Le pouvoir du sport
Le sport porte en lui des faces d'ombre et de lumière. Sport-spectacle, il est devenu un enjeu économique de taille et contribue au culte de la performance. Il aide dans le même temps à rassembler une nation, à lutter contre les mécanismes d’exclusion, à reprendre confiance en ses aptitudes. Quel est son pouvoir ? Porte-il en lui des valeurs ou la société assigne-t-elle au sport les valeurs qu’elle souhaiterait lui voir incarner ? A l'occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, revivez cet échange avec Jean-François Lamour, ancien ministre des sports, double médaillé d'or aux JO ; Georges Vigarello, historien du corps et du sport ; David Blough, directeur de l’ONG PL4Y International et Perle Bouge, vice-championne Paralympique et du Monde d’Handi-aviron.
Une conférence au Collège des Bernardins dédiée à la question du sport dans nos sociétés, ses pouvoirs, et les messages qu'il véhicule.
Le sport, une valeur populaire
Le sport est plus que jamais une dimension importante de notre société. Véhicule de santé physique et mentale, il peut également avoir une valeur éducative, jouer un rôle d’insertion, combattre l'exclusion dans les quartiers populaires ou créer un sentiment d’union nationale lors de grands évènements comme la Coupe du Monde de Football. Il porte des valeurs d’effort, de ténacité, de solidarité, d’esprit d’équipe et de dépassement de soi.
"Le sport est pour moi fondamentalement lié à la notion d'apprentissage et de progression." Jean-François Lamour
Il paraît donc profondément vertueux, aussi bien du point de vue de la société que de celui de l’équilibre individuel. Pour toutes ces raisons, il est plus favorisé et populaire que jamais dans nos sociétés.
Le revers de la médaille
Cependant, le sport s’accompagne d’éléments qui posent question.
Il va par exemple de pair avec l’obsession contemporaine du corps et la prégnance de canons de beauté valorisant le muscle et la minceur. En conséquence, il peut s’accorder avec des contraintes multiples. Il est ainsi utilisé par un discours contemporain visant conformité des corps individuels à des standards esthétiques spécifiques et rigides.
Devenu spectacle de masse avec le développement des médias au XXe siècle, certains l’ont accusé d’être la version moderne du panem et circenses romain. Les critiques n’ont pas manqué qui dénonçaient en lui une grande messe abrutissante.
La réalité du dopage et de la corruption financière dans certains sports, notamment le football, illustrent la façon dont cet univers peut catalyser les aspects les plus problématiques d’une société basée sur la logique du marché et le rendement. Cela peut avoir des conséquences jusque sur les sportifs eux-mêmes, écrasés par la pression de performance qu’exercent leurs entraîneurs ou leurs sponsors.
Un enjeu économique de taille
Le sport est devenu un business à part entière. Il représente un marché qui peut brasser à l’année des centaines de milliards de dollars. S’il est devenu une réalité financière, les revenus qu’il génère ne se limitent cependant pas à nourrir la spéculation.
L’argent que le sport génère a également des effets bénéfiques. Les Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 furent l’illustration frappante de la capacité de tels évènements à créer du dynamisme économique. Ils permirent en effet d’accélérer massivement les plans de développement prévus pour la ville et d’en faire une cité ouverte sur la mer et favorables aux échanges économiques et culturels.
"Le sport peut être un formidable coup accélérateur à l'urbanisation d'un territoire." Jean-François Lamour
Le sport, support de l’idéal ?
« Il ne faut jamais oublier que la pratique sportive est favorisée car elle est porteuse d’une idéalisation qui se trouve au fond de chacun d’entre nous » Georges Vigarello
Les récupérations auxquelles le sport se prête, par les régimes totalitaires ou par la logique du marché, ne doivent pas occulter sa capacité à porter l’idéal d’une société. Les valeurs fortes qu’il prône sont peut-être aujourd’hui les plus à même de créer aujourd’hui un sentiment d’identité collective, à fédérer les gens au-delà des différences sociales, ethniques ou religieuses. Pour ces raisons, il peut faire beaucoup pour entretenir, créer ou recréer du lien social et favoriser le vivre-ensemble dans nos sociétés.
En collaboration avec les Jeunes Mécènes des Bernardins et Mécènes & Co
INTERVENANTS
David Blough
Directeur de l’ONG PL4Y International
Perle Bouge
Vice-championne Paralympique et du Monde d’Handi-aviron
Jean-François Lamour
Député de Paris, Ministre des sports de 2002 à 2007, double médaillé d'or aux JO
Georges Vigarello
Directeur à l'EHESS, historien du corps et du sport
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