incline. « La répugnance de la Sœur à comparaître est le fait de sa seule humilité », dira
M. Aladel. On se contentera donc du témoignage du confesseur, lui-même autorisé par la voyante à révéler les faits.

“Quant à Sœur Catherine, elle s’efforcera toute sa vie de garder l’incognito, déjouant de son mieux par sa finesse paysanne, les questions indiscrètes.”

En attendant, elle poursuit son travail, transformant peu à peu le jardin de la maison d’Enghien en une petite ferme. Elle sert aussi à la cuisine, puis à la lingerie et à la porterie, recevant les pauvres avec une grande délicatesse, soignant leurs corps mais aussi leurs âmes, selon le conseil de Monsieur Vincent. Cependant, sa principale fonction est de s’occuper des vieillards-hommes. La tâche n’est certes pas facile, car il lui faut tenir tête aux anciens gardes-chasse, valets de chambre, maîtres d’hôtel, portiers, nostalgiques de leurs livrées d’or.

“Elle s’applique surtout à aimer ses vieillards, laissant paraître une certaine préférence pour les plus désagréables, comme s’ils avaient droit à des attentions particulières.”

En 1860, une nouvelle et jeune supérieure, Sœur Dufès, est nommée à l’hospice d’Enghien. Elle nourrit de grands projets qu’elle met en œuvre avec vigueur pour secourir l’immense misère du quartier. Sa jeunesse entreprenante essouffle et bouscule la communauté, mais Sœur Catherine apaise les sœurs mécontentes. Pourtant Sœur Dufès ne la ménage pas, lui faisant facilement des reproches. Cette attitude sévère fait tache d’huile, et plusieurs religieuses tiennent pour quantité négligeable cette sœur fruste dont l’accent et le tablier « sentent l’étable ». Humblement, Sœur Catherine se tait, bien que la lutte intérieure soit parfois rude. Mais son humilité n’exclut pas le courage ni même l’audace. En 1871, après la défaite de la France contre la Prusse, la Commune de Paris se révolte..

La Sainte Vierge avait dit à Sœur Catherine: « Le moment viendra où le danger sera grand. On croira tout perdu… mais ayez confiance ». Un jour, les insurgés demandent aux Sœurs de leur livrer deux gendarmes blessés qu’elles ont recueilli et qu’ils veulent exécuter. Sœur Dufès, qui refuse, est menacée de prison. Elle quitte discrètement la maison et se réfugie à Versailles. Sœur Catherine, qui la supplée en son absence, se rend chez les Communards pour plaider la cause de sa Supérieure. L’entrevue est houleuse et le commandant du détachement va même jusqu’à brandir son sabre contre elle. Mais finalement, elle obtient gain de cause et rentre librement à l’hospice.

Fin de vie et mort de Sainte Catherine Labouré

Après ces événements tragiques, Sœur Catherine reprend ses modestes emplois. Mais elle vieillit et ses infirmités l’obligent à ralentir ses activités. Toute sa vie elle a souffert d’arthrite et de rhumatismes, acceptant ces douleurs avec une grande foi: « Lorsque la Sainte Vierge envoie une souffrance, c’est une grâce qu’elle nous fait », disait-elle. Maintenant, usée par les travaux et par l’âge, elle est à bout de forces et son coeur faiblit. Il lui reste une peine profonde: la Sainte Vierge lui avait demandé de faire sculpter une statue la représentant tenant un globe entre ses mains. Ses confesseurs n’ont pas voulu tenir compte de cette demande, et M. Aladel l’a même traitée de «méchante guêpe» lorsqu’elle a insisté pour être exaucée. Sœur Catherine prie donc Marie pour savoir si elle doit dire « son secret » à sa Supérieure. Elle perçoit un « oui » au fond de son coeur et raconte tout : elle s’exprime avec tant de clarté et de facilité que sa Supérieure est conquise, et bientôt la statue de la Vierge au globe est exécutée.

Sœur Catherine attend dès lors la mort avec sérénité. De nombreuses fois, elle a prévenu ses Sœurs qu’elle ne verrait pas l’année 1877. En effet, le 31 décembre 1876, vers sept heures du soir, après avoir récité les prières des agonisants avec sa communauté, elle paraît s’assoupir. Bientôt on se rend compte que doucement, sans bruit, comme elle a vécu, elle est morte: son âme est portée en paradis par les mains de la Sainte Vierge. «C’est à peine si nous pûmes nous apercevoir qu’elle avait cessé de vivre, devait dire plus tard Soeur Dufès; je n’ai jamais vu de mort si calme et si douce». Sainte Catherine Labouré est fêté le 28 novembre.

« Certes, c’est une chose digne de la plus grande admiration que de voir l’auguste Mère de Dieu apparaître à l’humble jeune fille, disait le Pape Pie XII lors de la canonisation de sainte Catherine Labouré (le 27 juillet 1947), mais bien plus dignes d’admiration encore nous semblent les vertus qui ornent cette fille de saint Vincent ».

Demandons à la Très Sainte Vierge Marie les grâces dont nous avons besoin, nous aussi, pour devenir semblables au Christ, car comme en témoignait Alphonse Ratisbonne, « les paroles manquent pour rendre ce que renferment les mains de notre Mère, et pour redire les dons ineffables qui en découlent… C’est la bonté, la miséricorde, la tendresse, c’est la douceur et la richesse du Ciel qui se répandent par torrents pour inonder les âmes qu’elle protège ».

Nous remercions l’Abbaye Saint Joseph de Clairval qui nous a donné la permission de publier leurs lettres spirituelles. Découvrez-les !

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