Peut-on être riche et chrétien ?

Est-il possible de concilier foi chrétienne et richesse ? Comment incarner le dénuement nécessaire à l'amour dans un monde dominé par le pouvoir et l'argent ? Être ou avoir ? Paul Piccaretta, ancien directeur de la revue Limite, fondateur des éditions de L'Escargot et essayiste, et Jean de Saint-Chéron, directeur de cabinet du recteur de l'Institut Catholique de Paris, chroniqueur hebdomadaire au journal La Croix et responsable de rubrique chez Magnificat en débattent.

Publié le
17/7/23
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Le christianisme, religion des pauvres ?

« Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu » (Matthieu, 19.24) : la formule, bien connue, est devenue emblématique de la défiance du message chrétien à l’égard des puissances de l’argent.

Fondée par des communautés prêchant la pauvreté évangélique et le partage des biens, rejetant toute propriété matérielle, l’Église semblait fondamentalement incompatible avec le faste et l’esprit de possession. Pourtant, elle a évolué, à travers l’Histoire, jusqu’à devenir, à partir de Constantin puis au Moyen-Âge une puissance politique détenant un vaste patrimoine.

« Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu » (Matthieu, 19.24) : la formule est connue et est l’expression emblématique la défiance du message chrétien à l’égard des puissances de l’argent.

Le détournement du christianisme

Mais ne s’est-elle pas dénaturée en route, en trahissant l’Évangile et le message du Christ ?  Au fil de son histoire, elle semble avoir ignoré ou transgressé l'opposition nette, établie dans le message chrétien, entre le Royaume de Dieu et le Royaume de César.

On se demande alors si ramener le christianisme à son sens originel ne nécessiterait pas de renverser l’ordre bourgeois, qui l’a déformé et détourné de sa vérité propre. En effet, en poussant l'individu à s'enfermer dans son petit confort et le souci de son statut, l’esprit bourgeois l'endort spirituellement et le coupe de l'amour de son prochain, considéré comme une gêne. Cela en ferait même l’ennemi mortel du christianisme à notre époque.

« L’esprit bourgeois, c’est ce que Saint-Jean appelait déjà l’esprit du monde : celui de la domination de la chair sur l’esprit. » Jean de Saint-Chéron.

Un faux christianisme matérialiste

Le lien peut donc être établi avec l’arraisonnement du christianisme par une bourgeoisie qui s’est en servie comme d’une caution justifiant la mise en place de l’économie capitaliste. Il en est devenu une religion moralisatrice et de convention, étrangère à sa vocation initiale de transformation intérieure et de conversion du cœur.

« Cet esprit bourgeois ne peut pas être pensé indépendamment du capitalisme. » Paul Piccarreta

Dans cette perspective, le mal réside moins dans la richesse en elle-même que dans l’attachement passionné à l’argent, qui pousse, comme le dit Saint-Paul, à aimer les biens matériels davantage que son âme. Tel est le propre d’une classe qui s’est saisie du christianisme toute en le dénaturant. Comme le dit Jean de Saint-Chéron, le paradoxe est alors que « les derniers qui entendent l’Evangile semblent être ceux qui l’entendent le moins bien ».

Quel discours Jésus tient-il à l’égard de l’argent ? La réponse avec l’article Jésus et l’argent : la rencontre avec Zachée, du média PRIXM

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