Économie et Société
Entreprises humaines : écologie et philosophies comptables
Associer l’économie et l’écologie pour renouveler les orientations humaines de l’entreprise.
Les philosophies comptables fondent historiquement nos manières de prendre en compte, compter et rendre compte. Elles déterminent ainsi les modalités de cadrage et d’organisation de la décision et de l’action humaine et structurent la manière dont sont pris en considération les dimensions politiques et les enjeux sociaux et environnementaux associés à ces actions.
En dépit de la multiplication des effets secondaires visibles des activités humaines, les entreprises ont des difficultés à s’ajuster aux contraintes imposées par l’écologie. Des difficultés tant du point de vue des transformations internes à conduire qu'en ce qui concerne leur capacité à renouveler leurs relations avec d'autres acteurs des territoires - l'écologie étant comprise ici comme la connaissance des interrelations des humains et non-humains dans leurs milieux de "cohabitation", dans lesquels sont incluses au sens large toutes les conditions d'existence. D’où la nécessité de réfléchir aux représentations et aux dispositifs qui affectent la manière dont sont pensées et organisées les relations entre l’économie, les entreprises humaines et l’écologie.
En considérant les « manières de comptabiliser », ce programme de recherche porte sur l’un des dispositifs et des systèmes de représentations les plus structurants pour les entreprises.
Les travaux visent notamment à :
- Préciser comment les systèmes comptables, parce qu’ils se réfèrent à un univers conceptuel donné, conduisent à des modes particuliers de problématisation. L’explicitation de cette épistémologie comptable ouvre la voie à un renouvellement possible de l’articulation entre l’entreprise et l’écologie ;
- Revenir sur l’histoire et l'anthropologie de la comptabilité pour exhiber la diversité des principes et systèmes comptables en lien avec différents types d’organisation et de préoccupations, notamment en matière d’écologie et de gestion de communs ;
- Conduire une analyse critique des systèmes et normes comptables existants, incluant les IFRS (International Financial Reporting Standards), les propositions actuelles de comptabilité intégrative (comme l'Integrated Reporting IR) mais également des modes de calcul émergents associés à de nouveaux dispositifs de gestion des biens communs environnementaux. Cette analyse permet de cerner les apports, les potentiels et les limites des approches correspondantes ;
- Étudier les capacités de transformation des pratiques des entreprises liées à la mise en œuvre de systèmes comptables alternatifs, potentiellements normalisables, tout en formulant des propositions de tels modèles comptables.
sous la direction de
L’ÉQUIPE DE RECHERCHE - ENTREPRISES HUMAINES
Pilotage de projet
Le projet de recherche est piloté par :
Avec le soutien de :
En partenariat avec
Interview
ENTRETIEN AVEC DÉBORAH FISCHER
Au Collège des Bernardins, l’art et la recherche fonctionnent l’un avec l’autre et non l’un à côté de l’autre. L’artiste plasticienne Deborah Fischer a travaillé un an et demi avec les chercheurs du séminaire « Entreprises humaines : Ecologie et Philosophies Comptables ».
Avec ces « presque rien » elle nous fait comprendre presque tout du défi qui se pose à l’humanité. Quelle trace – au sens propre comme au figuré – souhaite-t-elle laisser ? Son expo « Archéologie du présent » se déroule ce week-end.
Parlez-nous de votre exposition « Archéologie du présent »
Depuis plusieurs années, je m’intéresse aux objets abandonnés dans la rue et à la manière de les transformer grâce à différents processus créatifs. Il me paraissait essentiel de théoriser sur la notion d’« encombrants» et de comprendre les enjeux qui se cachaient derrière les éléments que nous accumulons et que nous jetons. Je souhaitais comptabiliser l’empreinte que nous laissons dans notre environnement à l’échelle de la ville et interroger les différentes manières de catégoriser ce que j’appelle des « presque rien », ces objets insignifiants, parfois dénués d’utilité, mais pourtant encore si vivants.
Avez-vous quelques indices à nous donner sur l’exposition ?
On retrouve du verre coulé ou soufflé dans différents objets collectés. Des cadres servent d’écrin à une série d’objets brodés pour parler de leur pérennité, la trace qu’ils laissent et la difficulté à les faire disparaître. Des empreintes en terre cuite se meuvent et se déplacent. Des socles couleur ardoise élèvent certaines œuvres de façon à créer une distance avec l’accumulation qui nous submerge.
Vous proposez plusieurs lectures aux visiteurs…
« Archéologie du présent » interroge notre manière de percevoir les objets et les usages que l’on en fait. Ainsi, je questionne à la fois leur perte d’utilité, leur valeur et leur pérennité. Dans l’ensemble de ce projet, je révèle les objets devenus invisibles afin de leur donner une nouvelle portée par le prisme de l’art. Puisque le sujet même de la recherche interroge l’accumulation, et donc la multitude, j’ai souhaité employer de nombreux processus de transformation et faire appel à plusieurs savoir-faire pour témoigner de la saturation à laquelle nous faisons actuellement face.
Parlez-nous de votre collaboration avec le séminaire de recherche « Ecologie et philosophies comptables » ?
L’exposition « Archéologie du présent » a été conçu pour le programme de recherche « Entreprises humaines : Ecologie et Philosophies Comptables ». Durant un an et demi, j’ai suivi les séminaires de recherche auprès de chercheurs spécialisés. En participant et en échangeant avec eux, j’ai pu faire évoluer les différents concepts du projet tout en les mettant en parallèle avec les enjeux du programme. Cela a été passionnant de découvrir les liens qu’il existe entre un développement artistique et la construction d’une recherche académique.
Comment l’art plastique et la comptabilité se sont nourris l’un l’autre ?
Tout au long des séminaires, j’ai puisé l’inspiration dans les techniques d’inscription qui servent à catégoriser, à prendre en compte, à compter et à rendre compte. Des liens se sont dessinés, révélés et tissés entre les systèmes comptables, l’écologie et mon appétence pour la collecte des objets.
Avec le soutien de
REFORMULER LES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE L'ÉCONOMIE À LA LUMIÈRE DE LEUR HISTOIRE
Sylvain Piron, directeur d'études à l'EHESS, Chaire Histoire intellectuelle des sociétés médiévales
SUR LA DESTRUCTION, LA PRODUCTION ET LA DISTRIBUTION DES RESSOURCES : UNE PERSPECTIVE COMPTABLE
Paolo Quattrone, professeur et titulaire de la chaire de comptabilité, de gouvernance et d'innovation sociale à la Business School de l'Université d'Edimbourg et codirecteur du Centre de Comptabilité et Société.
LES BIENS COMMUNS DOIVENT-ILS ÊTRE PRIS EN CONSIDÉRATION PAR LES ENTREPRISES ?
Béatrice Parance, professeure agrégée de droit à l'Université Paris Lumières - Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, Centre de recherches juridiques
POUR UNE CRITIQUE ANTHROPOLOGIQUE DE LA CRÉATION DE VALEUR
Fabian Muniesa, directeur de recherche, Centre de sociologie de l'innovation, Mines ParisTech, Université Paris Sciences et Lettres
LA COMPTABILITÉ AU SERVICE DE LA DÉCROISSANCE
Bernard Christophe, professeur émérite en sciences de gestion à l’Université de Picardie Jules Verne
COMPTABILITÉ POUR L'ÉCOLOGIE : NÉGOCIER LES LIMITES, LES ENTITÉS ET LES RESPONSABILITÉS DANS L'ANTHROPOCÈNE
Colin Dey, maître de conférence à l'University of Stirling et Shona Russell, maître de conférences à l'University of St Andrews
CARE (COMPREHENSIVE ACCOUNTING IN RESPECT OF ECOLOGY)
Alexandre Rambaud, Maître de conférences à AgroParisTech-CIRED, chercheur associé à l'Université Paris-Dauphine
Comment concevoir une comptabilité intégrée organisationnelle alignée sur l’économie réelle et les enjeux écologiques scientifiques ?
COMPTABILITÉS DE GESTION ÉCOSYSTÈME-CENTRÉES
Clément Feger, Maître de conférence à Agro ParisTech-MRM (Université de Montpellier - MBS)
Comment penser et concevoir des comptabilités dédiées à la prise en charge collective de préoccupations écologiques ?
UNE APPROCHE SYSTÉMIQUE DE L'IMMATÉRIALITÉ
Véronique Blum, maître de conférences HDR, Université Grenoble Alpes
LE PASSIF ENVIRONNEMENTAL DE L’ENTREPRISE, PERSPECTIVES JURIDIQUES
Jennifer Bardy, maître de conférences en Droit privé, GREDEG, Université Nice Côte d’Azur
ÉCOLOGIE ET PHILOSOPHIES COMPTABLES
Ce colloque, qui vient conclure un séminaire de recherche du Collège des Bernardins, en partenariat avec l'université AgroParisTech, invite à s’intéresser à l’écologie et aux philosophies comptables. Ces dernières peuvent structurer la manière dont les entreprises prennent en considération les enjeux sociaux et environnementaux.
Comptabilité, philosophies et écologie. Ces mots semblent s’opposer et pourtant, tout les rapproche.
L’écologie exige que nous ré-interrogions nos relations au monde, et que nous posions les bases de nouvelles formes d’organisations et d’entreprises humaines. Or comment concevoir, construire, cadrer, l’action humaine ? C’est justement le rôle dévolu à la comptabilité depuis les débuts des civilisations et que l’on retrouve dans nos systèmes organisationnels modernes.
Durant trois années, une équipe multi-disciplinaire de recherche (gestionnaires, économistes, philosophes, écologues, juristes, anthropologues, etc.), issue d’institutions académiques, françaises et britanniques, et de la société civile, en collaboration avec des artistes, s’est ainsi emparée de questions : quelle écologisation de la comptabilité au service de quel projet de société écologique ? Quels enjeux pour penser autrement la comptabilité mais aussi l’écologie ? Que veut dire prendre au sérieux la piste de la comptabilité, comme véritable système philosophique de l’action humaine, au niveau des entreprises et des écosystèmes, pour aborder les questions écologiques ? Et quelles dérives potentielles ?
Ce colloque sera l'occasion de conclure et présenter une synthèse de ce programme. Le programme de recherche a été accompagné par des projets artistiques, menés par Julien Avril et la Compagnie Enascor et par Deborah Fischer. Deux œuvres de ces artistes conçues à l’occasion du programme de recherche ont apporté leur regard sur les réflexions de ce colloque.
Ce colloque est dirigé par les co-directeurs du séminaire de recherche Entreprises humaines : écologie et philosophies comptables du Collège des Bernardins :
- Clément Feger, maître de conférences en Gestion environnementale à AgroParisTech, chercheur à l’Université de Montpellier-MRM (Montpellier Recherche en Management), co-directeur scientifique de la Chaire Comptabilité écologique
- Alexandre Rambaud, maître de conférences en Sciences de gestion à AgroParisTech-CIRED (Centre de Recherche International sur l’Environnement et le Développement), chercheur associé à l’Université Paris Dauphine, co-directeur & Co-directeur scientifique de la Chaire Comptabilité écologique
- P. Baudoin Roger, théologien, Collège des Bernardins
(Re)vivez la journée académique en vidéo
VENDREDI 2 DÉCEMBRE 2022
Restitution des travaux de l’équipe de recherche multidisciplinaire, composée d’une trentaine de membres, qui ont eu lieu de Décembre 2019 à Juillet 2022.
OUVERTURE
P. Olric de Gélis, théologien, directeur du Pôle de Recherche du Collège des Bernardins
Voir la vidéo
INTRODUCTION ET PRÉSENTATION GÉNÉRALE DU PROGRAMME DE RECHERCHE ENTREPRISES HUMAINES : ÉCOLOGIE ET PHILOSOPHIES COMPTABLES
Clément Feger, co-directeur du programme de recherche & co-directeur du département Économie et Société du Collège des Bernardins, maître de conférences en Gestion environnementale à AgroParisTech
Alexandre Rambaud, co-directeur du programme de recherche & Co-directeur du Département Économie et Société du Collège des Bernardins, maître de conférences en Sciences de Gestion à AgroParisTech
REPENSER LES ENTREPRISES HUMAINES FACE À LA CRISE ÉCOLOGIQUE : QUELS ENJEUX (COMPTABLES) ?
Matthieu Delabie, adjoint Chef de Service / Management des projets transverses, chargé des thématiques Biodiversité & Finance, Innovation et Recherche, Office Français de la Biodiversité (OFB)
Clément Morlat, socio-économiste, directeur exécutif du Cercle des Comptables Environnementaux et Sociaux (CERCES), coordinateur scientifique de la Chaire Comptabilité Ecologique
Julien Avril et la Compagnie Enascor
REGARDS SUR LES COMPTABILITÉS « VERTES » ACTUELLES : PROPOSITION D’UNE GRILLE D’ANALYSE CRITIQUE
Véronique Blum, maîtresse de conférences en Sciences de Gestion, Université Grenoble Alpes
Shona Russell, Senior lecturer à la School of Management, Université de Saint Andrews (GB), co-directrice du Center for Social & Environmental Accounting Research (CSEAR)
TRANSITION THÉÂTRALE
Par Julien Avril et la Compagnie Enascor
LES COMPTABILITÉS DANS L’HISTOIRE : FOCUS SUR LES DIMENSIONS ANTHROPOLOGIQUES D’UNE PRATIQUE ANCIENNE
Yulia Altukhova-Nys, maîtresse de conférences en Sciences de Gestion, Université de Reims Champagne-Ardenne
Alexandre Gaudin, socio-anthropologue, ingénieur de Recherche à AgroParisTech, chercheur associé à l’UMR SENS (Savoirs, Environnement, Sociétés)
TRANSITION THÉÂTRALE
Par Julien Avril et la Compagnie Enascor
DES FONDEMENTS DE LA COMPTABILITÉ À SA RÉORIENTATION VERS UN PROJET DE SOCIÉTÉ ÉCOLOGIQUE
Jennifer Bardy, maîtresse de conférences en Droit privé, Université Nice Côte d’Azur
Clément Carn, maître de conférences en Sciences de gestion, Université Paris Dauphine et Denis Couvet, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle, Président de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité
TRANSITION THÉÂTRALE
Par Julien Avril et la Compagnie Enascor
QUELLES MÉTHODES COMPTABLES POUR DES ENTREPRISES HUMAINES ÉCOLOGIQUES ? PROPOSITION D’ARTICULATION ENTRE CARE (COMPREHENSIVE ACCOUNTING IN RESPECT OF ECOLOGY) ET LA « COMPTABILITÉ ECOSYSTÈME-CENTRÉE »
Clément Feger
Alexandre Rambaud
CONCLUSION
Hervé Gbégo, président du Comité « Normalisation extra-financière et RSE » au Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables (CNOEC)
(Re)vivez la table ronde en vidéo
SAMEDI 3 DÉCEMBRE 2022
OUVERTURE
P. Baudoin Roger, théologien, co-directeur du programme de recherche, Département Économie et Société du Collège des Bernardins
PRÉSENTATION DES RÉSULTATS DU PROGRAMME DE RECHERCHE
Clément Feger, co-directeur du programme de recherche & co-directeur du département Économie et Société du Collège des Bernardins, maître de conférences en Gestion environnementale à AgroParisTech, chercheur à l’Université de Montpellier-MRM (Montpellier Recherche en Management), co-directeur scientifique de la Chaire Comptabilité écologique
Alexandre Rambaud, co-directeur du programme de recherche & Co-directeur du Département Économie et Société du Collège des Bernardins, maître de conférences en Sciences de Gestion à AgroParisTech-CIRED (Centre de Recherche International sur l’Environnement et le Développement), chercheur associé à l’Université Paris Dauphine, co-directeur & Co-directeur scientifique de la Chaire Comptabilité écologique
TRANSITION THÉÂTRALE
Par Julien Avril et la Compagnie Enascor
TABLE RONDE
Animation : Jérôme Bonaldi, journaliste
Fabrice Bonnifet, président du Collège des Directeurs Développement Durable (C3D)
Pascal Durand, député Parlement Européen (Groupe Renew Europe)
Hervé Gbégo, président du Comité « Normalisation extra-financière et RSE » au Conseil National de l’Ordre des Experts-Comptables (CNOEC)
Ciprian Ionescu, responsable « Capital Naturel » du WWF France
Ute Meyenberg, secrétaire nationale CFDT Cadres, Vice-présidente d'EUROCADRES
Diane Simiu, adjointe du Commissaire Général au développement durable au Ministère de la transition écologique
(Ré)coutez le colloque en anglais
Exposition : Archéologie du présent. D. Fischer
À travers le programme de recherche du Collège des Bernardins Entreprises humaines : Écologie et philosophies comptables, l’artiste Deborah Fischer tente d’interroger différentes manières de comptabiliser l’empreinte que nous laissons dans notre environnement. Ainsi, elle met en place une « archéologie du présent » à partir d’objets collectés dans la rue, et transformés par différents processus créatifs.
Ce projet a pour objectif de mettre en exergue notre rapport aux objets en questionnant à la fois leur valeur, leur perte d’utilité, leur potentiel esthétique et leur pérennité. Ces objets abandonnés, juste au coin d’une poubelle ou à l’angle d’une rue, sont laissés là, résignés. Sans statut, parfois inclassables. Que sont-ils ? Ils témoignent du désir d’accumulation dans lequel l’Homme s’est enfermé et de son besoin de s’en libérer.
Deborah Fischer est diplômée de l’ENSAAMA en Design Textile et de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. Depuis plusieurs années, elle collecte des « presque rien », ces éléments qui ont perdu leur utilité mais qui gardent en eux une charge plastique et émotionnelle. À travers cette démarche, il y a un questionnement autour de l’environnement, de la trace qu’on y laisse. (Petit auditorium du Collège des Bernardins)