Cultivons la paix !

Exister à côté de ses voisins, co-exister est un enjeu moral, philosophique, souvent aussi religieux. Réunis au Collège des Bernardins, trois intervenants aux passés aussi riches que différents ont choisi de voir le verre à moitié plein : la paix est le fruit d’un mélange complexe entre paix intérieure, harmonie et diversité, justice et amitié, respect et connaissance de l’autre.

Publié le
13/6/23
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L'homme, un loup pour l'homme ?

Avant de savoir comment faire la paix, encore faudrait-il la rechercher... Or ne sommes-nous pas tentés, primairement, de dévorer notre prochain, les idées ou identités qu’il représente ? C'est ce à quoi tentent de répondre Reza, photojournaliste international, Samuel Grzybowski, président de Coexister, et le Pr. Jean-Jacques Rein, chef du service de cardiologie pédiatrique à l’hôpital Hadassah de Jérusalem.

Pour Reza, l'homme naît bon, et c'est la politique qui le corrompt. Pour Samuel Grzybowski,  la haine et la guerre sont originellement présentes dans le cœur de l’homme au même titre que l’amitié et la paix. Le Pr. Jean-Jacques Rein cite la Genèse pour évoquer les mauvaises pulsions qui animent initialement l’homme. Face à ce caractère inné, l’éducation est un combat qui doit l’amener à rechercher la paix. Dans la Bible, la paix est en effet une bénédiction de Dieu.

"Poursuis la paix, recherche-la" (Ps. 34)

La marche vers la paix nécessite une tension de la volonté et un engagement actif. C’est ce que disait Martin Luther King : « pour que le mal triomphe, il suffit que les personnes au grand cœur restent sans rien faire  ». Beaucoup de gens poursuivent en réalité la guerre en entretenant des hostilités sur divers terrains. Face à eux, une masse silencieuse tombe dans leur jeu.

L’une des vertus des religions est de confronter l’homme en permanence à des choix par lesquels il exprime sa véritable humanité. C’est ainsi que Samuel Grzybowski dit concevoir son engagement. L’expérience de la guerre et du mal, dans toutes ses difficultés, a le mérite de placer l’homme face à sa liberté suprême. L'étudiant en droit évoque la houleuse sentence de Sartre : « jamais nous n’avons été si libres que sous l’Occupation ».

Reza explique paradoxalement tirer de ses expériences de la guerre, de la misère, de l’injustice et de la torture sa conviction la plus profonde : « il n’y a pas d’autre chemin que la paix pour l’humanité ».

S’en remettre aux Etats pour faire la paix est une erreur. Pour le Pr. Rein, ce sont d’abord les populations qui font la paix, créant ainsi des microclimats dans un environnement parfois trouble. La vie au Proche-Orient et le quotidien de son service de cardiologie pédiatrique illustrent qu’au-delà du conflit, les populations vivent en symbiose, qu’elles le veuillent ou non.

La médecine est pour lui une arme de paix sans pareil : en sauvant une vie, les médecins répandent un message de paix, comme en opérant un enfant quelle que soit leur origine ou leur religion, avec des médecins israéliens ou palestiniens. Chaque opération chirurgicale montre puissamment comment le respect fondamental de la dignité humaine peut aider à connaître et comprendre l’autre.

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