Art et Culture

Yann Arthus-Bertrand, "la révolution sera spirituelle"

En 2019, Yann Arthus-Bertrand a illustré l'encyclique du pape François, Laudato si'. Photographe, journaliste et documentariste engagé Yann Arthus-Bertrand salue en Laudato Si’ un texte « révolutionnaire » et souligne que la solution pour sauver notre planète ne sera ni politique, ni scientifique, ni économique, mais spirituelle. En octobre 2019, ses photos étaient projetées au Collège des Bernardins pour accompagner la lecture d'extrait du texte papal. L'occasion d'une rencontre.

Publié le
19/7/23
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Comment est née votre préoccupation écologique ?

Yann Arthus-Bertrand : À 30 ans, je suis parti faire un doctorat sur le comportement des lions au Kenya. Pour gagner ma vie, j’étais pilote de montgolfière. La beauté de la terre m’a alors saisi, cette beauté évidente qui est là autour de nous, mais que l’on ne voit plus. Nous ne sommes plus émerveillés par un arbre, alors que nous devrions pourtant être étonnés par sa beauté. Avec les années, je suis devenu de plus en plus activiste mais avec une conscience mondiale ; je suis convaincu que tout est lié. Il existe une harmonie entre le vivant sur la Terre que nous avons oubliée.

Nous ne sommes plus émerveillés par un arbre, alors que nous devrions pourtant être étonnés par sa beauté. Il existe une harmonie entre le vivant sur la Terre que nous avons oubliée.

Pourquoi avoir illustré l’encyclique du Pape François Laudato si’ ?

Yann Arthus-Bertrand : C’est un texte révolutionnaire et c’est la première fois qu’un Pape s’engage aussi fermement sur la question écologique. Nous avons besoin de grandes âmes qui s’expriment et le Pape porte en lui les problèmes du monde. J’ai eu la chance de le rencontrer et nous avons échangé sur sa vision holistique de l’écologie, d'une écologie humaniste. Et l’écologie ne devrait qu’être humaniste, car cela revient à aimer la vie.

L'écologie ne devrait être qu'humaniste, car cela revient à aimer la vie.

Dans la préface de l’encyclique vous écrivez : « quand je lis les mots du Pape François, je me sens chrétien »…

Yann Arthus-Bertrand : Je suis non croyant, mais je me retrouve dans les valeurs chrétiennes. Ces valeurs ne sont pas assez ancrées dans la vie au quotidien. Être croyant pour moi, c’est croire au bien et au mal, et moi je crois au bien.

Portez-vous un regard optimiste sur le monde  ?

Yann Arthus-Bertrand : Aujourd'hui nous vivons mieux, plus vieux, il y a plus d’éducation, moins de gens qui ont faim, moins de mortalité infantile… Il y a une amélioration considérable pour l’humanité mais cela l’a été au détriment de la vie sur la Terre. Nous nous servons sans cesse des ressources de la Terre, jusqu’à ce qu’elles soient épuisées !  Il faut regarder le monde avec les yeux ouverts et je suis un optimiste très inquiet. Nous n’avons pas besoin d’espoir, mais de courage. Il faut une vraie révolution.

Nous n’avons pas besoin d’espoir, mais de courage. Il nous faut apprendre à être plus avec moins.

De quelle révolution parlez-vous ?  

Yann Arthus-Bertrand : C’est une révolution qui ne sera pas politique car on a les hommes politiques que l’on mérite, et que ceux-ci manquent justement de courage. La révolution ne sera pas non plus scientifique, parce qu’on ne peut pas remplacer les cent millions de barils de pétrole quotidiens par des éoliennes ou des panneaux solaires, même s’il en faut et qu’il faut continuer à se battre pour ce faire. Elle ne sera pas davantage économique, car l’économie n’a qu’une envie c’est de consommer plus ! Il faut apprendre à être plus avec moins. La révolution sera spirituelle. C’est en nous que nous devons la trouver, nous devons nous demander ce que l’on peut faire pour les autres et comment peut-on rendre le monde meilleur.

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