Qu'est-ce qu'un Père de L'Eglise ?
Qui sont réellement les Pères de l'Église, ces défenseurs ardents de la foi chrétienne dont l'influence perdure encore aujourd'hui ? Avec le père Guillaume de Menthière, explorons ces figures du christianisme antique ! Quels sont les critères pour être considéré comme un Père de l'Église ? Avec la vie de 10 pères, découvrons le rôle vital de ces écrivains ecclésiastique dans le renouveau chrétien et la transmission de la doctrine à travers les siècles.
On se choque quelquefois de ce que nos aïeux ne pouvaient lire la Bible chez eux - quoiqu’ils en connussent fort bien la substance par d’autres moyens – mais curieusement on ne se soucie pas de ce que de nos jours la quasi-totalité des chrétiens ignorent jusqu’à l’existence de la Tradition des saints Pères. Tenez, allons au fait : Sauriez-vous citer quelques noms de Pères de l’Eglise ? Pourriez-vous définir ce que recouvre cette notion ?
A vrai dire il n’y a ni liste arrêtée ni définition précise à leur sujet…Alors ? qui sont les Pères ?
En nous inspirant de saint Vincent de Lérins, lui-même Père du Vème siècle, nous retiendrons trois critères pour être rangé au nombre des Pères de l’Eglise:
- Être un écrivain ecclésiastique
- Appartenir à l’antiquité chrétienne (du Ier au VIIIème siècle environ)
- Être un témoin autorisé de la foi
1. Un écrivain ecclésiastique.
Un Père de l’Eglise est d’abord un écrivain ecclésiastique. Il doit donc nous avoir transmis des œuvres écrites et appartenir à l’Eglise catholique. Il peut être pape comme saint Léon, évêque comme saint Basile, prêtre comme saint Jérôme, diacre comme saint Ephrem, laïc comme saint Justin, marié comme saint Prosper d’Aquitaine….
Un saint Denis (IIIème siècle), ou un saint Martin (IVème siècle) par exemple, tous deux évêques, sont bien des ecclésiastiques de l’antiquité chrétienne, très connus et très vénérés, mais comme ils n’ont pas laissé d’œuvre écrite, ils ne sont pas considérés comme Père de l’Eglise.
2. De l’antiquité chrétienne
Inutile de postuler ! Ni vous, ni moi, ni le plus grand saint ou théologien actuel ne seront jamais Père de l’Eglise. Pour l’être il faut avoir appartenu à l’antiquité chrétienne. On considère généralement saint Bède le Vénérable (673-735) comme l’ultime Père latin. Du côté oriental on donne saint Jean Damascène (675-749) comme le dernier des Pères grecs.
On ne va quand même pas lire ces vieilleries pensez-vous ? Ne nous y trompons pas : ces vieux auteurs sont notre jeunesse, l’enfance balbutiante et exaltée de l’Eglise. Nous nous mettons à leur écoute, « comme l’homme se souvient des profondes intuitions de l’adolescent ». Rien n’est plus revigorant. Un vrai bain de jouvence !
« Chaque fois qu’un renouveau chrétien a fleuri, il a fleurit sous le signe des Pères. Tous les siècles en témoignent. » pouvait écrire le Cardinal de Lubac.
Certes, la Tradition ne cesse de s’enrichir et l’Eglise sait aujourd’hui bien des choses que les Pères ont ignoré. Mais, pour reprendre une image expressive, nous sommes à bien des égards comme des nains juchés sur les épaules de ces géants que furent les Pères. Si nous voyons plus loin qu’eux c’est à leur haute stature que nous le devons.
Les Pères se situent en outre à une époque antérieure aux grandes ruptures de l’Eglise notamment au grand schisme de l’Eglise orientale et occidentale en 1054. La lecture des Pères peut ainsi nourrir le dialogue œcuménique.
3. Témoin autorisé de la foi
C’est le point le plus difficile à préciser. Le critère vaut plutôt négativement. Par exemple un évêque comme Fauste de Riez (Vème siècle) qui a sombré dans l’hérésie semi-pélagienne ne peut être reconnu comme Père de l’Eglise bien qu’il soit un auteur ecclésiastique de l’antiquité chrétienne. Certains documents du Magistère donnent des listes d’auteurs approuvés ou rejetés.
En principe l’orthodoxie de la doctrine et la sainteté de la vie sont requises pour faire partie des Pères de l’Eglise. Toutefois on n’hésite pas à ranger parmi les Pères des savants aussi illustres que Tertullien(215) ou Origène(253) quoiqu’ils aient pu errer dans la foi et qu’il ne soient pas canonisés.
Par où commencer ? L’œuvre des Pères de l’Eglise représente des siècles de littérature chrétienne... On pourrait se perdre !
En effet, on y trouve : des traités de théologie, des homélies, des lettres, des commentaires d’Ecriture, des controverses, des réfutations, des prédications prises à la volée par des tachygraphes etc… Avouons-le, tout n’est pas d’égale valeur dans ce fatras, mais comme disait Bossuet : « il y a de l’or dans le fumier de Tertullien ».
Dans les endroits les plus inattendus de merveilleuses pépites se découvrent comme autant de trésors insoupçonnés, joyaux de la foi vivante !
Heureusement, il existe de bons guides. Des savants ont débroussaillé le terrain confus de la littérature antique.
On distingue :
- la Patrologie qui porte un regard historique sur la vie et les écrits des Pères
- la Patristique qui étudie théologiquement la doctrine des Pères.
Ajoutons à cela le travail des traducteurs et des vulgarisateurs qui rendent aujourd’hui accessible cet héritage à un large public.
Tout d’abord, Il faut signaler l’œuvre colossale des Mauristes à l’Abbaye de saint Germain des Près.
Puis, au XIXème siècle on ne peut oublier ce petit prêtre du Cantal , l’abbé Jacques-Paul Migne qui compris que l’eau vive est celle qui n’est pas séparée de sa source et que le renouveau de l’Eglise passait donc par une redécouverte de la Tradition vivante dont les Pères sont les premiers chaînons. Par un travail herculéen l’obscur abbé auvergnat édita une collection, la Patrologie de Migne, une compilation titanesque, sans égale, qui comprend près de 400 volumes in folio en grec et en latin !
Enfin, au XXème siècle, les travaux des Pères Daniélou, de Lubac, Mon désert, la collection Sources chrétiennes et l’œuvre du Père Hamann ont rendu le trésor des Pères largement accessible en langue française. Avouons-le, cela nous facilite la tâche !
Pour aller plus loin sur les Pères de l’Église :
- Saint Justin face à l’Empire : le courage de la Vérité
- Tertullien : Entre génie et hérésie, le Père controversé de la théologie Latine
- Saint Irénée : gardien de la tradition apostolique et héraut l’orthodoxie
- Origène : pionnier de l'exégèse et architecte de la pensée chrétienne
- Saint Hilaire de Poitiers : Le Rhône de l'éloquence au service de la Trinité
- La véritable histoire de Saint Jérôme
- Saint Ambroise : le saint qui parlait aux rois
- Saint Jean Chrysostome : prédicateur ardent et Père de la Doctrine sociale
- Saint Grégoire le Grand : architecte du Moyen âge chrétien
Crédit : Sedmak
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