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Les humanités environnementales

Cette nouvelle recherche s’inscrit dans la continuité de la Chaire de recherche du Collège des Bernardins, Laudato si’. Pour une nouvelle exploration de la Terre (septembre 2020-mai 2024). Les travaux de l’équipe de recherche portent notamment sur une conviction des chercheurs que la question écologique requiert d’être à nouveau temporalisée. La temporalisation de l'écologie est une manière de réfléchir aux processus de transformation des sociétés, d'aujourd’hui et de demain. Les enjeux écologiques engageant tous les acteurs de la société, la recherche se positionne sur une approche multidimensionnelle des enjeux. Ainsi, la recherche fondamentale associe un dispositif de plusieurs volets, pratiques et de terrain.

La chaire de recherche du Collège des Bernardins, confiée au professeur Grégory Quenet, historien de l’environnement, a été accompagnée par de nombreux chercheurs, dont certains de grand renom (Bruno Latour, François Hartog, Philippe Descola, Dipesh Chakrabarty, Jérôme Gaillardet…).

Suite à la chaire, l’équipe de recherche s’intéresse à la question d’une écologie temporalisée. En effet, lorsqu’ils partent d’une écologie spatialisée (par exemple, dans l’écologie de la conservation), les modèles classiques peinent à envisager le temps des transformations nécessaires et échouent à mobiliser durablement les acteurs de la société civile. C’est pourquoi, la question écologique requiert d’être à nouveau temporalisée. Élaborer les outils qui permettent de penser de façon articulée l’hétérogénéité des processus et des temporalités qui leurs sont propres, est un des objectifs de ce séminaire en recherche fondamentale. Pour ce faire, il recourt à une multitude d’expertise issues des sciences humaines (histoire, anthropologie, sociologie, économie…), des sciences positives (climatologie, earth system science, paléogénomique, etc.), de la philosophie et de la théologie. Avec l’approche multidimensionnelle des enjeux, il s’agit, en définitive, d’élaborer un horizon de projection qui puisse mobiliser les acteurs sur les transformations d’aujourd’hui et de demain.

TROIS AXES DE RECHERCHE :

- une recherche fondamentale

- une recherche sur la question de l'architecture

- une recherche sur l'alimentation et la santé

CONVICTION DE L'ÉQUIPE DE RECHERCHE :

L’équipe de recherche est convaincue que, pour être féconde, la recherche fondamentale doit se penser en rapport avec des pratiques de terrain :     

- Organiser des « visites de terrain »

En allant sur le terrain les chercheurs se confrontent à la réalité locale des mutations écologiques, et de leurs implications économiques, techno-administratives ou politiques. Cette méthode contribue à renouveler la façon de penser qui, sans avoir peur de s’affronter aux questions théoriques, assume les dimensions de l’expérience et de la description.

- Travailler avec des praticiens pour permettre d’éprouver la solidité des travaux de recherche

Un des angles de la recherche porte sur les bâtiments, l’architecture, les acteurs du bâtiment, en collaboration avec les architectes (pôle EVA :Environnement-Ville-Architecture) et les propriétaires de monuments anciens (La Demeure Historique). Comment bâtir aujourd’hui et comment hériter des formes anciennes, pour habiter le territoire de manière durable ? Au croisement de ces domaines se nouent des enjeux écologiques, où il s’agit de mieux prendre en compte certains existants et leurs temporalités jusqu’ici invisibilisés. En mettant en oeuvre la méthodologie des visites de terrain, l’équipe de recherche souhaite proposer en outre une bifurcation capable d’influencer la maîtrise d’œuvre ainsi que la gestion des propriétés.

- Élaborer des dispositifs de transformation collective

Suite à la création des Ateliers Où Atterrir de Bruno Latour, qui s’inspirait d’une pratique ancienne en vigueur jusqu’à la fin du XIXe siècle, une équipe d’anthropologue, de sociologue et théologien ont mis au point au Collège des Bernardins un dispositif aidant à décrire la transformation des conditions d’existence. Il est déployé dans plusieurs milieux, associatifs et d’entreprise, où il offre une approche plus expérientielle des enjeux écologiques, voire de RSE.

- Recourir à d’autres médium de perception et de réflexion à travers les arts

Un Festival du Cinéma « Manière d’Habiter la Terre », annuel, en partenariat avec le Nouvel Odéon, co-créé par Jean-Michel Frodon et Grégory Quénet, propose le cinéma comme dispositif de saisie du réel et de ses transformations, sans résoudre les contradictions, mais en les donnant à voir. Chaque projection est accompagnée d’un débat. En outre, le travail avec des artistes comme Vincent Chevillon ou Laurent Grasso a été central pour la Chaire Laudato si’. Ces expositions ont ouvert des possibilités de conversation avec des artistes qui travaillent sur ce qui n’est pas encore conceptualisé ni conceptualisable, au plus près de l’insensibilité écologique.

Le département promeut également d’autres projets :

 - Un travail en cours avec les musées (le Louvre, Musée Carnavalet) autour de différents supports (livre, commissariat d’exposition) : temporaliser l’écologie oblige à hériter des formes matérielles de l’Anthropocène, plutôt que de promouvoir une politique de la table rase et de la destruction, qui a un coût matériel et écologique insoutenable pour la planète. Le travail que Grégory Quenet a fait pour Versailles et pour le Louvre est en cours de réalisation pour d’autres lieux.

- Un travail autour de la notion de prospérité. Plutôt que de renoncer à la croissance, ou de renoncer tout court, il s’agit de travailler sur un chemin qui redéfinisse la richesse sur la base de la prospérité. Cet axe du projet, encore en cours d’élaboration, s’intéresse à la création d’indicateurs prenant en compte une notion étendue de la durée et de la création de valeur sociale étendue aux non-humains. Le cas de l’alimentation est exemplaire, car les prix externalisent le coût sur la santé et l’environnement.

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Département
Période
2024-2026
statut
2024-2026
EN COURS
terminé

sous la direction de

CONSEIL SCIENTIFIQUE

Grégory Quenet, professeur des Universités en histoire environnementale, Université UVSQ-Paris-Saclay, directeur du département Les humanités environnementales du Collège des Bernardins

Jean-Michel Frodon, professeur associé à Sciences Po, journaliste, critique de cinéma

Jérôme Gaillardet, professeur à l’Institut de Physique du Globe (Paris), coordinateur national du réseau de drainage des bassins, chargé de mission à l’Institut des Sciences de l’Univers, membre senior de l’Institut Universitaire de France

Olric de Gélis, professeur-docteur en théologie, directeur du Pôle de recherche, Collège des Bernardins

François Hartog, directeur d’études émérite, EHESS

Frédéric Louzeau, docteur en théologie

Philippe Pignarre, essayiste et directeur de la collection, Les Empêcheurs de tourner en rond, aux éditions de La Découverte

PARTENAIRES

-       La Demeure Historique - En savoir plus

-       Cinéma, Le Nouvel Odéon - En savoir plus

-       Pôle EVA - En savoir plus - Work In Progress

-       PUCE - En savoir plus -Work In Progress

ORIGINALITÉ ET VALEUR AJOUTÉE

L'originalité de cette recherche est double :

- En marge du monde universitaire et de ses contraintes administratives et politiques, le département de recherche est en mesure de viser une excellence scientifique en jouissant d’une énorme liberté dans le choix des objets à investiguer, des disciplines à y investir (incluant la théologie et les aspects spirituels des mutations écologiques), et des expériences de recherche à inventer (visites de terrain, travail avec des artistes et des praticiens, etc.). La modalité de la recherche, ancrée dans le dialogue, a élaboré ses propres outils d’interdisciplinarité dont l’efficacité a déjà été mesurée et saluée.

- Alors que l’immense majorité des études en écologie et des préconisations s’attachent à un modèle spatial (des espaces à défendre contre l’agression climatique), le projet de recherche affronte la question de la transformation et de sa durée, ainsi que des moyens de susciter l’adhésion persévérante des acteurs.

PORTÉE EUROPÉENNE ET INTERNATIONALE

La portée du projet est d’abord nationale, en métropole et en outre-mer(notamment, avec l’École Nationale d’Architecture de la Réunion). Des partenariats sont envisagés avec la PUCE, l’Université Catholique Pontificale de Quito (Équateur), et d’autres pourront être investigués à l’avenir.

LE PROGRAMME

16-20 septembre 2024 

Visite de terrain, Douarnenez

16 octobre 2024

Les transformations environnementales du territoire

Intervenant : Rémi Grisal, doctorant en histoire contemporaine, Aix-Marseille Université

13 novembre 2025

(Titre à confirmer)

Grégory Quenet, historien de l'environnement

11 décembre 2025

L’écoféminisme à partir du livre d’Émilie Hache, De la génération, La Découverte, Janvier 2024

Intervenantes : Émilie Hache, philosophe, maître de conférences, Université Paris Nanterre et Anne-Sophie Breitwiller, docteur en sociologie et théologienne, Institut Catholique de Paris

8 janvier 2025

Penser un monde sans ressources

Intervenant : Mathieu Arnoux, professeur, Université Paris-Cité, Laboratoire Interdisciplinaire des Énergies de Demain (LIED)

5 février 2025

Autour de leur livre Le soin des choses, La Découverte, 2022

Intervenants: Jérôme Denis, enseignant chercheur, Centre de sociologie de l'innovation, Université Mines ParisTech et David Pontille, directeur de recherche, CNRS

5 mars 2025

(Titre à confirmer)

Intervenante, Charlotte Brives, directrice de recherche, CNRS

2 avril 2025

(Titre à confirmer)

Intervenant : Johann Chapoutot, professeur d’histoire, Sorbonne Université

30 avril 2025

(Titre à confirmer)

Intervenants : Gonzague Le Bigot et Gilles Chevalier, Groupe Theos

28 mai 2025

(Titre et intervenant à confirmer)

25 juin 2025

Présentation de son livre, La contraction démocratique, écologie et démocratie

Intervenant : Bruno Villalba, professeur des Universités de Science politique, Université AgroParisTech