Économie et Société
Le travail approprié
En prenant pour point de mire la notion de travail approprié et en exploitant les richesses de la polysémie de cet adjectif, l’équipe de recherche de ce séminaire interroge les formes de désappropriation du travail, les facteurs d’appropriation du travail par celui qui le réalise (travail soutenable, organisation du travail, définition de son contenu, de sa qualité), et les conditions d’une réappropriation de soi par le travail (travail à soi, construction de soi, sens au travail).
Les objectifs de la recherche :
- proposer les évolutions visant à faciliter la transition vers un travail approprié, concernant notamment le droit, la gouvernance, le management, la gestion, l’organisation...
- faire émerger tant des perspectives d’humanisation du travail que des modalités ou leviers de mise en pratique de cette transformation du travail.
Le séminaire a ainsi pour but de produire des idées et propositions susceptibles d'être reprises par les décideurs politiques, économiques et syndicaux concernés.
Le travail connaît un regain d’attention. Depuis une vingtaine d’années, les conditions de travail, l’organisation du travail, la qualité des emplois occupent une place croissante dans la recherche. Travail de plateforme, télétravail, travail du care, quête de sens, reconnaissance du travail “essentiel”, intelligence artificielle, attrait des communs et coopératives, travail des jeunes ou des seniors… Autant de domaines largement étudiés qui témoignent des signes de bouleversements des rapports au travail dans nos systèmes productifs. Le débat public, syndical et politique s’est également emparé de ces transformations du travail et du rapport au travail.
Par ailleurs, les expérimentations se multiplient autour d’un travail libre et de nouveaux modes de coopération. Elles invitent à se demander comment retrouver une capacité d’agir sur le travail, individuellement et collectivement.
Pourtant, la recherche académique et les innovations dans le monde du travail ne trouvent qu’un faible écho auprès des acteurs. Les recettes managériales, de développement personnel et d'évaluation psychologique font florès alors que leur pertinence scientifique est plus que contestée. Les maux du travail sont toujours plus nombreux. Le morcellement des collectifs de travail se poursuit, les formes de contrôle du travail se sont individualisées et quantifiées, mesurant les temps, les gestes, les tâches et les « clics », à un niveau que l’intelligence artificielle promet encore de démultiplier. Le travail continue à s'intensifier, qu’il soit codifié et prescrit ou tendu vers l’innovation, l’autonomie et l’implication.
Alors que nos sociétés font face à une transition écologique et numérique, le travail ne trouve pas sa propre transition. Les employeurs en prennent du reste conscience, notamment au travers des questionnements qui leur remontent sur le sens et l’utilité du travail et des difficultés qu’ils ressentent à recruter, fidéliser et mobiliser leurs équipes.
Ces réflexions et difficultés suggèrent un besoin de réappropriation du travail, tant dans ses finalités que dans l’activité concrète.
Eva Illouz, directrice d'études, EHESS
Antoine Lyon-Caen, professeur émérite, Université de Paris Ouest Nanterre La Défense
Pierre Musso, professeur honoraire, Télécom Paris
Blanche Segrestin, professeur, Mines ParisTech-PSL
Jean Agulhon, directeur général adjoint en charge des ressources humaines du groupe RATP
Karima Aitoufellah, directrice de cabinet, CFE-CGC
Bertrand Ballarin, ancien officier -armée de terre, puis directeur d'usines et responsable des relations sociales, Groupe Michelin
Marc-Éric Bobillier Chaumon, professeur, titulaire de Chaire de Psychologie du travail, Cnam - Laboratoire CRTD
Valérie Boussard, professeur de sociologie, directrice de l'IDHES
Grégor Bouville, professeur des Universités en Sciences de Gestion, Université Jean Moulin Lyon 3
Édouard Chamblay, doctorant en sociologie, CNAM/Lise
Bruno Clément-Ziza, directeur -Association française des entreprises privées
Mathieu Detchessahar, professeur des Universités, Institut d'Administration des Entreprises (IAE), Université de Nantes
Claude Didry, sociologue, CNRS-Centre Maurice Halbwachs
Claire Edey Gamassou, enseignante-chercheure en sciences de gestion, Université Paris-Est Créteil
Pierre Falzon, professeur émérite, Cnam-Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD)
Olivier Favereau, professeur émérite de sciences économiques, Université Paris Nanterre
Franck Fischbach, directeur du Master de philosophie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Corinne Gaudart, directrice de recherche, CNRS, LISE UMR 3320 et membre du GIS CREAPT
Pierre-Yves Gomez, professeur émérite, EM Lyon Business School, fondateur de l'Institut Français de Gouvernement des Entreprises (IFGE), EM Lyon/IFGE
Haud Guéguen-Porcher, MCF HDR en philosophie au Cnam, EPN 13, équipe "Sciences sociales du travail". Membre du Laboratoire CRTD, Cnam, et membre associée du Laboratoire Sophiapol, Université Paris-Nanterre
Philippe Jean, ancien responsable, Pôle National de Droit Social, Groupe EDF; ancien co-directeur, Master Droit social et gestion des RH, Université Paris Nanterre
Lucie Jubert-Tomasso, maîtresse de conférences en droit privé, Université de Rennes
Maroussia Krawec, secrétaire Confédérale, CFDT
Frédéric Laloue, haut fonctionnaire
Laurence Matthys, chargée de missions, CFE-CGC
Sylvie Monchatre, sociologue, Université Lumière Lyon2, Institut d'Études du travail de Lyon, Centre Max Weber
Charles Parmentier, secrétaire confédéral en charge des transformations du travail, CFDT
Muriel Prévot-Carpentier, maîtresse de conférences en ergonomie, Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
Nicolas Sandret, médecin du travail, expert, Hôpital intercommunal de Créteil
Thibault de Tersant, DGA, Dassault Systèmes
Mariame Tighanimine, doctorante en sociologie au Lise, Cnam-CNRS
Stéphane Vernac, professeur de droit privé, Université Jean Monnet Saint-Etienne
Florence Weber, professeure, École normale supérieure-PSL/Centre Maurice Halbwachs
Le séminaire comprendra des séances plénières (dix demi-journées par an) et, éventuellement, des ateliers de travail.
À l’issue du programme, un colloque conclusif sera organisé au Collège des Bernardins. Il comprendra :
- une partie académique où seront présentées et discutées les conclusions et propositions émanant des recherches
- une partie présentation et discussion avec des acteurs responsables de la société civile
Les responsables scientifiques du programme produiront en outre un document de synthèse (~120 pages) dont la publication visera à porter les travaux à la connaissance des acteurs concernés (responsables politiques, économiques, syndicaux, etc.).
19 septembre 2024
Quelles technologies soutenables pour un travail approprié ? Vers une clinique des usages
Intervenant : Marc-Éric Bobillier Chaumon, psychologue du travail, professeur titulaire de la Chaire de psychologie du travail au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
L’intervenant a abordé trois grands axes, invitant à mener une réflexion sur ce que peut être un “travail médiatisé approprié” qui considère l’individu comme un acteur indispensable dans la conception d’une telle réflexion. Pour ce faire, M-E. Bobillier Chaumon suggère d’interroger la fonction des technologies de médiation, et de les envisager comme des instruments potentiels du développement de l’activité et donc, des “technologies soutenables”. Il s’intéresse ainsi à leurs effets sur la qualité du travail et sur la qualité de vie au travail. M-E. Bobillier Chaumon préconise également de penser les conditions d’acceptation de ces technologies via la notion d’"acceptation située”. Toute son approche s’inscrit dans la perspective d’une “clinique des usages” et plus globalement dans le cas d’une clinique du travail au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).
Recherche en partenariat avec le CNRS