Jésus, juif ou chrétien ?

Né d’une mère juive, circoncis le 8ème jour, observant le shabbat, pratiquant les commandements, Jésus de Nazareth est juif à part entière… Et le christianisme est né dans le judaïsme. Cependant dans le Nouveau Testament, Jésus se présente aussi comme Messie, Fils de Dieu, Sauveur, ce qui est irrecevable par Israël. Comment comprendre cette tension irréductible qui nous fait affirmer à la fois l’universalité du salut en Jésus-Christ et l'Alliance avec Israël non révoquée par Dieu ? Comment œuvrer ensemble juifs et chrétiens dans une complémentarité féconde ?

Publié le
31/5/18
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Sylvaine Lacout, docteur en théologie, directrice du Centre Chrétien d'Etudes Juives, nous donne ici des éléments de réponses, fondés sur une étude approfondie du judaïsme, essentielle au dialogue judéo-chrétien. 

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La judaïté de Jésus selon auteurs juifs et dans l'Eglise chrétienne

Le sujet qui nous réunit aujourd'hui, c'est la question de la judaïté de Jésus. Est-ce qu'il est juif puis chrétien ? Est-ce qu'il est juif et chrétien ?

Il faut savoir quand même qu'au fond l'accusation de peuple déicide faite par la chrétienté à l'égard du judaïsme, a arraché, on pourrait dire pendant des siècles, Jésus de sa judaïté. Pendant des siècles, on a voulu comme déjudaïser le christianisme ; comme le purifier d'une tare humiliante. Et ce projet a eu pour conséquence en effet qu'on a enlevé à Jésus toute sa judaïté. Alors il y a eu des précurseurs mais il a fallu attendre en effet le Concile Vatican II pour que les choses changent en profondeur.

Dire que Jésus était juif, c'est un fait d'histoire mais dire que Jésus est juif et encore plus, que le Christ est juif, c'est une réalité qui a des conséquences théologiques très importantes et on n'est pas arrivé jusqu'au bout encore de cette réflexion.

Quand je vous dis qu'il y avait des précurseurs, je pense à quelqu'un comme un théologien britannique, un exégète britannique qui s'appelle Sanders. Pour lui, Jésus n'est ni le fondateur de l'Église, ni un ennemi du judaïsme. Au fond, sa vocation était de rassembler tout Israël pour la venue de Dieu à la fin des temps.

Pour Sanders qui a écrit à la moitié du XIXe siècle, Jésus ne cherche aucune rupture avec la tradition juive ; mais comme prophète, il a voulu préparer le peuple choisi à rencontrer Dieu. Et donc, les discussions qu'il a avec les scribes sur la loi et l'interprétation qui sont faites, je dirais, correspondent à un débat interne au judaïsme. Cet auteur a été donc le premier à replacer Jésus dans son contexte contemporain, c'est-à-dire dans son contexte juif.

Depuis la moitié du XXe siècle, des auteurs juifs eux-mêmes vont commencer à se poser des questions sur cette judaïté de Jésus.

  • Le premier, c'est un certain Joseph Klausner qui était professeur d'histoire du judaïsme et qui écrit vers les années 1922. Il a publié un livre Jésus le nazaréen, son temps sa doctrine. Pour lui, Jésus est un pharisien, même s'il se démarque en effet de la majorité d'entre eux par des positions plus personnelles vis-à-vis des commandements et Jésus avait donc, pour cet auteur, conscience de sa messianité.
  • Un autre auteur, vers 1935, Schalom Ben Chorina écrit un livre qui s'appelle Jésus mon frère où il situe Jésus aussi dans le mouvement pharisien ; il le positionne au fond comme troisième autorité, c'est à dire après Hillel et Shammaï.
  • Un autre auteur plus connu, David Flusser, professeur à l'université hébraïque de Jérusalem a écrit vers 1970. Pour lui, Jésus est un juif pratiquant observant la loi et ce sont les évangiles qui ont subi une déformation du fait des relectures successives même s'il garde des évangiles l'image de la fidélité de Jésus à la loi. Et donc Flusser insiste sur le fait qu'au fond à l'époque de Jésus, Jésus n'était pas le seul à critiquer les excès de certains pharisiens ; pour Flusser, Jésus se situe dans la ligne de l'école pharisienne de Hillel, une école plus souple, beaucoup plus souple d'ailleurs que celle de Shammaï et que d'autres écoles pharisiennes ; une école qui prêchait plus l'amour de Dieu que la crainte. Jésus se situe dans cette ligne en la poussant à l'extrême avec par exemple l'amour des ennemis et l'amour du pêcheur.

Donc vous voyez, la plupart de ces auteurs vont situer Jésus dans la tradition pharisienne, le rattachent à des grands noms pharisiens et le situent à l'intérieur d'une réflexion juive.

Vers les années 2000 un autre auteur, Vermès, écrit un livre qui s'appelle Enquête sur l'identité de Jésus dans lequel il va un petit peu se démarquer des autres. Il va situer Jésus dans la tradition hassidique.

Le hassidisme veut dire pieux. Il représente une espèce de piété, de dévotion et il va rapprocher Jésus de plusieurs figures juives charismatiques qui ont évolué autour des années 70 : Renir, Hanina Ben Dossa. Ce sont des thaumaturges pour la plupart qui sont au service du peuple et qui vont poser des actes de guérison. Ils s'adressent simplement à Dieu comme à un père, prient Dieu comme à un père et font monter vers Dieu la demande du peuple. Dans des écrits, on relate les guérisons d'un Hadina Ben Dossa qui ne guérit pas en son nom mais au nom de Dieu. C'est très étonnant d'ailleurs de lire les guérisons de Rabbi Ben Dossa parce qu’au point de vue littéraire, cela ressemble beaucoup à certains de nos textes de guérison dans les évangiles. On a donc ce genre de figures et Vermès rattache plus Jésus à ce mouvement un peu charismatique qui existe à son époque. 

Pour Daniel Boyarin, il faudra attendre le quatrième siècle pour que christianisme et judaïsme se différencient (...) à une époque, il n'était pas aberrant pour un juif de penser que le messie puisse être Dieu.

En 2013 un livre est paru qui a fait beaucoup de bruit, de Daniel Boyarin. Daniel Boyarin est un juif orthodoxe spécialiste du Talmud et qui a écrit un livre sur le Christ juif à la recherche des origines ; dans ce livre cet auteur va montrer que pendant plusieurs siècles, un certain nombre de juifs vont croire à des choses qui se rapprochent du père, du fils et même de l'incarnation du fils dans le messie. Il y a des mouvements juifs qui se rapprochent d'éléments de la foi chrétienne et il faudra attendre le quatrième siècle pour que christianisme et judaïsme se différencient. Ces mouvements juifs se rapprochent beaucoup de textes du livre de Daniel, en particulier Daniel 7. À une époque pour Boyarin, il n'était pas aberrant pour un juif de penser que le messie puisse être Dieu. Son livre a fait beaucoup de bruit et il y aurait beaucoup à discuter.

Pour en revenir à ce que j'ai dit au départ, pendant des siècles, l'Église a été privée de ses racines juives, alors que le pape Jean-Paul II, lors de sa visite à la synagogue de Rome a eu cette belle expression qui pour moi reprend l'essentiel en disant que "la religion juive n'est pas extrinsèque à la religion chrétienne mais qu'elle est intrinsèque." La religion chrétienne, pour connaître ce qu'elle est, doit connaître le judaïsme. Et donc d'une certaine façon, dire que Jésus était juif, c'est un fait d'histoire mais dire que Jésus est juif et encore plus, que le Christ est juif, c'est une réalité qui a des conséquences théologiques très importantes et on n'est pas arrivé jusqu'au bout encore de cette réflexion. On en est loin parce que ça supposerait beaucoup de changements dans la christologie, dans l'ecclésiologie de tenir ceci.

"La religion juive n'est pas extrinsèque à la religion chrétienne mais qu'elle est intrinsèque." (Jean-Paul II, 13 avril 1986)

Depuis Nostra Aetate, des chrétiens ont appris à connaître, à respecter le judaïsme. L'Église, comme dit le texte, a scruté son propre mystère et en scrutant son propre mystère, elle a découvert ses racines juives et dernièrement en 2015, un texte romain parle des relations entre juifs et chrétiens comme des relations intrafamiliales ; donc on avance dans cette découverte du judaïsme ; on n'est plus face à une autre religion, on est face à des frères dans la foi. Et le monde juif n'a pas de difficulté actuellement à reconnaître que Jésus est juif.

Dernièrement, un ami me disait : « écoute, Jésus était circoncis, je suis circoncis ; Jésus avait une mère juive (c'est peu dire), j'ai une mère juive ; Jésus mange casher, moi je mange casher. Au fond, je suis plus proche de lui que toi » et c'est un peu vrai. C'est une découverte et vous voyez, pour un bon nombre de rabbins qui travaillent des évangiles, il y a toute une découverte aussi de cette judaïté, de l'importance de cette notion de judaïté de Jésus dans le judaïsme lui-même.

Je voudrais vous lire un texte récent. Il a deux ou trois ans, il est écrit par des rabbins orthodoxes américains et israéliens : « Nous reconnaissons que le christianisme n'est ni un accident ni une erreur mais le fruit de la volonté divine et don fait aux nations (voyez les progrès) en séparant le judaïsme et le christianisme, Dieu a voulu une séparation entre des partenaires présentant des divergences théologiques importantes mais non entre des ennemis. Jésus a apporté un double bienfait au monde ; d'une part il a magnifiquement soutenu la Torah de Moïse. Aucun de nos sages n'a davantage insisté sur son immuabilité ; d'autre part, il a fait disparaître l'idolâtrie des nations, leur a imposé les sept lois de Noé afin qu'ils ne se comportent pas comme des animaux sauvages, etc. Les chrétiens sont des communautés qui œuvrent en faveur du ciel et sont destinés à durer ; elles sont habitées par l'amour du ciel et la récompense ne leur sera pas refusée. »

C’est écrit par des rabbins orthodoxes américains et israéliens. Donc on sent actuellement tout un mouvement de nos frères juifs vers nous, vers cette reconnaissance de la judaïté de Jésus.

Quand je dis que Jésus est juif, qu'est-ce que je mets sous ce vocable juif ?

Le mot juif a commencé à être employé à la fin de la période de captivité à Babylone. On va parler de judaïsme primitif ou de judaïsme du second temple autour de cette période de retour de Babylone, d'installation sur la terre et  de construction du second temple, autour de 515 avant Jésus-Christ. À partir de ce moment-là, le mot juif, le mot judaïsme, sont employés d'une certaine façon. Ce judaïsme de retour d'exil, même s’il y a de la nouveauté qui a été élaborée pendant l'exil, est l'héritier de la religion préexilique du royaume Judée avec le temple, etc. Il reprend dès qu'il revient sur la terre, je dirais, toute l'organisation. Ce judaïsme, au temps de Jésus, on pourrait dire qu'il est uni autour de quelques pôles importants mais il est surtout très divers. 

Les piliers du judaïsme du second temple, c'est le monothéisme (un seul Dieu); l'élection d’Israël ; l'alliance établie par le Seigneur avec son peuple et l'obéissance à la Loi. On retrouve ces quatre pôles quels que soient les courants. Et ils se manifestent dans la vie : la circoncision, et la place donnée en particulier au temple qui est le lieu sur terre de la présence du nom et de la gloire du Seigneur.

Les piliers du judaïsme du second temple, c'est le monothéisme (un seul Dieu); l'élection d’Israël ; l'alliance établie par le Seigneur avec son peuple et l'obéissance à la Loi.

La pluralité, c'est en effet ce qui caractérise au temps de Jésus les judaïsmes. Il n’y a pas un judaïsme mais des judaïsmes et c'est un auteur qui s'appelle Flavius Josèphe de cette période - premier siècle avant Jésus - 1er siècle après - qui va nous présenter ces groupes. Il ne les présente pas tous mais il va mettre surtout l'accent sur trois groupes :

  • Les sadducéens qui forment l'aristocratie sacerdotale ; les pharisiens qui vont être un peu les maîtres de la Loi, qui vont articuler Torah écrite et Torah orale ;
  • Les esséniens. Là, nous sommes devant des problématiques importantes et vous avez nombreux spécialistes qui continuent encore aujourd'hui à se poser beaucoup de questions par rapport aux esséniens ;
  • Les zélotes, dont on parle dans les évangiles ;
  • Les samaritains ;
  • Et puis tous les milieux baptistes.

Il faut donc bien imaginer que le judaïsme au temps de Jésus est pluriel et au fond Jésus va se glisser dans ce judaïsme pluriel. Il faudra attendre après la catastrophe de 70 pour que le seul groupe qui va survivre à ce judaïsme pluriel soit le groupe des pharisiens qui va se retrouver à Yabné, pas loin de Tel-Aviv avec comme grande figure Yohanan Ben Zakkaï et qui va repenser à ce moment-là le judaïsme avec encore les piliers dont on a déjà parlé : monothéisme, élection, alliance et loi.

Jésus est né juif ; sa mère est juive et on peut appliquer je dirais pour la transmission par la mère dans le judaïsme, un principe connu : la mère est absolument sûre, c'est à dire que la filiation par la mère ne pose pas de problème et beaucoup de peuples se sont appuyés sur ce principe et on voit que dans les textes autour du deuxième siècle, c'est vraiment quelque chose qui est certain, cette descendance qui vient par la mère et on s'appuie d'ailleurs sur une loi qui remonte au Sinaï et que l'on trouve dans Deutéronome 7 verset 3 à 4.

Par contre, il faut savoir que l'enfant va avoir son statut religieux par le père. Vous savez que dans le judaïsme, il y a 3 catégories de personnes : il y a les Cohen, les descendants des grands prêtres ; il y a les Lévi et il y a tout Israël. Un enfant sera considéré comme faisant partie des Cohen si son père est Cohen, de même pour Lévi, etc. Le père joue un rôle aussi dans la situation sociale et dans la situation je dirais religieuse de l'enfant. Jésus a été circoncis le huitième jour et vous savez qu’avant Vatican II, on fêtait la circoncision de Jésus. C'est bien dommage qu’on ne la fête plus, ça serait un élément peut-être là aussi qui nous permettrait de mieux approfondir nos racines juives.

Jésus ne veut pas abolir la loi Jésus est venu pour l'accomplir (...) Nous voyons que Jésus a vécu un judaïsme authentique. (...) Jésus va se glisser aussi, et cela est important, dans l'espérance de son temps.

Les évangiles nous montrent Jésus vivant en juif, il mange casher, il porte les tsitsit, il respecte la loi, il connait la Torah, il célèbre le shabbat, il va au temple, etc. Il discute avec les docteurs de la loi, donc on sent très bien que Jésus a une vie pleinement juive et il respecte sur la plupart des points, la loi juive ; et s’il discute, je dirais qu’il entre dans des discussions qui sont des discussions qui sont de son époque ; Jésus ne veut pas abolir la loi Jésus est venu pour l'accomplir, il n’est pas venu pour abolir les institutions de l'Ancien Testament, ni la Torah mais il vient les réaliser pleinement en sa parole. Nous voyons que Jésus a vécu un judaïsme authentique, que Jésus s'est démarqué d'une certaine façon ; un auteur juif dira que c'était un juif marginal mais il y avait d'autres juifs marginaux à l'époque de Jésus. Alors Jésus va se glisser aussi, et cela est important, dans l'espérance de son temps. Vous savez, c'est une période où les idées bouillonnent dans le judaïsme. Il y a deux types d'idées importantes : la vie après la mort et la venue d'un messie.

La vie après la mort s’adapte du temps des Macchabées. Rappelez vous pendant le temps des Macchabées, pour chasser Antiochus IV Épiphane de la terre, beaucoup de jeunes sont morts, et la question a surgi : que devient le juste après la mort ? Et là, il y a toute une réflexion qui est en train de se faire et la réflexion d'une vie possible après la mort pour le juste et beaucoup de courants entrent dans ce questionnement sauf les sadducéens mais les pharisiens sont en plein dans ce questionnement.

Et l'autre aspect évidemment de la réflexion, c'est la venue d'un messie, tout simplement aussi parce que Israël se trouve dans une grande crise sous la domination romaine et une domination qui se fait de plus en plus forte. Alors va revenir la question de la possible venue d'un sauveur, de quelqu'un qui peut transformer cette situation. Alors le mot « messie » comme vous savez c'est le mot « mashiah » qui veut dire oindre en hébreu et dans la Bible, dans l'Ancien Testament, on a 39 occurrences de ce mot qui va être traduit en grec par « Christos », ce qui va donner « Christ ». 

Pendant toute une période, les figures messianiques sont peu développées ; mais à partir du retour d'exil, un certain nombre de figures messianiques vont apparaître en Israël. Alors évidemment, il y aura une figure royale de type davidique, il y aura la figure également du serviteur souffrant, il y aura à Qumran, une double figure avec d'abord un messie sacerdotal et puis à un messie royal. Donc des figures de messie c'est à dire de quelqu'un qui va pouvoir permettre à Israël de sortir de cette situation dans laquelle il est, de domination romaine etc. apparaissent dans la littérature biblique. C'est quelque chose qui est très présent aux esprits lorsque Jésus vit et lorsque Jésus va à la synagogue.

A partir du retour d'exil, un certain nombre de figures messianiques vont apparaître en Israël. Il y aura une figure royale de type davidique, il y aura la figure du serviteur souffrant, il y aura à Qumran, une double figure avec d'abord un messie sacerdotal et puis à un messie royal.

Je vous cite un texte (Genèse 49, 10). Dans le texte hébreu je lis ceci : « le sceptre ne s'éloignera pas de Juda ni le bâton de chef d'entre ces pieds jusqu'à ce que le tribut lui soit apporté et que les peuples lui obéissent ». Là, il est question d’un roi. Dans un targum, le texte araméen qui est lu à la synagogue pour expliquer davantage : "les rois ne manqueront pas d'entre ceux de la maison de Juda ni les scribes docteurs de la loi parmi les fils de ses fils jusqu'à ce que vienne le roi messie". Dans le texte araméen, ça y est, on fait le lien entre une figure royale et la figure du messie à qui appartient la royauté et à qui se soumettront tous les royaumes. Et dans le texte grec de la Septante, on verra aussi apparaître progressivement cette notion de messie. 

Donc à l'époque de Jésus, cette notion de messie est très présente, ce n’est pas Jésus qui l'amène. A l'époque de Jésus vont apparaître un certain nombre peut-on dire de pseudo messies, de gens qui vont se manifester en disant qu'ils sont comme le messie et on retrouve cela dans des textes de Flavius Josèphe, avec notamment la figure de Theudas, un prophète égyptien. On voit des gens qui subitement vont se présenter comme des messies et cette expérience des faux messies va être très douloureuses pour Israël parce qu'elle va s'achever particulièrement en 132 avec une figure de messie en qui beaucoup ont cru, même un grand maître comme Rabbi Akiva, et ce fameux messie, c'était Barkorba dont la révolte va entraîner l'écrasement du pays.

Jésus récapitule au fond en lui toutes les figures messianiques présentées : il est le serviteur souffrant, il est le roi d'Israël (...) Le cardical Lustiger écrira que Jésus résume la totalité d'Israël ; il représente et incarne le peuple dans sa totalité.

Quand on lit dans le Talmud, on voit très bien qu’il y a beaucoup de prudence et de mise en garde face à la notion de messie. Jésus est cette figure messianique par excellence. On pourrait dire que Jésus récapitule au fond en lui toutes les figures messianiques présentées : il est le serviteur souffrant, il est le roi d'Israël, etc. Il est cette figure à la fois du grand prêtre et du roi telle qu'on la trouve à Qumran ; il est le messie d'Israël parce qu'il est celui qui obéit pleinement à la Torah telle que Dieu a voulu qu'on obéisse. Le cardinal Lustiger écrira que, en tant que roi messianique d'Israël, Jésus résume la totalité d'Israël ; il représente et incarne le peuple dans sa totalité ; en résumant en lui toutes ces figures messianiques, il incarne le peuple dans toute sa totalité.

Jésus est juif, pleinement juif, le Christ est juif et devenir chrétien pour Jésus comme pour tout homme n'est en aucune façon perdre son identité juive.

Jésus est juif, pleinement juif, le Christ est juif et devenir chrétien pour Jésus comme pour tout homme n'est en aucune façon perdre son identité juive.

Je voudrais finir sur ce texte d'Édith Stein, qui avait reçu le baptême chrétien et qui voulait marquer qu'il n'y a aucune rupture pour elle avec son héritage juif : « tout au contraire, a-t-elle dit, j'avais abandonné ma pratique de la religion juive à l'âge de 14 ans ; mon retour à Dieu m'a fait me sentir à nouveau juive. » Elle a toujours été consciente qu'elle était liée au Christ non seulement au sens spirituel mais aussi par le sang. Et rappelez-vous, je finis par cette épitaphe que vous pouvez voir à Notre-Dame, le cardinal Lustiger, le texte qui est inscrit sur un des piliers : « je suis né juif, j'ai reçu le nom de mon grand père paternel Aaron. Devenu chrétien par la foi et le baptême, je suis demeuré juif comme le demeuraient les apôtres, j'ai pour saint-patron Aaron le grand prêtre, saint Jean l’apôtre, Marie pleine de grâce. » Donc un juif qui devient chrétien ne perd absolument pas sa judaïté.

Jésus demeure juif. Le christianisme s’enracine par Jésus mais aussi par évidemment toute la lignée des patriarches dans le judaïsme.

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