Éthique biomédicale
Religion, éthique et médecine bio-technicienne
La médecine occidentale est aujourd’hui confrontée à trois situations nouvelles qui concernent les religions.
D’une part, les patients — mais aussi des médecins et des soignants — viennent d’horizons culturels et religieux divers, et présentent des compréhensions du corps et de la maladie façonnées par leurs représentations religieuses. Cette pluralité colore aussi le débat éthique, car la figure de l’absolu que nous sollicitons dans nos décisions les influence nécessairement.
D’autre part, nombreux sont ceux qui font appel à des thérapeutiques dites « alternatives », confinant à la religion de substitution. Or même si nombre de pays ont décidé d'évacuer le religieux, en prônant un modèle de médecine tenu pour strictement scientifique, il est pourtant toujours présent, souvent sous forme inconsciente. En vérité, l’éthique médicale peut-elle se passer du religieux ? Entre sauvetage et salut, la médecine a toujours conservé des liens étroits avec le religieux.
A cela s’ajoutent les progrès considérables de la médecine bio-technicienne, qui peuvent inciter le médecin à l’hubris, et le patient à attendre de ce dernier qu’il le fasse échapper à ses limites. La loi de 2011 relative à la bioéthique demande au gouvernement un rapport public « portant sur les enjeux éthiques des sciences émergentes, et notamment de la convergence entre les nanotechnologies, les biotechnologies, l’informatique et les sciences cognitives ». Cette convergence pose effectivement des questions morales à travers le projet qui la porte d’augmenter les performances du vivant et notamment de l’humain. Le transhumanisme apparaît comme expression extrême de ce projet sous la forme d’une nouvelle utopie du Bien. La médecine, nécessairement touchée, ne peut se dérober au débat éthique. Sur quelle légitimité fonder les techniques de manipulation du vivant ? Dans quelle mesure ce projet est-il au service de la personne ? Sommes-nous tombés dans une maladie bio-technicienne? Nouvelle naissance, nouvelle mort, nouvelle vie, voire métamorphose de la condition humaine en vue d'une posthumanité sont les produits d'un désir illimité de « santé parfaite » qui a, sur le mode de la transgression, rapport direct au religieux comme aux religions.
Entre sauvetage et salut, la médecine a toujours conservé des liens avec le religieux. Elle en a encore plus, mais négativement, quand elle réduit le second au premier, au point de devenir elle-même religion de substitution. Il ne s’agira pas dans ce séminaire de faire un catalogue des « avis des religions sur l’éthique », mais plutôt, à partir de telle ou telle question d’éthique médicale, de confronter l’éthique aux religions comme au religieux, la distinction entre les deux étant de première importance.
sous la direction de
Les membres du conseil scientifique
La recherche est menée de manière pluridisciplinaire et animée par des personnalités issues de plusieurs institutions.
- Dominique Folscheid
- Jean-Christophe Galloux
- Anne Lécu
- Brice de Malherbe
- Jean-Philippe Metzger
- Monette Vacquin
- Robert Zittoun
- Éric Fiat
- Didier Truchet
Publication éthique biomédicale
Ouvrages des co-directeurs
- La personne humaine en crise : substrats philosophiques de Dominique Folscheid, in La personne en débat, sous la direction de Denis Borel et Jean-Gabriel Goupil de Bouillé, Parole et silence, 2008.
- Médicalité unique, rationalité multiple, de Dominique Folscheid, in Le pluralisme médical en Afrique, sous la direction de Ludovic Lado, PUCACKarthala, 2010.
- À la recherche d’une éthique universelle, dirigé par Brice de Malherbe, « Cahiers du Collège des Bernardins », hors-série, 2011.
- Contrainte économique et médecine, de Michel Geoffroy, « Humanités », 2012.
- Autour de l’affaire Perruche, de Dominique Folscheid, in Mélanges Jerry Sainte-Rose, Bruylant, 2012.
- La critique de la déraison bioéthique, de Dominique Folscheid, in La transcendance de l’homme, Québec, PUL, 2012.
Colloques
- Sciences de la vie et éthique : un débat nécessaire, dirigé par Brice de Malherbe, « Cours, Colloques et Conférences » n° 7, 2009.
- Contraintes économiques et justice dans l’accès aux soins, dirigé par Brice de Malherbe, « Cours, Colloques et Conférences » n° 18, 2011.
- Handicap, handicaps ? Vie normale, vie parfaite, vie handicapée, dirigé par Dominique Folscheid, Brice de Malherbe, Éric Fiat et Florence Leduc, « Cours, Colloques et Conférences » n° 33, 2013.
Avec le soutien de
En partenariat avec
Mercredi 4 juin 2014, de 18h à 20h
Isabelle Blondiaux, Psychiatre des hôpitaux, docteur en philosophie, chercheur associé à l’Institut Hannah Arendt,
La médecine des premiers thérapeutes.
Compte rendu de la séance
Mercredi 21 mai 2014, de 18h à 20h
Jean-René Binet, Professeur de droit privé à l’Université de Franche-Comté, Directeur du Centre de recherches juridiques de l’Université de Franche-Comté
La non disponibilité du corps humain.
Compte rendu de la séance
Mercredi 9 avril 2014, de 18h à 20h
Eric Fiat, Professeur agrégé de philosophie et maître de conférences à Paris Est,
Respect et charité
Compte rendu de la séance
Mercredi 5 mars 2014, de 18h à 20h
Georges Elia Sarfati, Professeur de philosophie et de linguistique à Paris IV, logothérapeute,
Le thème critique du soin de l'âme selon l' Existenzanalyse et la logothérapie de Viktor Frankl.
Compte rendu de la séance
Mercredi 12 février 2014
Hubert Faes,
Après la rationalisation moderne de la médecine et de la morale, quelle éthique ?
Texte intégral de la séance
Mercredi 15 janvier 2014, de 18h à 20h
Olivier Bouchaud, Professeur de médecine à Avicenne, service des maladies infectieuses et tropicales,
L'ethnomédecine : une porte pour redécouvrir la dimension humaine du soin ?
Compte rendu de la séance
Mercredi 18 décembre 2013, de 18h à 20h
Bernadette Bensaude Vincent, Professeur de philosophie à Paris I, directrice du CETCOPRA (Centre d’étude des techniques, des connaissances et des pratiques),
Questions éthiques soulevées par la biologie de synthèse.
Compte rendu de la séance
Mercredi 6 novembre 2013, «Psychothérapie socratico-platonicienne » avec Bertrand Quentin, Maître de conférence en philosophie à Paris Est
Compte rendu de la séance
Mercredi 5 juin 2013, « De la Genèse à la génétique » avec Monette Vacquin, Psychanalyste
Compte rendu de la séance
Mercredi 15 mai 2013, « Les dogmes de la procréatique » avec Benoit Bayle, Psychiatre, docteur en philosophie
Compte rendu de la séance
Mercredi 10 avril 2013, « L’adieu au corps » avec David Le Breton, Professeur à l'Université de Strasbourg, et chercheur au laboratoire Cultures et Sociétés en Europe
Compte rendu de la séance
Mercredi 20 mars 2013, « L’homme nouveau, utopie de la bioéthique » avec Brice de Malherbe, docteur en théologie, co-directeur du département éthique biomédicale au Collège des Bernardins
Compte rendu de la séance
Mercredi 16 janvier 2013, « Hans Jonas : éthique et religion » avec David Smadja, Docteur en science politique et maître de conférences en science politique à l’Université Paris-Est (UPE) Marne-la-Vallée
Compte rendu de la séance
Mercredi 12 décembre 2012, « Technique et éthique » avec Olivier Rey, Chercheur au CNRS, enseignant à l'école polytechnique et à l'université Paris I
Compte rendu de la séance
Mercredi 14 novembre 2012, « Francis Bacon : la nouvelle Atlantide » avec Dominique Folscheid, professeur émérite de philosophie morale et politique à l'Université Paris-Est, co-directeur du département éthique biomédicale au Collège des Bernardins
Compte rendu de la séance
COLLOQUE « TECHNIQUE, PROMESSES ET UTOPIES, OÙ VA LA MÉDECINE ? » - 22 NOVEMBRE 2014
La chirurgie est sans cesse en tension entre sa finalité et son efficacité. Efficacité car c’est un acte particulièrement technique, finalité car elle s’adresse à un être humain dans ce qu’il a de plus cher : son propre corps. L’agir médical en général correspond déjà à une technique très spécifique. Ne fabriquant ni ne modifiant aucun objet, il vise au rétablissement d’un état naturel, la santé. Sa finalité ne pouvant donc être dans l’objet fabriqué, elle ne peut l’être que dans le champ de son activité. Or quel est ce champ, sinon plus qu’un corps fut-il humain, véritablement une personne humaine ? D’autant que, en tant que médecine, la chirurgie comporte une dimension purement empirique qui représente sa principale source de progrès : c’est un artisanat, un bricolage, celui de l’opérer en général, qui vise à généraliser un savoir-faire à partir de l’expérience du particulier (la ligature des vaisseaux au lieu de leur cautérisation par exemple). Mais cette dimension empirique va prendre une importance toute particulière du fait même de son caractère invasif (inter-venir c’est rentrer dans le corps, c’est l’ouvrir).
Compte-rendu du colloque conclusif des 20/21 et 22 novembre 2014
Conférence inaugurale de Didier Sicard, professeur de médecine à l'université Paris Descartes.
La gratuité à l’épreuve des utilisations médicales du corps humain
Médecine académique et médecines complémentaires : le savoir versus le croire ?
Sur les traces du sacré en religion : quelle signification ?