Théologie

Fin du monde ou fin des temps : que dit la Bible ?

Publié le
19/12/13
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« Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges des cieux, pas même le Fils, mais seulement le Père, et lui seul » (Matthieu 24, 36). Cette parole prononcée à Gethsémani souligne que la fin du monde n’est pas un secret. Le secret, c’est la fin des temps. Même pour le Fils, nous dit Jésus. S’interroger sur la différence entre fin du monde et fin des temps s’apparente à deux autres interrogations philosophiques fondées sur la connaissance scientifique et aussi anciennes que l’humanité : le monde est-il fait pour nous (question du principe « anthropique ») ? Sommes-nous seuls dans l’univers ? Toutes ces interrogations ont en commun de posséder une dimension vérifiable, positive, et une dimension plus subjective mais qui ressortit néanmoins elle aussi du registre de la vérité et de l’erreur. Cependant, il est loin le temps où Aristote pouvait fonder son modèle de cité sur l’harmonie alors supposée du cosmos. Notre univers, celui de la mécanique quantique (infiniment petit) comme celui de la relativité générale (infiniment grand), est irreprésentable. Ses lois demeurent encore en grande partie à trouver et des modèles concurrents (« big bounce » - « grand rebond » - « multivers », etc.) achèvent de brouiller le regard que l’homme moderne peut porter sur lui. Or si, à l’instar de la science, l’homme moderne se méfie des certitudes, il a besoin comme ses prédécesseurs d’un soubassement positif, scientifique, à partir duquel penser et agir dans le monde.

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On nous a choisi un thème qui est absolument bienvenu pour le temps de l'Avent et qui arrive à son œuvre même, dernier jeudi théologie avant Noël, puisqu’il s'agit de fin des temps, de fin du monde. Donc on suggère qu'il y a une distinction entre les deux et c'est ça que je vais essayer de réfléchir avec vous. Et puis que la Bible soit le guide, la lumière, les deux à la fois pour comprendre de quoi il s'agit, en voir les enjeux et pouvoir continuer une réflexion.

Nous partons pour 26 minutes de conférence qui sera suivie comme d'habitude d'un quart d'heure de questions-réponses.

Donc fin des temps fin du monde, je vous lis ce verset de l'Évangile selon saint Matthieu que vous connaissez qui est au chapitre 24 dans le discours apocalyptique de Jésus sur le Mont des Oliviers au verset 36 :

Mais, dit Jésus, ce jour et cette heure, nul ne les connaît ni les anges des cieux, ni le Fils, personne sinon le Père et lui seul.

La déclaration est très claire : il y a une fin du monde ; quant à la fin des temps, c'est un secret. La fin du monde n'est pas un secret et la fin des temps est le secret du Père même vis-à-vis du Fils. Extrêmement intéressant. C’est donc que l'idée d'une fin du monde est accessible aux hommes ; par eux-mêmes, les hommes peuvent y réfléchir et vous avez des scénarios d'astrophysiciens.

Mais vous avez aussi aujourd'hui des scénarios d'écologistes ; vous avez des scénarios de psychanalystes et si on appelle fin du monde notre mort à chacun de nous, vous avez des scénarios de médecins : « Monsieur si vous continuez à fumer comme ça, il vous en reste pour cinq ans ».

Qu’il y a une fin du monde, nous le savons ; ce que signifie la fin des temps, c'est une question purement théologique. Donc voilà l'enjeu de notre réflexion.

Au fond, la question qui est devant nous, c'est : qu'est-ce que nous apprend la science ? la science des savants mais aussi la science quotidienne. Et qu'est-ce que nous apprend Dieu sur la question de la fin du monde et la fin des temps ? Qu’est-ce qui est donc caché dans l'idée de fin des temps, que ce ne soit pas une question humaine ni angélique ni même du Fils mais seulement du Père ? Pourquoi fin des temps et fin du monde, ce n’est pas pareil ?

Pour réfléchir à ça, j'ai besoin donc, je pense que c'est l'enjeu de la rencontre d'aujourd'hui, de réfléchir à des exemples. J'en prendrai deux de ce que la science peut connaître mais de la limite jusqu’où va son savoir et encore une fois par science je parle évidemment de la science des savants, celle qui se construit avec des repères objectifs, des expériences vérifiables, mais aussi de la science qui est simplement beaucoup plus personnelle transmise de génération en génération qu’ont développée des peuples qui n'avaient pas de CNRS ni Collège de France.

Le premier exemple que je prends pour saisir la question, c'est ce qu’un certain nombre de philosophes des sciences appelle le principe anthropique.

Qu'est-ce que le principe anthropique ? Vous en savez au moins autant que moi ; je ne suis pas un spécialiste de la question mais je le prends comme exemple. On appelle principe anthropique avec un a c'est un jeu de mot avec l'entropie des physiciens avec un e. Anthropique d'après anthropos l'homme, c'est le relevé philosophique c'est à dire réfléchi, humain de l'ensemble des données scientifiques sur la genèse du cosmos, sur l'apparition des espèces, sur la place de l'homme, de l'humain dans les espèces.

C'est l'étude de l'ensemble des données scientifiques qui tendent à montrer qu'il y a une convergence étonnante entre la structure de l'univers dont on sait qu'elle a des milliards d'années et l'existence de l'humain qui a un million d'années. Donc, en étudiant des données scientifiques objectives et vérifiables sur l'univers, sur les constantes physiques, sur les règles biologiques, sur les principes historiques, on se rend compte qu'il y a une sorte d'harmonie préétablie, d'homogénéité, de parenté entre ce qu'est l'univers et les conditions d'existence et de possibilité même de l'existence de l'espèce humaine et de chacun de nous.

On s'étonne. Ce qu'on appelle le principe anthropique, c'est cet étonnement philosophique, c'est l'étonnement du scientifique en tant qu’ il est philosophe ou du non-scientifique en tant qu’il réfléchit sur le fait que nous sommes très tard venus dans le monde et dans un petit coin du monde tout à fait excentré et que pourtant ça ressemble à un nid ; pas un nid douillet, un nid qu’il faut construire nous-mêmes, les parents ne nous ont pas donné la becquée, on a dû nous-mêmes se développer comme espèce humaine.

Il y a deux variantes du principe anthropique faible et fort selon que l'on estime qu'il y a une vraie causalité pour que l'humain apparaisse, ce qui est une thèse philosophique forte et pas admise par tout le monde. Le principe anthropique faible dit que l'apparition de l'humain était possible et elle a eu lieu.

Qu’est-ce que cet acte de penser ? C’est un acte humain réfléchissant sur des données certaines, des choses assez solides (pas des certitudes, la science n'aime pas trop les certitudes) que l'univers soit ainsi et que nous y soyons, ceci semble harmonieux alors qu'il n’y a aucune raison que ça le soit. C'est donc une énigme philosophique. Le principe anthropique, c'est un étonnement philosophique : est-ce que l'univers serait là pour qu'on y arrive ?

Je donne un deuxième exemple pour faire comprendre l'enjeu de notre séance. C’est la question contemporaine aussi : sommes-nous seuls dans l'univers ? Là aussi relever d'un ensemble de données scientifiques, on sait qu'il y a tant de systèmes solaires et puis même si ce n’est pas des systèmes solaires dont il existe des milliards mais c'est des constellations, c’est même des amas de constellations.

L'univers est dans une surabondance de richesses incroyables et la loi des statistiques nous apprend que si on essaie de chiffrer la probabilité qu’apparaisse une planète qui est déjà une chose assez rare, mais que cette planète en plus a la masse suffisante et la distance suffisante par rapport à un astre pour pouvoir développer une atmosphère, c'est à dire qu'elle ne soit pas soumise aux radiations cosmiques, qu’elle soit protégée et que dans cette atmosphère il y ait assez de composants, d'atomes qui se soient agrégés de manière ou tel ou tel que quelque chose comme de la vie. C'est-à-dire un processus de finalisation d'un certain nombre d'éléments. Chez nous, elle est bâtie à partir du carbone, c'est l'élément de base de la vie qu'on appelle organique pour cela sur terre mais on peut imaginer que d'autres atomes. Scientifiquement on peut élaborer la possibilité à partir d'un autre atome que le carbone apparaissent des organismes qui peuvent être semblables aux vivants ou même pourquoi pas à partir du carbone dont il n'y a pas de raison de penser qu'il n'existe que de notre canton l'univers ; et c’est donc après, c’est des lois statistiques appliquées par les scientifiques : x % de chances qu’il y ait de la vie, x % de chances qu'elle réussisse ou qu'elle meure, x % de chances qu'il ait de l'intelligence qui naisse dans la vie, multiplié par le nombre de planètes, le nombre de systèmes, le nombre de galaxies, d'amas de galaxies et ben, on arrive à un pourcentage qui n’est pas complètement idiot. Et non, dire qu’on est les seuls n'est pas scientifique.

La question : sommes-nous les seuls dans l'univers ? n'a pas de réponse scientifique mais il y a des éléments scientifiques et à partir de là on fait une réponse philosophique, théologique si on veut. C'est comme pour les questions précédentes, c'est à dire on dit comment je me positionne, moi, sur la base de ces données qui sont données à tous mais moi, je vais prendre position comment.

Ces deux questions existent et sont réelles, vous êtes d'accord. On en entend parler même dans les journaux pas seulement de bonne vulgarisation scientifique, mais aussi à la radio ou autres, elle nous habite, nous ne sommes plus une humanité qui ne se pose pas ces deux questions. Est-ce que le monde est fait pour nous ou est-ce que c'est juste une illusion ? Est-ce que nous sommes les seuls au monde ? Une affirmation extrêmement forte ou est-ce que nous ne sommes pas les seuls ? C’est une affirmation extrêmement intrigante.

Ces deux questions qui sont réelles, je dis qu'elles sont du même ordre que de s'interroger sur la différence entre fin du monde et fin des temps. Ce sont des questions où interviennent une dimension vérifiable, positive et une dimension plus subjective et pourtant qui permet d'atteindre des vérités ou des erreurs.

Bon si on regarde l'histoire de la pensée, en fait de savoir si le monde, le cosmos et l'humain sont faits l'un pour l'autre ou si on est là dans un monde qui ne veut pas de nous comme des étrangers c'est des questions aussi anciennes que l'humanité.

Vous avez chez les philosophes grecs un certain nombre de philosophes qui disent ce monde a été créé par un dieu qui nous est ennemi et c'est pour ça qu'on y est mal et un jour se révélera un dieu ami donc l'idée qu’il n’y a pas de principe anthropique.

Et vous avez d'autres philosophes qui disent pour bâtir une cité humaine digne de ce nom, il y a éthique, spiritualisé, civilisé nous devons imiter l'ordre du cosmos et donc le cosmos non seulement nous est familier mais il nous est bienfaisant.

Regardez comment les astres rayonnent leur lumière, comment ils tournent, reviennent ; il y a une paix du cosmos qu'il nous faut imiter si nous voulons faire une société humaine donc le cosmos non seulement nous accueille mais nous parle.

De la même manière sommes-nous les seuls dans l'univers ? On ne disait pas que ça comme ça mais on disait, je ne me place pas du tout à l'époque et des martiens ou des luniens, on disait : il faut regarder les dessins antiques à l'autre bout du monde, aux antipodes il existe des gens qui ont deux têtes, quatre mains etc. on imaginait des créatures étranges, humanoïdes vivantes finalement un peu comme nous on imagine des martiens parce que l'on concevait bien que sur la terre on n'était pas les seuls humains.

Alors dire sommes-nous les seuls sur terre ou sommes-nous les seuls dans l'univers, il y a un changement d'échelle. La deuxième question a une valeur scientifique plus instable que la première. Sommes-nous les seuls sur terre ? Vraisemblablement pas. Et puis d'ailleurs, les gens du contour méditerranéen connaissaient bien la civilisation chinoise mais ils ne connaissaient pas par exemple ce qui se passait dans les Indes Occidentales comme ils les ont appelés un jour. Quand ils ont découvert à la fois de manière intéressée et désintéressée, ils se sont demandés s’ils ont vraiment une âme ou est ce qu'on peut en faire des esclaves.

Donc ce sont des questions séculaires et je pense que à l'époque paléolithique ça devait être un peu pareil, surtout si on suppose que l'apparence physique était moins homogène et que quand on venait du rift africain et qu'on tombait sur un sapiens ou un australopithèque qui n’était pas encore humanisé complètement, on devait se demander voilà tu descends de quelle branche toi ? Est-ce qu'on peut se marier ensemble ? Vous savez que des savants ont vérifié qu’il y a des gènes de Cro-Magnon chez sapiens, or c’est deux rameaux différents donc il y a eu des mariages entre voilà entre humains, ou humanoïdes qui étaient assez différents.

Donc l'idée de l'étranger radical même sur terre est possible. Étant donné que cette question est donc réelle, qu'elle est moderne, bon continuons à avancer en elle ; étape suivante, pour répondre à la question que pose Jésus : pourquoi est-ce qu’on ne connaît pas la fin des temps alors qu'on connaît la fin du monde ?

Pourquoi est-ce qu'on n'est pas sûr qu'il ait quelqu'un d’autre de vivant dans l'univers alors qu'on sait que c'est possible ? Pourquoi est-ce qu'on ne sait pas si l'univers est vraiment fait pour nous alors que c'est possible ?

Je pose la question suivante, qui est plutôt philosophique que théologique : À quoi ça sert l'univers ? Qu'est-ce que c'est ? Ce n’est pas une question si courante que ça. On vous dit l'universel c’est comme ça, ça a commencé à tel moment, il va finir à tel moment, puis il y aura des fins partielles à tel moment, de tels endroits quand telle étoile mourra autour d'elle c'est sûr que tout va disparaître parce qu'elle va devenir une géante et elle va tout brûler et puis après, elle va se rétrécir et va tout glacer.

On décrit, on dit comment ça marche, mais la question pourquoi ? la question des enfants pourquoi ? Pas au sens pourquoi ça mais en vue de quoi ? la question à quoi ça sert l'univers ? Une question très intéressante. Je pense, je plaide pour que si on veut aller vers la réponse à la question de Jésus ou plutôt, de comprendre la question de Jésus pourquoi est-ce qu’on ne connaît rien la fin des temps, il faut répondre à la question à quoi sert l'univers ?

La science peut nous aider, elle observe. Si vous découvrez un piano dans une pièce, on peut supposer que vous allez comprendre à quoi ça sert. Si vous découvrez un grille-pain dans une pièce, moi j'ai eu à accueillir un séminariste béninois qui n’était jamais monté dans un ascenseur, il n'a pas mis longtemps à comprendre à quoi ça sert un ascenseur.

Quand on voit quelque chose qu’on ne connaît pas on peut chercher à quoi ça sert. Par rapport à l'univers, c'est spécial parce que c'est le tout. On appelle l'univers le tout. Et s'il y a plusieurs univers, appelons univers le tout des univers, pas gênant, on peut faire ça. À quoi ça sert ? Cette question, elle est quasi divine. Qui d'autre que Dieu, s'il existe- il existe-qui d'autre que Dieu peut répondre à quoi ça sert ? nous qui serions-nous pour le dire ?

Eh ben voilà ça c'est le paradoxe humain, c'est que nous ne sommes pas grand-chose et que nous nous posons ces questions-là et que même par naïveté ou par une réflexion qui surmonte un refus de répondre, nous pouvons essayer d'y répondre. Voilà une réponse que je vous suggère : l'univers est une machine immense pour produire de l'amour.

L’univers est une machine immense pour produire de l'amour. C'est la réponse que donnait Teilhard de Chardin. Vous entendez la tension entre les deux mots machine et amour. Votre grille-pain, ce n'est pas une machine à produire l'amour, notre piano non plus et pourtant…le jour où vous préparez le petit déjeuner pour votre époux ou pour votre épouse, le jour vous apprenez le piano ou vous faites votre leçon très bien pour pouvoir réjouir, soit les gens qui ont payé leur place aux concerts soit vos parents qui vous ont mis au conservatoire, l’usage de l'instrument suppose toujours un amour.

Dire que l'univers est une machine à produire de l'amour, c'est dire que l'univers est une machine qui produit mécaniquement des choses, des planètes d'abord des atomes, des planètes et parmi toutes les planètes, la petite planète bleue qui est tellement belle parmi toutes les autres ; aucune autre n’est bleue, c'est la seule qui a de la couleur.

On la voit de loin, maintenant on a des photos qui vous montrent la terre vue de Saturne. On peut trouver sur Internet la terre vue de Saturne, on la repère tout de suite. On a un cadeau inouï sous nos pieds, inouï cette planète dans laquelle il y a de la vie et nous en sommes les gardiens d'après la Genèse, nous ne sommes pas chargés d'en faire la poubelle de l'univers il y a des tas de poubelles partout, nous sommes la seule qui n'est pas une poubelle.

Et donc si l'univers est tel, même si je ne crois pas en Dieu et que l'univers a produit la planète Terre, c’est pour l'admirer, c'est pour la civiliser. Vous voyez, il n'y a pas besoin de croire en Dieu pour comprendre que l'amour est la finalité l'univers.

Et la révélation chrétienne vient juste confirmer quelque chose que n'importe qui pouvait découvrir. Aristote, il ne faut pas l'accuser d'être un chrétien, il est né quatre siècles avant le Christ, c'était le précepteur d’Alexandre le Grand. Aristote dit que la force des forces, la cause des causes dans le monde, c'est l'amour.

C’est l'amour Éros chez Aristote et le désir de trouver un mouvement stable ou même de trouver l'immobilité parfaite qui dépasse tout mouvement. Et pour lui l'univers est une machine à s'approcher par désir de Dieu qu'il appelle la pensée de la pensée, la vie de la vie, qui est séparé du monde, transcendant au monde et qui est le cœur de la machine de l'univers non pas créateur mais cause finale. Il a trouvé ça tout seul, donc on peut le lire dans l'univers, c'est de la philosophie pas la théologie ; on n'est pas obligé parce qu'on ne croit pas au Christ de vivre dans l'univers comme des sauvages ou de faire de Darwin la loi ultime de l'univers, la loi du plus fort.

La force du message de dire attend il y a des choses que tu ne connais pas mais les choses vers laquelle tu peux aller, qu’il y a une fin du monde qui t'invite à l'amour. Quand même, c’est pas mal, c'est civilisateur mais qu'est-ce que c'est que les civilisations du monde sinon des tentatives d'organiser la société humaine qui est toujours faite de violence, de jalousie, les dauphins pas les belles sœurs, les belles sœurs qui ne s’aiment pas entre elles, les curés qui n'aiment pas les soldats, personne n'aime les banquiers… notre monde il y a plein de d'antipathie et pourtant sa logique ontologique qu'on connaisse ou pas les lois de la physique de l'astrophysique ou la mécanique quantique c'est de produire de l'amour.

Si on garde ça dans la foi, c'est encore plus évident puisque on dit que Dieu est amour, qu’il a créé le monde pour que surgisse humain et que l'humain est capable d'aimer et le salut de Dieu c'est rendre l’humain capable d'aimer alors qu'il se comporte comme un sapajou. C’est la pédagogie de Noël, les enfants, les cadeaux seront sous le sapin demain ; c'est la pédagogie de l’attente du cadeau qui vient.

Quand on a compris ça, on comprend quelque chose qui est très important pour aujourd'hui : les scientifiques ne sont pas contre la foi, les scientifiques ne sont pas contre la foi ; la foi et les scientifiques ont un but commun, lequel ? Connaître le monde. Par la foi, on sait que le monde est une machine à produire l'amour, par la science aussi.

Pourquoi on ne nous dit jamais ça ? Pourquoi on nous dit qu’il y a une querelle entre foi et science ? C’est nous qui l'avons causé cette querelle, on n'est pas obligé de dire que Galilée s’est trompé, t'es pas obligé de, mais on l'a fait, voilà. Il faudrait éviter pour les inventions du 21e siècle qu’on recommence, car on en prend pour quatre siècles de déchristianisation.

La religion, la philosophie, la science sont des outils humains pour habiter le monde. On a besoin de tout le monde, de tous les savoirs. Comment on les accorde les uns aux autres ? Ce n'est pas toujours facile mais au fond accorder un orchestre n'est jamais simple et dans un orchestre il vaut mieux qu'il n’y ait pas que des flûtes traversières sinon la musique va être assez monotone.

Même quand Ravel écrit le Boléro, il s'arrange pour que les instruments différents jouent la même mélodie mais toujours des instruments différents. Voilà donc on a besoin de tout le monde, la diversité ne fait pas peur, ce qui fait peur c'est l'identité, l'homogénéité. Si tous vos enfants étaient le même cloné, je pense que vous ne seriez pas très heureux. Il faut accepter ces diversités.

Deuxième leçon : entre l'infiniment grand par rapport à nous et l'infiniment petit par rapport à nous qui sommes à peine gouvernés par les mêmes lois, on n'a pas encore trouvé la loi unique qui vous explique à la fois à l'échelle atomique et à l'échelle astrophysique. On cherche mais on n'a pas trouvé.

On a deux mécaniques, Einstein d'un côté, la mécanique quantique de l'autre ; pas la même science même en physique. Entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, ce que nous venons dire c'est qu'il y a une sorte de conspiration. Si les lois atomiques n'étaient pas ce qu'elles sont, on n'aurait jamais engendré l'univers qu'on a. C'est-à-dire que les lois astrophysiques, elles sont quand même partie de ce qu'on appelait autrefois un atome primitif. Aujourd'hui on remonte en deçà du big bang comme vous savez.

Dans un univers déjà physique, si le big bang tel que nous appelons big bang était le commencement, l'univers ne serait pas ce qu'il est. Le big bang consomme trop d'énergie pour permettre l'expansion, il faut aller voir ceux qui travaillent sur des multivers, la théorie des cordes c'est juste de la physique ce n’est pas de la métaphysique.

Donc le big bang n’est plus l'instant initial de l'univers, il y a un instant avant qu'on puisse appeler big bang à nouveau si on veut, mais il ne suffit pas d'une masse d’énergie qui explose pour que l'univers soit ce qui l'est. C’est accessible sur Internet ce genre de choses.

Mais ce que nous disons ici c'est simplement à l'humain, vivre avec la science c'est compliqué parce qu'elle a un langage très abstrait, très mathématique, elle représente des choses irreprésentables et les trous noirs c'est irreprésentable et quand on dit on traverse un trou noir on a l'espace-temps qui s’inverse, il y a plus de temps, irreprésentable ; on n'a pas d'imagination, et en mécanique quantique c'est pareil.

L'électron qui passe par deux fentes en même temps, bon d'accord et les particules, le boson de Higgs qu'on retrouve c’est irreprésentable. Les gens qui arrivent à se présenter cela sont des grands savants ou des gens très jeunes qui arrêtent d'imaginer et qui manipulent ça comme des données mathématiques et donc c'est assez difficile pour l'humanité d'aujourd'hui de vivre dans un univers qui est complètement irreprésentable ; on se dit que les lois ultimes ne correspondent en rien à la loi des chutes des corps. Quand on vivait à l'époque d'Aristote, on disait chaque objet va vers le lieu qu'il aime. On projetait sur les objets ce que nous faisons, il va vers le lieu de son repos comme nous nous allons vers notre lit.

Ça ne marche plus et on sait que c'est plus les lois physiques, scientifiques, et donc la question extrêmement urgente c'est comment je donne à des humains qui vivent dans un univers dont ils ont perçu la dimension surhumaine, inhumaine mieux que toujours auquel lui-même ne peut pas répondre comme la question de la fin des temps.

Mais ces questions, ce n’est pas la religion qui nous dit on ne peut pas répondre, c'est la science. Comment est-ce qu'on vit là-dedans et qu’on prend modèle. Aristote disait : il faut que la cité imite le cosmos pour vivre en paix. On vous dit si on dit qu'il faut imiter les supernovas qui explosent et les trous noirs qui dévorent, on va créer une société terroriste. Et d'ailleurs vous avez des sites fondamentalistes islamiques qui vous exposent leurs théories violentes à partir des violences du cosmos, qui n’est plus du tout un univers éternel et en paix comme chez les Grecs.

Donc les scientifiques et tous, nous sommes responsables devant les jeunes d'abord de faire une philosophie du monde qui en montrent la finalité aimante sinon, si nous faisons du monde une machine à la Darwin, nous allons forcément imiter ça comme société. Il faut créer des cosmologies, il faut créer à nouveau mais sur la base de la science d'aujourd'hui des discours non scientifiques interprétants.

Il y en a qui essayent, Jean Stone essaye mais malheureusement il fait du confusionnisme avec les sciences ; les frères Bogdanoff essayent, ils font beaucoup de bien aux enfants de 5 à 12 ans mais après vous allez faire rire la science etc.

Je termine. Tout ceci redonne une actualité fantastique à un discours religieux qu'on aurait tort, que l'on a tort de renoncer. C'est le discours sur ce qu'on appelle les fins dernières, la mort, le jugement éternel, la résurrection, etc. qui font partie non pas des affirmations sur la fin du monde mais sur la fin des temps et donc qu'ils sont des secrets de Dieu qui nous sont révélés auquel nous n'accèderons jamais par la science mais qui sont comme d'autres vérités en dehors du savoir conquérant de l'homme et pourtant donné ou trouvé par la philosophie pour vivre le paradis où c'est Gagarine alors dans la lune et disant j'ai pas vu Dieu.

Bon ok ça montre le niveau de l'athéisme russe mais la question c'est, si nous ne tenons plus ce discours sur les fins dernières, paradis, purgatoire, en faire nous empêchons l'humain de se situer sur par rapport à des questions qu'ils se posent même si on ne peut pas donner de réponse scientifique mais il faut donner réponse à des questions non scientifiques mais qui existent sur la base d'un ensemble de données qui vient de la science. La science interroge, elle donne des résultats, elle relance la quête philosophique, elle relance l'affirmation théologique.

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