Pourquoi le célibat des prêtres ?

Pourquoi l’Église latine accorde-t-elle une telle place au célibat des prêtres quand coexistent au sein même de la catholicité prêtres célibataires et prêtres mariés (Église grecque-catholique melkite, maronite…) ? Le célibat sacerdotal n’est-il pas un modèle culturellement dépassé nous souffle la voix du monde ? Le mariage des prêtres n’est-il pas une solution possible à la « crise des vocations », ajoute-t-elle, pragmatique ?

Publié le
7/5/09
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Pourquoi le célibat des prêtres existe-t-il dans l'Eglise catholique ?

Pour certains, c'est une évidence, pour d’autres une question cruciale. Comment, aujourd'hui encore, maintenir cette loi alors même que nous manquons de prêtres dans notre pays ? Il suffirait d'abolir cette loi pour que les prêtres soient pléthore. Le célibat n’est-t-il pas dépassé ? Une réalité culturelle d’un autre âge ?

Surtout, il y a bien une réalité dans l'Eglise catholique qui est la coexistence d'un clergé consacré, d'un clergé qui vit dans le célibat et d'un clergé marié. Je ne parle pas simplement du cas particulier des pasteurs, qui ne sont pas vraiment des prêtres. Ni même des prêtres orthodoxes qui sont tout à fait des prêtres. Mais il y a aussi dans les églises orientales, catholique, maronite, melkite, syro catholiques, etc. un clergé marié. Alors pourquoi l'Église latine, c'est à dire une grande partie de l'Église catholique, accorde-t-elle une telle place au célibat ecclésiastique ?

Le célibat n'est pas un modèle culturellement dépassé ?

Le célibat n'a jamais été en conformité avec la culture ambiante et il l'était sans doute moins encore à l'époque du Christ, où un homme s’accomplit par la transmission de la vie. Avec le Christ, les choses changent. Le point d'entrée dans le peuple de Dieu n'est pas la naissance charnelle, mais la naissance spirituelle par le baptême ; et le point d'épanouissement d'une vie n'est pas d'abord les réalisations extérieures ou la transmission de la vie, mais la charité, l'amour qui vient de Dieu et qui mène à lui. 

Le Christ a ouvert le chemin d'une autre forme de fécondité, d'abord spirituelle, et à travers cette autre forme de fécondité, il a montré que le ressort ultime de toute fécondité humaine, y compris et notamment la fécondité charnelle, est d'ordre spirituel. 

Quelques rappels historiques...

Il faut distinguer deux réalités : celle du célibat et celle de la continence. Dans la Première Alliance où tout est amorcé, il y avait déjà une place non pas pour le célibat, mais pour la continence : nous le voyons avec les prêtres de la Tribu de Lévi. Dans le passage de l’annonce à Zacharie de la naissance de Jean Baptiste : les prêtres exerçaient leur ministère tour à tour pour une semaine, dans laquelle ils passaient un temps au temple, et quand les prêtres exerçaient leur mission, non pas par choix mais , ils devaient ne pas faire usage de leur mariage.

Parmi les apôtres, ceux qui ont succédé au collège des Douze, il y a manifestement des hommes mariés. Saint Paul recommande qu'on choisisse les hommes qui ne sont époux que d'une seule femme. Mais très vite va s'amorcer une discipline de continence à l'intérieur du mariage. Et de cela, on a une attestation dès le concile d'Elvire, au début du IVᵉ siècle, où le précepte de la continence est rappelé aux clercs après qu'ils ont été ordonnés et quand ils exercent leur ministère périodiquement.

A la fin du VIIème siècle s'opère une distinction entre Orient et Occident. Les orientaux vont permettre aux prêtres, mais jamais aux évêques ou aux moines qui vivent dans la consécration, de demeurer et de faire usage de leur mariage, tandis que l’Occident fait le choix du célibat pour tous les ordres. L' obligation du célibat pour les prêtres daterait du XIe siècle, avec la réforme du Pape Grégoire VII.

Mais plus qu'une discipline pour purifier la situation de l'Eglise, soumise alors au risque des "dynasties sacerdotales", le célibat des prêtres rejoint une tradition très longue, et a une réelle portée spirituelle. C'est pourquoi il nous fait éclairer cette question par la théologie. 

Quel est le sens du célibat des prêtres ? Est-ce une forme de disponibilité ? 

Certes, l’exemple des Églises catholiques orientales montre qu’il n’y a pas de lien absolument nécessaire entre sacerdoce et célibat. Il y a cependant un lien intrinsèque entre ces deux modes d’être, lien que la généralisation et l’enracinement du célibat sacerdotal dans l’histoire tend à confirmer.

C’est que le célibat des prêtres met en exergue la nature de leur mission, qui n’est pas fonctionnelle mais sacramentelle : la mission des prêtres dans l'Église n'est en effet pas d'abord de l'ordre de la fonction, mais de l'ordre du sacrement de l'ordre, d'une consécration.

On a pu opposer le célibat des religieux et religieuses, un célibat de consécration, au célibat des prêtres, qui serait plutôt un célibat de disponibilité (...) mais la disponibilité du prêtre doit d'abord être spirituelle et non opérationnelle. 

Les prêtres ne sont pas les "patrons" d'une organisation, mais ils sont signes de la présence du Christ au milieu de son Église. Certes, il a une mission. Certes, il a une fonction qu'on a dans la tradition, résumée autour de la mission de l'enseignement la mission de la sanctification par la célébration des sacrements, et aussi la mission de guider l'Église, la mission de gouvernement. Mais cette mission s'enracine dans sa consécration et derrière le choix du célibat pour les évêques ou pour tous les ministres ordonnés, en tout cas, prêtres et évêques.

L'Église n'est pas d'abord une organisation, elle est d'abord le signe vivant de la présence du Christ.

En vivant de l'amour éternel du Christ ressuscité, en fondant sa vie sur cet amour, le prêtre reçoit la mission d'annoncer les temps nouveaux inaugurés dès cette terre. (...) Le célibat des prêtres montre que ce n'est pas une illusion, c'est une réalité de la vie nouvelle donnée par le Christ.

Parfois, on a opposé le célibat des religieux et religieuses, un célibat de consécration, au célibat des prêtres, qui serait plutôt un célibat de disponibilité. Il me semble que cette opposition n'est pas exacte parce que la disponibilité du prêtre, certes, c'est d'avoir le maximum de son temps, tout son temps donné à sa mission. Mais c'est ce n'est pas une sorte de disponibilité opérationnelle. D'abord, c'est une disponibilité spirituelle pour être signe du Christ époux qui se donne à l'Église, épouse.

Ce que le prêtre annonce avec le Christ ressuscité, c'est que la vie éternelle est déjà commencée, que nous sommes entrés, quoique de manière voilée, dans les temps nouveaux. En vivant de l'amour éternel du Christ ressuscité, en fondant sa vie sur cet amour, le prêtre reçoit la mission d'annoncer les temps nouveaux inaugurés dès cette terre qui seront consommés dans la gloire du Ciel. Le célibat des prêtres montre que ce n'est pas une illusion, c'est une réalité de la vie nouvelle donnée par le Christ.

Mais le célibat des prêtres est-il réaliste ? 

Je pense que pour que le célibat soit compris et fécond, il doit être exercé dans un certain nombre de conditions. D'abord des conditions d'équilibre humain et chacun d'entre nous a l'expérience, directe ou indirecte, de prêtres qui ont quitté à un moment donné le ministère, soit immédiatement pour se marier, soit parce qu'ils étaient finalement malheureux dans leur mission pour toutes sortes de raisons. 

Le célibat ne peut se vivre que dans la richesse d'une relation vivante au Christ et à l'Église et dans le Christ. 

Le célibat requiert un équilibre de fond de la part de ceux qui y sont appelés par l'Église. Un équilibre de vie affectif, physique, intellectuel, spirituel, pour qu'il puisse être vécu de manière épanouissante. 

Et l'équilibre de la vie spirituelle. Je l'ai dit, le célibat ne s'explique pas d'abord par des raisons de fonctionnement, mais par une raison spirituelle de fond d'union au Christ pour le service de l'Église et l'annonce du Royaume de Dieu. Et donc le célibat ne peut se vivre que dans la richesse d'une relation vivante au Christ et à l'Église et dans le Christ.

Pour poursuivre la réflexion :

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