Marie, humaine et universelle

Sainte Vierge, Immaculée Conception, mère de Jésus, mère de Dieu… Comment approcher Marie, comment la rejoindre ? Sophie Binggeli, professeure à l’École Cathédrale au Collège des Bernardins, évoque dans un échange à bâtons rompus la figure de Marie.

Publié le
7/7/23
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D’où vous vient cet intérêt pour la Vierge Marie ?

Dans le monde chrétien, le « Je vous salue Marie » constitue la prière la plus universelle. C’est une prière d’intercession. Elle est récitée avec une intention : nous centrer sur le Christ. Marie Lui présente nos demandes, nos supplications, nos joies. Cette prière mariale, c’est aussi bien souvent, la dernière que les personnes adressent à l’approche de la fin de leur vie, quelle que soit leur ancrage dans la foi. C’est pour moi le signe de la présence marquante de Marie, d’une sorte de consensus autour de sa figure pourtant si difficile à saisir. Elle est à la fois universelle et énigmatique, singulière et proche de chacun de nous.  

 

Pouvez-vous nous donner un exemple de cette universalité de Marie ?

Sa foi nous paraît évidente notamment en raison de l’Annonciation, texte biblique dans lequel elle répond à la proposition de l'ange : « Qu’il me soit fait selon ta parole » (Luc 1, 38). Et pourtant, si elle vit dans la plus grande proximité avec son Fils, celui-ci se situe aussi paradoxalement dans une certaine distance : elle-même doit croire et donc traverser l’épreuve de la foi. Jean-Paul II a ainsi dit qu’elle vit « une nuit de la foi », qui culmine au pied de la Croix.

 

Elle-même doit croire et donc traverser l’épreuve de la foi.

 

C’est une épreuve qu’elle surmonte. Le caractère humain de cette expérience peut nous inspirer. Cela correspond à ce que nous pourrions vivre un jour et nous permet de nous sentir si proches d’elle.

Marie a-t-elle connu la mort ? Selon certains commentateurs, Marie serait morte le jour où son Fils est mort en croix. L’Assomption, son élévation au Ciel, nous apporte un autre enseignement sur la mort : elle n’est pas seulement un drame terrible. Elle peut aussi représenter notre ultime réponse à Dieu : une offrande et le plus grand acte d’une vie, sa consécration.

Ce qui arrive à Marie est toujours un enseignement et une espérance. Elle a une destinée unique et pourtant elle est profondément ancrée dans la vie. Cela nous montre que le salut est possible dans notre humanité.

 

Vous dites que Marie est« ancrée dans la vie », mais Marie est mère de Dieu. Il est assez difficile de se projeter en elle…

Nous pouvons l’aborder par le prisme de la maternité à l‘égard de son fils, qui la rend proche de chacun de nous. Relisons les noces de Cana auxquelles elle participe (Jean, 2, 1-11). C’est elle qui voit les manques et les pauvretés des hôtes : ils n'ont plus de vin...Pourquoi ? Parce qu’elle fait partie de notre humanité. Elle le voit, elle en parle à son fils et le provoque à agir.

Par son accueil intime de Dieu s’opère la nouveauté de l’ Alliance apportée par le Christ.

 

Marie nous montre que le salut est possible dans notre humanité.

 

Jean-Paul II nous dit qu’elle exerce une médiation maternelle entre son fils et les hommes car elle sait les biens qu’Il peut apporter. Pour moi, c’est la clé de la proximité de Marie avec nous, et c’est en cela qu’elle est unique parmi les figures clés de la religion et de la foi chrétiennes.

 

Vous donnerez en septembre 2023 un cours intitulé « Marie, femme, mère et éducatrice ». Pouvez-vous nous expliquer ce titre ?

Le premier adjectif, « Femme », signifie que lorsque Marie s’engage dans l’Alliance avec Dieu, ce n’est pas de façon neutre, mais en investissant toute sa féminité. Elle le fait à partir de son « je » personnel, féminin, et elle effectue cet engagement en se faisant l’héritière de l'histoire d'Israël.

La dimension de« Mère » renvoie à une maternité qui redonne la vie. Je l’explique par le parallèle avec Ève, par qui la mort entre dans le monde. Marie, nouvelle Ève, est à la fois Mère du Christ et de l’Église. Elle contribue à redonner la vie en plénitude.

Quant au terme « Éducatrice », il rappelle cet accompagnement dans la discrétion que Marie nous apporte dans notre chemin de vie et de foi. Il signale également que cette Présence, habituellement silencieuse, sait aussi s’affirmer lors des moments essentiels. Dans l’Église, Marie est donc signe d’espérance pour ceux qui sont encore en marche.

 

Je découvre et m’inscris au cours « Marie, femme, mère et éducatrice »

 

Pour approfondir le sujet, découvrez la saga de PRIXM sur la Vierge Marie

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