Intelligence artificielle, progrès ou menace pour l'homme ?

Le développement exponentiel des nouvelles technologies, notamment de l'intelligence artificielle ouvre pour certains des perspectives inédites et enthousiasmantes. Pour d'autres, il génère inquiétude et angoisse : jusqu'à quand pourrons-nous garder la main sur ces dispositifs ? Laurent Alexandre, médecin, co-fondateur de Doctissimo était l'invité des Jeunes mécènes du Collège des Bernardins.

Publié le
3/8/23
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L'éthique, une question centrale

Le débat sur l’intelligence artificielle et les autres technologies ne peut pas être envisagé en dehors d’une réflexion sur les valeurs. Or, elles ne sont toujours pas intégrées dans les discussions, ni en France ni en Europe. C'est la grande aporie contemporaine.

"Je suis effaré de voir à quel point il n'y a aucun débat politique sur les sujets de la sélection des embryons, des modifications génétiques et cérébrales ou de l'intelligence artificielle, qui n'est qu'un tout petit morceau des technologies démiurgiques que nous allons avoir dans nos mains dans les décennies à venir." Laurent Alexandre

Les innovations technologiques qui imprègnent notre présent et déterminent notre avenir, ne sont en soi ni positives ni négatives. Leur caractère bénéfique ou néfaste ne peut être compris qu’à travers l’usage que nous décidons d'en faire, donc du point de vue éthique.

"La question est : quelle IA, quelle technologies, par rapport à quelles valeurs ?" Laurent Alexandre

Il s’agit d'un enjeu philosophique et politique et non pas d'une question purement technique.

L'esclavage technologique n'est pas une fatalité

La menace de voir des diktats transhumanistes nous sommer de nous adapter au rythme accéléré du développement technologique, par exemple par l'adoption d'implants cybernétiques, est une réalité. Pourtant, il n’y a pas de déterminisme : nous ne sommes pas condamnés à voir ces dispositifs définir à terme nos conditions de vie et les transformations que nous devrions opérer sur nous-mêmes.

Il nous est toujours possible d’agir sur ces technologies, de les maîtriser et de décider collectivement de leur usage. Mais ceci impose un réel travail de réflexion, mobilisant à la fois les intellectuels, la société civile, les scientifiques et le monde politique.

« En Europe, personne n'aurait l'idée de monter, comme Elon Musk, une entreprise visant à implanter des micro-processeurs dans le cerveau de nos enfants pour augmenter leur QI. C'est une idée transgressive, impensable chez nous, judéo-chrétiens, et à laquelle nous ne sommes pas préparés. » Laurent Alexandre

Un enjeu géopolitique

D’une façon générale, l’intelligence est liée à une question de maîtrise et l’intelligence artificielle indissociable de la question du pouvoir. Cet enjeu de pouvoir rend urgent de se saisir des notions de morale et de valeur, à l'heure où les géants technologiques américains (GAFA) et chinois (BATX) ne cessent de s'étendre et de gagner en influence sur nos sociétés. Un des aspects les plus graves de cette puissance est qu'elle s'accompagne d'un risque démiurgique, propre à l'idéologie transhumaniste.

« Il y a une guerre technologique derrière l’intelligence artificielle, une guerre de la data, une guerre data-politique qui est la géopolitique du XXIe siècle et par rapport à elle, nous sommes des enfants de chœur. » Laurent Alexandre

La faible envergure européenne dans le domaine de l'industrie technologique, dans la réflexion philosophique et spirituelle sur ces questions nous rend très fragiles.

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