Le plaisir charnel est-il bon ?
La recherche du plaisir charnel est-elle bonne ou mauvaise ?
Injonctions contemporaines au plaisir sous toutes ses formes, addictions variées mais toujours destructrices, sentiment de consommer voire d’être consommé... Il n’est pas besoin d’être chrétien pour sentir combien la recherche des plaisirs physiques et sensuels, loin de libérer, peut asservir l’homme qui s’y adonne.
« Il n’est pas besoin d’être chrétien », disions-nous. S’il est en effet une idée solidement reçue et largement partagée par nos contemporains, c’est celle d’une Église par principe hostile aux plaisirs charnels, de la chair et de la chère, étant, par principe (croit-on), hostile au corps ou nourrissant vis-à-vis de celui-ci un rapport ambigu.
Pourtant, la haine d’un corps par essence mauvais, ou bien l’idée d’une maîtrise absolue de soi par l’oubli ou le dressage du corps, ne sont pas, loin s’en faut, des idées fondamentalement chrétiennes. La première est au contraire le fait du grand ennemi du christianisme, le dualisme manichéen ou gnostique et sa morale désincarnée ; la seconde relève plutôt du stoïcisme. Ce n’est pas tant que la pensée chrétienne fût opposée à la morale stoïcienne (on sait leur parenté de vues, à maints égards). Mais pour les chrétiens, la recherche de la perfection morale ne consiste pas en un accomplissement purement individuel. L’autre est premier. Et dans cette relation authentique, de sujet à sujet, le plaisir charnel a sa place.
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